[05/02/2008 21:57:13] PARIS (AFP) Le secrétaire d’Etat aux affaires européennes Jean-Pierre Jouyet a appelé mardi les Etats-Unis à faire preuve de “plus de coopération” dans leur réponse à la crise financière, un message critique qui sera porté selon lui au G7 par des Européens à l’unisson. A propos des deux récentes baisses de taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed), d’une ampleur inégalée, “il aurait été mieux qu’il y ait une attitude plus coopérative, des échanges entre les Trésors, les banques centrales, moins de mouvements unilatéraux avant les réunions du G7”, a estimé le secrétaire d’Etat, lors d’un entretien à l’AFP. Les ministres des Finances du G7 se réunissent samedi à Tokyo pour évaluer la situation économique mondiale et la réponse à crise financière. Pour M. Jouyet, “le fait qu’il n’y ait pas eu de concertation traduit ou un mépris de la coopération sur le plan financier, ce qui n’est pas une bonne chose, ou une situation qui serait plus grave que prévue sur le plan financier”. “Sinon, il n’y a pas de rationalité à avoir des mouvements de cette ampleur aussi rapidement”, a-t-il ajouté. “Ce qui est gênant dans l’attitude américaine, c’est que ça peut donner aux opérateurs un sentiment de panique”, a-t-il poursuivi. M. Jouyet a fait à ce propos allusion à la très forte volatilité observée sur le marché des changes vendredi, quand de mauvais chiffres du chômage aux Etats-Unis ont fait bondir l’euro à “un niveau de 1,49 dollar, proche de 1,50 dollar”, avant “qu’un autre indice sur la production industrielle ne le fasse retomber à 1,47 dollar”. Les ministres européens vont donc demander aux Américains de “coopérer pour qu’il y ait une meilleure stabilisation financière, alors qu’ils sont à l’origine de l’instabilité financière, et s’ils souhaitent résorber les déséquilibres dont ils sont à l’origine, afin qu’il y ait une attitude plus coopérative dans la gestion du marché des changes”. M. Jouyet ne remet pas pour autant en question le principe du plan de relance du président George W. Bush et la baisse de taux de la Fed, car “il faut éviter toute conséquence grave de la crise des subprime (les crédits immobiliers à risque américains) sur l’économie réelle”. Mais “face à une crise d’origine américaine, qui s’est propagée à l’ensemble de l’économie internationale, c’est bien la question de la coopération qui est posée” et la crédibilité des réunions de type G7 “est entre les mains des Américains”, a-t-il insisté, précisant que tous les partenaires européens de la France partageaient son avis. A l’inverse de la Fed, M. Jouyet a jugé que face à la crise, l’attitude de la Banque centrale européenne (BCE) “paraît appropriée compte tenu du contexte, entre risque inflationniste et un certain ralentissement de la croissance dans l’ensemble”. La BCE “fait preuve de sang froid”, a-t-il estimé. Des propos qui contrastent avec ses propos passés, quand il avait multiplié les attaques sur la politique de la Banque centrale européenne, accusée de trop se focaliser sur la lutte contre l’inflation au détriment de la recherche de la croissance. M. Jouyet a mis en avant le fait que l’Europe, qui avait l’an dernier envoyé des messages discordants sur les changes et la BCE, était dorénavant “très unie”. Elle l’est en particulier sur le désir “progresser sur ce qui a trait à la supervision et à la régulation internationale à la suite de la crise des subprime”. L’unité européenne se manifeste face à “la sous-évaluation artificielle d’autres monnaies que l’euro”, une allusion au yuan chinois et plusieurs autres monnaies asiatiques. “Il y a maintenant une coordination dans la prise de parole européenne entre le président de la banque centrale, les commissaires et les différents responsables” de la zone euro, “c’est une bonne chose pour avoir une diplomatie efficace”. Il a enfin fait valoir que “dans une situation difficile”, l’euro “incarne un pôle de stabilité”. |
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