B comme business, bipolaire ou bonheur ?


Par Amel
Djait Belkaid

bipolaire1.jpgDepuis
que j’ai repris du service, j’arpente les couloirs de l’administration,
titille les copains dans l’entreprenariat «super big boss» ou encore
«patron en herbe», papote avec les uns, provoque les autres,… fais mon
boulot de journaliste, quoi !

 

Je suis frappée par la lassitude générale. Tout le monde est fatigué,
stressé, en baisse d’énergie, démotivé, ou à l’opposé, carrément hystérique,
remonté à bloc, fougueux…

 

A part le changement des équinoxes, le réchauffement climatique,
l’agressivité ambiante, la joie des gros contrats, les vagues à l’âme des
chagrins d’amour et la précarité d’une bonne santé jamais acquise, qu’est-ce
qui pourrait provoquer un moral en dents de scie ?

 

Déjà accusé de «faire le psy de service», n’étant qu’une modeste
journaliste en rodage, je me demande si le fait d’osciller ses jours, entre
l’allégresse et le dynamisme et les jours sans, avec un moral au plus bas
accompagné de découragements, coup de blues, est pathologique, courant ou
chronique chez ceux que je rencontre ?

 

Passer d’un état d’excitation à un état dépressif pourrait bien être un
trouble bipolaire. Rassurez-vous, nous le sommes tous d’une certaine manière
!

 

C’est l’intensité, la durée des hauts et des bas, le fait qu’ils soient
cycliques, réguliers, avec ou sans raisons particulières, qu’il faut
contrôler. Dans la phase «ascendante», les émotions sont décuplées. Les
tabous sautent, les énergies débordent, les idées de grandeur
professionnelle s’installent. Un grand moment de prise de risque et
d’hyperémotivité. Quand c’est la période creuse et vague à l’âme, c’est
l’accablement, le repli sur soi, la léthargie, et le désintérêt qui priment.

 

Tous les âges sont concernés, avec plus de vulnérabilité chez les artistes
et les décideurs qui semblent dix fois plus touchés, selon une étude faite
outre mer. Le stress en est la principale cause. 30% des phases «down»
apparaîtraient après un surmenage, des ennuis financiers, ou une grosse
émotion. En gros, une maladie qui se soigne, mais ne comptez pas sur moi
pour vous insuffler les traitements, je ne suis pas médecin non plus.

 

Et si vous vous penchiez du côté de votre quête du meilleur! Meilleur
business, meilleur bonheur, meilleur du meilleur ? …

 

«Apprécier ce que l’on possède est, dit-on, la clé du bonheur». Cette
vieille sagesse universelle nous fait voir les racines de nos insatiables
quêtes. En vouloir toujours un peu plus emprisonne les gens dans un
perpétuel cercle vicieux. Plusieurs pensent que le petit peu qui leur
manque est la clé de leur bonheur. Ils sont persuadés que leur vie sera
alors grandement améliorée et qu’ils seront enfin satisfaits.

 

C’est désormais prouvé, le bonheur prolonge l’espérance de vie !
Les optimistes présenteraient moins de risque de décéder d’une maladie
cardiovasculaire que les pessimistes et autres grincheux. Ne parlons même
pas des bipolaires. Une équipe néerlandaise a demandé à 900 personnes de
commenter leur état de santé physique, psychologique, relations sociales…
Ils ont démontré que celles qui affichaient un optimisme sans bornes,
présentaient 23% de risque en moins de décéder d’une maladie que les
pessimistes !
Donc, souriez, vous vivrez plus longtemps !

 

Le bonheur est l’aspiration première du genre humain. Pourquoi ne
mériterait-elle pas un jour, rien qu’à elle dans les calendriers, aux côtés
des journées sans tabac, sans voiture, sans achats… Un groupe le revendique,
soumettant un manifeste pour la création d’une journée officielle du bonheur
? Obtenant plus de 6.500 signataires en deux trois mois et près de 3.500
membres sur Facebook en quelques jours, cette quête du bonheur est insufflée
par une «poignée d’utopistes réalistes» qui décide de porter l’idée à
l’attention du plus grand nombre faisant preuve d’imagination dans des
actions un peu fofolles.

 

Sur le coup, on se dit pourquoi pas, c’est marrant… Surtout les jours de
coup de blues !

On va voir le site et le projet Bonheur, se transforme une quête de business
de mauvais goût. Avec la part belle aux tees shirt imprimés, aux logos des
sponsors, aux dossiers de presses pompeux et à la définition du bonheur
selon un voyagiste de renom cette opération se révèle être une leçon de
communication.

 

On y croyait pourtant, le bonheur, ne veut-il pas dire étymologiquement
bonne fortune ?

Certains ne l’oublient jamais. Au risque de devenir bipolaire chronique,
même quand ils sont au plus bas ils profitent avec acharnement.

 

Finalement, le bonheur ne serait-il pas le meilleur des business?