Alitalia : la réunion avec les syndicats agitée par les propos de Berlusconi

 
 
[20/03/2008 20:09:00] ROME (AFP) ATTENTION – ajoute communiqué syndicats après réunion ///

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Silvio Berlusconi, lors d’un meeting à Rome, le 15 mars 2008 (Photo : Andreas Solaro)

Les
déclarations de Silvio Berlusconi, relançant
l’hypothèse d’une solution italienne pour sauver
Alitalia, ont avivé les tensions jeudi, alors que la
direction de la compagnie aérienne, en pleine
négociation de rachat avec Air France-KLM, a reçu
des syndicats mécontents.

Le dossier Alitalia s’est encore compliqué avec
l’intervention mercredi de Silvio Berlusconi — grand favori
des législatives d’avril –, qui a jugé
“inacceptables” les négociations exclusives
ouvertes avec Air France-KLM.

Le chef de la droite a prôné une solution italienne
pour la reprise du transporteur national qui se trouve au
bord de la faillite, lançant l’idée d’une
association entre ses enfants et l’Italien Air One. L’offre
d’Air One a été rejetée il y a plusieurs
semaines par le gouvernement de Romano Prodi au profit de
celle d’Air France.

“Ces déclarations sont irresponsables pour une
personne qui prétend gouverner”, a réagi le
ministre du Développement économique, Pierluigi Bersani.

“Si quelqu’un est intéressé par Alitalia, qu’il
fasse dans les meilleurs délais une offre formelle et
concrète”, a déclaré le ministre des
Finances Tommaso Padoa-Schioppa.

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Fiches techniques des compagnies Air France/KLM et Alitalia

M.
Berlusconi a estimé jeudi que l’offre du
franco-néerlandais était “arrogante”,
affirmant avoir demandé au gouvernement de Romano Prodi
un “prêt relais”, le temps de réunir des
investisseurs italiens.

“En pleine campagne électorale, agiter l’argument de
+l’italianité+ est toujours payant. Le problème,
c’est que cette fantomatique solution italienne, jetée
régulièrement sur le devant de la scène, ne
s’est jamais matérialisée,” a
déclaré à l’AFP l’économiste Tito Boeri,
rappelant que “le chiffre d’affaires d’Air One est
inférieur au déficit d’Alitalia”.

“Si les deux compagnies devaient fusionner, on se
retrouverait au point de départ dans un an”, a-t-il
conclu, soulignant qu’Alitalia “a déjà
coûté 15 milliards d’euros aux contribuables
italiens depuis 15 ans”.

Pour la plupart des observateurs, il ne reste que deux
solutions pour Alitalia: sa mise en faillite ou sa reprise
par Air France-KLM.

Les syndicats, qui ont été reçus jeudi par la
direction d’Alitalia, ont fait part dans un communiqué
publié à l’issue de cette réunion de leur
“disponibilité” à poursuivre les
discussions sur l’avenir d’Alitalia mais exigent “une
approche différente” d’Air France-KLM,
dénonçant une nouvelle fois “le diktat” du
groupe franco-néerlandais.

Le patron d’Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta, a pourtant
averti mercredi à Rome que les marges pour une
renégociation de son projet de rachat étaient “inexistantes”.

De son côté, le président d’Alitalia Maurizio
Prato a assuré jeudi que l’offre d’Air France-KLM
était “solide”, selon des sources syndicales.
Il a aussi fait comprendre aux syndicats que la proposition
était “à prendre ou à laisser”, selon
les mêmes sources.

Une nouvelle rencontre entre les syndicats et la direction
d’Air France-KLM est programmée pour mardi, alors que
M. Spinetta attend une réponse avant le 31 mars.

Le leader de la confédération Cgil, majoritaire
chez Alitalia, Guglielmo Epifani a qualifié la
proposition de rachat de “chantage”, dans une
interview publiée jeudi par le Corriere della Sera.

Il a également estimé qu’il serait “logique de
faire un accord quand nous aurons un nouveau
gouvernement” après les législatives des 13-14 avril.

 20/03/2008 20:09:00 – © 2008 AFP