Développement : un «plan mouvant» pour s’adapter à un éventuel trop-plein d’IDE

Développement : un «plan mouvant» pour s’adapter à un éventuel trop-plein d’IDE


Par Moncef MAHROUG

Soixante-trois milliards de dinars : c’est l’objectif que la Tunisie s’est
fixé en matière d’investissements directs étrangers à attirer durant le
onzième plan de développement (2007-2011). Parce que le pays a tout calculé
-à commencer par le taux de croissance de son économie, qui devrait se
situer à 6,5% par an- en fonction de cet objectif, être très en-deçà de la
barre des 63 milliards de dinars aurait pour effet de ralentir la croissance
et, notamment, de se répercuter sur le nombre d’emplois que la Tunisie sera
en mesure de créer.

 

Mais que se passerait-il si, au contraire, le stock d’investissements
directs étrangers qui choisiront de s’implanter en Tunisie devait, durant le
onzième plan, dépasser le volume espéré ? Pendant le débat sur les grands
projets et l’investissement direct étranger organisé mardi 12 février 2008,
à la Chambre des Députés, M. Mohamed Nouri Jouini, ministre du Développement
et de la Coopération internationale, a révélé que le gouvernement a envisagé
cette éventualité et y a préparé une parade originale : un «plan mouvant»
qui permettra de rectifier le tir, notamment en matière de budget. Le cas
échéant, ce plan -qui serait baptisé «11ème plan bis ou 12ème
plan» -pourrait être mis en place en 2010 et pourrait courir sur une période
«de 3 à 5 ans», indique le ministre.

 

Pour atteindre le taux de croissance ambitionné -6,5% par an- lui permettant
notamment de créer le nombre d’emplois suffisant pour satisfaire toute la
demande dans ce domaine, la Tunisie a «volontairement choisi de faire de
l’investissement -tant national qu’étranger- le moteur de son développement»
durant le onzième plan. Notamment, parce que les autres facteurs
susceptibles de tirer la croissance –la consommation et l’exportation, en
l’occurrence «vont croître moins». Ainsi, la contribution de
l’investissement à la croissance est appelée à doubler -à 22%- durant le
onzième plan.

 

Pourquoi faudrait-il alors avoir recours à un plan «correctif ou
complémentaire», en cas d’excédents d’IDE? Ce sera nécessaire, car, explique
M. Nouri Jouini, outre son évident impact positif -la réduction de
l’endettement de la Tunisie-, un stock d’IDE supérieur à l’objectif fixé
pour le onzième plan de développement «mettrait la pression sur notre
balance des paiements en raison des infrastructures et équipements»
supplémentaires que les pouvoirs publics devront mettre en place pour
permettre aux investissements en excédent de se réaliser. Car tout n’est pas
à la charge de l’investisseur. Par exemple, en ce qui concerne le projet «Bab
Al Ward» que la société Al Maabar International Investment Company se
propose de réaliser sur la «Sebkha» de l’Ariana, les pouvoirs publics vont
devoir déplacer la décharge qui s’y trouve et amener toutes les
infrastructures jusqu’aux abords du site