Nucléaire civil : la France et l’Inde ont paraphé un accord de coopération

 
 
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Nicolas Sarkozy, le 25 janvier 2008 à New Delhi (Photo : Philippe Wojazer)

[26/01/2008 12:43:31] NEW DELHI (AFP) La France a conclu vendredi avec l’Inde un accord de coopération dans le nucléaire civil avec l’ambition d’accélérer le retour de la puissance atomique asiatique dans le droit international et avec l’espoir d’y décrocher une part de ce juteux marché.

Paraphé vendredi lors de la visite d’Etat de Nicolas Sarkozy, ce texte pose les bases d’un partenariat ambitieux et ouvre surtout la voie à une livraison de réacteurs de technologie française à l’Inde, à l’image des accords “jumeaux” signés récemment par Paris avec l’Algérie, la Libye et les Emirats arabes unis.

Mais, comme l’ont souligné Français et Indiens, leur accord n’est qu’une première étape sur le long et tortueux chemin qui permettrait à la France d’entrer sur le marché nucléaire indien.

Détenteur de l’arme atomique, l’Inde a effectué deux séries de tirs en 1974 et 1998 et n’a pas signé le traité de non prolifération (TNP). Elle reste donc fermée aux 45 pays membres du Groupe des fournisseurs nucléaires (NSG).

Seul le feu vert de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), puis celui de tous les pays du NSG permettraient à New Delhi de matérialiser l’accord franco-indien.

Alors, devant la presse, M. Sarkozy n’a pas ménagé ses efforts pour vite faire sauter ces deux verrous.

“La France souhaite obtenir le consensus européen et international pour que l’Inde puisse bénéficier d’une exception et se tourner vers le nucléaire civil”, a-t-il plaidé, affirmant que l’autorisation de l’AIEA n’était “qu’une affaire de semaines”.

A l’appui de cette demande, émise par la France dès 1998, le chef de l’Etat a rappelé que l’Inde était prête à placer ses installations civiles sous le contrôle de l’AIEA. Et, surtout, que seul le nucléaire permettrait au géant asiatique, en pleine croissance et quatrième pollueur de la planète, de contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique.

“Le besoins de l’Inde en matière d’énergie sont immenses. Si on lui interdit le recours à l’énergie nucléaire civil, elle sera obligée de se tourner vers des énergies qui polluent”, a-t-il averti.

Sans hésiter, M. Sarkozy s’est également aventuré sur le terrain de la politique indienne, autre frein aux ambitions françaises.

Soutien au gouvernement du parti du Congrès, les communistes indiens refusent, au nom de la souveraineté nationale, l’accord historique nucléaire signé en 2006 et finalisé en 2007 avec les Etats-Unis.

“Si l’Inde n’avalise pas cet accord, il y a peu de chances pour que Washington donne son accord de membre du NSG”, fait remarquer Paris.

“Je le dis à la société civile indienne, la filière technologie nucléaire civile française est la plus sûre au monde”, a insisté M. Sarkozy.

“Le message du président était clair, c’était de dire aux Indiens: ‘Prenez le nucléaire civil français pour être indépendant des Américains'”, a commenté une source diplomatique française.

Très direct, M. Sarkozy n’a pas hésité non plus à coiffer l’une de ses casquettes préférées à l’étranger, celle de “VRP” des entreprises françaises, pour vanter les mérites du nucléaire “made in France”. “Areva est l’un de nos fleurons industriels et l’Etat français sera mobilisé derrière ce fleuron”, a-t-il martelé.

Car, de l’avis des experts, le marché du nucléaire indien est très prometteur. L’Inde envisagerait de s’équiper d’ici trente ans de 20 à 25 centrales, un marché de plusieurs dizaines de milliards d’euros où la concurrence internationale s’annonce acharnée.

Présente à New Delhi, le PDG d’Areva Anne Lauvergeon veut placer ses nouveaux réacteurs EPR. “Je crois qu’effectivement, le marché indien va être un marché considérable pour nous”, a-t-elle prédit.

 26/01/2008 12:43:31 – © 2008 AFP