Pétrole : l’Opep campe officiellement sur ses positions, malgré Bush

 
 
CPS.HYH69.160108222603.photo00.quicklook.default-245x181.jpg
Le secrétaire général de l’Opep Abdallah el-Badri, le 5 décembre 2007 à Abou Dhabi (Photo : Karim Sahib)

[16/01/2008 21:27:27] PARIS (AFP) Le secrétaire général de l’Opep Abdallah el-Badri juge toujours le marché de l’or noir bien approvisionné même si le cartel se tient “prêt” à pomper plus si les fondamentaux le justifient et si le président américain George W. Bush exprime lui “l’espoir” d’une hausse de production.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) est “prête” à tout moment à “augmenter sa production si les fondamentaux le justifient”, mais “il n’y a pas de manque” de pétrole actuellement, a déclaré son secrétaire général Abdallah el-Badri à l’AFP mercredi dans un courriel.

L’Opep tient une réunion extraordinaire le 1er février à Vienne et pourrait alors réviser ses plafonds de production.

“Les prix actuels du pétrole”, qui ont dépassé pour la première fois début janvier les 100 dollars par baril, “ne reflètent pas les fondamentaux”, à savoir l’offre et la demande, poursuit M. el-Badri, qui précise qu'”aucun pays membre (de l’Opep) n’aime voir des prix trop élevés ou trop bas”.

La récente envolée des cours du brut “est la conséquence de tensions géopolitiques persistantes, de l’affaiblissement du dollar, des limitations et contraintes dans le système de raffinage américain” et surtout “du rôle croissant des spéculateurs”, en particulier depuis le mois de septembre, a-t-il détaillé.

“Je voudrais aussi insister sur le fait que le ralentissement de l’économie américaine auquel nous assistons n’est pas le résultat des prix du pétrole”, a-t-il insisté.

Le secrétaire général de l’Opep ne “pense pas que le récent affaiblissement de l’économie mondiale va mener à un effondrement” de la croissance ou “aura un impact significatif sur la progression de la demande pétrolière” à court terme, a-t-il conclu.

Il y a dix jours, le ministre émirati de l’Energie, Mohammed Al-Hameli et son homologue algérien, Chakib Khelil, avaient tenu des propos similaires.

Le marché pétrolier est “suffisamment approvisionné, il n’y a pas lieu d’augmenter l’offre”, avait déclaré à l’AFP M. Khelil, actuel président de l’Opep.

“L’offre est suffisante et l’augmentation de la demande modérée”, a relevé mercredi soir à Nicosie le secrétaire général de l’Opep.

“L’Opep continuera de jouer son rôle d’une manière dynamique pour garantir un bon approvisionnement de l’économie mondiale et la stabilité des marchés, pour le bien du monde entier”, a-t-il déclaré devant la Chambre de Commerce et d’Industrie de Nicosie.

“On ne souhaite pas voir des prix élevés ni des prix bas. Nous voulons des prix dictés par les fondamentaux du marché, et j’espère que les fondamentaux prévaudront en fin de compte”, a-t-il souligné.

Il a répété que “la volatilité (du marché) ne profite à personne sauf aux spéculateurs”.

“Le pétrole est un actif financier comme les autres, a ajouté M. Badri. D’importantes sommes d’argent sont investies dans les marchés des matières premières pour compenser les marchés à risques et obtenir des retours sur investissements plus élevés”.

Le président George W. Bush a achevé mercredi une tournée au Moyen-Orient, d’où il est reparti avec “l’espoir” que l’Opep augmenterait sa production, alors que l’économie américaine est menacée de récession.

Le roi d’Arabie saoudite, premier producteur mondial et chef de file de l’Opep, s’inquiète “des prix élevés et de l’impact négatif qu’ils peuvent avoir sur les économies dans le monde”, a dit la porte-parole de M. Bush, Dana Perino.

Les cours du pétrole ont atteint le record historique de 100,09 dollars le baril le 3 janvier à New York, mais ils ont depuis perdu près de 10 dollars, à cause des inquiétudes sur l’économie américaine.

Mercredi à 12H30 GMT, le brut perdait 1,45 dollar à 90,45 dollars à New York.

L’Agence internationale de l’Energie, qui représente les intérêts énergétiques des pays consommateurs, table toujours sur une hausse de 2,3% (à 87,8 millions de barils par jour) de la demande en 2008, dans son rapport mensuel mercredi.

Elle pourrait toutefois revoir à la baisse ses anticipations si le ralentissement américain s’aggrave.

Pour l’instant, elle demande toujours à l’Opep d’augmenter sa production, pour éviter une fonte critique des stocks d’essence des pays développés à l’approche de l’été.

D’après Mike Wittner, de la Société Générale, les Saoudiens “veulent maximiser leurs revenus mais pour vendre du pétrole, ils ont besoin d’une demande saine… et ne peuvent pousser les prix trop haut”.

Mais il ne pense pas que l’Opep augmentera sa production dans deux semaines, “car les Saoudiens craignent de mettre plus de pétrole sur le marché à l’heure où la demande est incertaine”.

Pour lui, le ministre saoudien du pétrole Ali al-Nouaïmi l’a montré en se contentant de répondre aux Américains mardi que l’Arabie augmenterait sa production “quand le marché (l’exigerait)”.

 16/01/2008 21:27:27 – © 2008 AFP