La vente de la banque Bear Stearns fait chuter la plupart des Bourses

 
 
[17/03/2008 22:53:16] NEW YORK (AFP)

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Le siège de la banque Bear Stearns à New York le 17 mars 2008 (Photo : Don Emmert)

L’opération de sauvetage de la banque d’affaires américaine Bear Stearns, rachetée à faible prix par sa concurrente JPMorgan, a généré de fortes turbulences sur les marchés boursiers mondiaux, mais Wall Street est toutefois parvenue à limiter ses pertes.

Alors qu’il était tombé de presque 200 points en début de séance, l’indice vedette de la Bourse de New York, le Dow Jones Industrial Average (DJIA), a finalement gagné 21,16 points (+0,18%).

En revanche, l’indice Nasdaq, à forte composante technologique, a perdu 1,60% et l’indice élargi Standard and Poor’s 500 0,90%.

“Le marché est rassuré que Bear Stearns ait évité la faillite”, a expliqué Peter Cardillo, analyste d’Avalon Partners. “L’action de la Fed a évité un véritable effondrement de la Bourse”, a-t-il ajouté.

Toutefois, l’ensemble des marchés boursiers, et plus particulièrement les Bourses européennes et asiatiques, ont été particulièrement secouées au lendemain du rachat de Bear Stearns pour une bouchée de pain par JPMorgan afin d’éviter sa mise en faillite.

Afin de tenter de calmer les marchés, qui ont déjà connu une journée très agitée vendredi, la Fed a également décidé dimanche, deux jours avant une réunion programmée, d’abaisser de 0,25 point à 3,25% son taux d’escompte, taux de ses prêts aux grandes institutions financières.

Mais “ce rachat (de Bear Stearns) semble montrer que nous entrons dans une phase difficile de la crise en cette fin de premier trimestre”, estimaient les analystes de CM-CIC Securities.

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Le siège de la banque JPMorgan Chase à New York le 17 mars 2008 (Photo : don emmert)

Les craintes que le cas de la banque new-yorkaise ne fasse tâche d’huile ont dominé pour l’essentiel.

Les bourses de Paris et de Londres sont retombées à leur niveau de novembre 2005, l’indice parisien chutant de 3,51% et Londres de 3,86%. La Bourse de Francfort a perdu de son côté 4,18%.

La Bourse suisse a également baissé de 5,02%, Stockholm de 4,07%, Amsterdam de 3,79%, Milan de 3,39% et Madrid de 2,81%.

Quant à l’indice Eurostoxx 50, qui regroupe 50 des plus importantes valeurs européennes, il a reculé de 3,78%.

Au total, depuis le début de l’année, les Bourses de Francfort, Paris, Milan et suisse ont perdu plus de 20%.

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Les cours s’affichent derrière un trader à Tokyo le 17 mars 2008 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Les places asiatiques ne s’en sont pas mieux sorties, l’indice Hang Seng de la Bourse de Hong Kong clôturant en chute de 5,18% et la Bourse de Shanghai de 3,6%. Celle de Tokyo, dégringolant de 3,71%, est tombée sous la barre symbolique des 12.000 points pour la première fois depuis plus de deux ans et demi. Quant à la Bourse de Bombay, elle a chuté de 6,03% à la clôture.

Les principales bourses latino-américaines n’ont guère été entraîné par la remontée de Wall Street, Sao Paulo lâchant 3,19% et Buenos Aires 2,84%.

Par ailleurs, la publication de plusieurs indicateurs macroéconomiques américains moins bons que prévu (dont un recul de la production industrielle en février) a ajouté à la morosité du marché.

Le président américain George W. Bush a reconnu que les Etats-Unis vivaient des temps économiques “difficiles” mais a assuré que la situation était maîtrisée.

De plus, l’ensemble des places boursières ont également souffert de la dégringolade continue du dollar face à l’euro, avec un nouveau plancher historique à 1,5905 dollar, et au yen, avec un billet vert tombé jusqu’à 95,75 yens.

Par ailleurs, l’or a décroché un nouveau record historique pour atteindre dans la nuit 1.032,70 dollars sur le London Bullion Market.

“Le malaise et le sentiment d’insécurité du marché au sujet de l’économie américaine est ce qui fait que le dollar bat de l’aile”, a expliqué Masaki Fukui, économiste des changes chez Mizuho Corporate Bank. “Et l’abaissement du taux d’escompte par la Fed n’a servi qu’à souligner que la crise est très sérieuse”, a-t-il ajouté.

Un pessimisme partagé par les plus hautes instances financières.

Pour le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, la crise financière actuelle devrait “durer assez longtemps avec de graves conséquences”.

Aucun pays n’est à l’abri, a renchéri le président de la Banque mondiale (BM), Robert Zoellick, rejetant la théorie d’un “découplage” entre les pays occidentaux en difficulté et les pays émergents à forte croissance.

L’ancien président de la Fed, Alan Greenspan, a enfin ajouté sa pierre au pessimisme ambiant en affirmant au Financial Times que la crise actuelle pourrait être “la plus grave” depuis la Seconde Guerre mondiale.

Pour tenter de juguler les effets de la crise financière, la Fed devrait décider mardi d’une nouvelle baisse drastique de son taux directeur, actuellement fixé à 3%.

 17/03/2008 22:53:16 – © 2008 AFP