USA : face à la récession, la Maison Blanche réfléchit à un plan de relance

 
 
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George W. Bush entouré du vice-président Dick Cheney (G) et du secrétaire au Trésor Henry Paulson, le 4 janvier 2008 à la Maison Blanche (Photo : Mandel Ngan)

[08/01/2008 07:28:25] WASHINGTON (AFP) La Maison Blanche réfléchit à un plan de relance pour contrer le risque grandissant d’une récession aux Etats-Unis, mais les analystes avertissent que, cette fois, des baisses d’impôt ne suffiront sans doute pas.

Le spectre de la récession ressurgit à intervalles réguliers dans la première économie mondiale depuis la crise financière de l’été. Mais vendredi, les inquiétudes ont redoublé après que le gouvernement eut annoncé un bond du chômage à 5% en décembre.

“Aujourd’hui, le débat n’est pas de savoir s’il faut ou non un stimulus économique. La question semble réglée”, écrivait lundi l’ancien secrétaire au Trésor Lawrence Summers dans le Financial Times.

La crainte est que la crise ne finisse par faire tâche d’huile, si les consommateurs dépensent moins et réduisent ainsi l’activité des entreprises. La croissance, qui avait frôlé les 5% à la mi-2007, pourrait ainsi caler, selon nombre d’économistes.

Pour empêcher une crise, la banque centrale s’est engagée sur une voie de baisse rapide de ses taux. Mais les analystes soulignent qu’un certain nombre de mesures cruciales échappent à son champ d’action.

“Un stimulus budgétaire serait la façon la plus rapide et la plus fiable d’encourager la croissance à court terme”, affirme M. Summers.

Aussi l’administration américaine prépare-t-elle un plan de relance qui serait annoncé par le président George W. Bush lors de son discours sur l’état de l’Union, le 28 janvier, selon des informations de presse.

“Notre but le plus immédiat est de minimiser l’impact sur l’économie” de la crise financière, a affirmé lundi le secrétaire au Trésor Henry Paulson, en affirmant “l’importance cruciale de maintenir l’économie aussi forte que possible au fur et à mesure que (les Etats-Unis) absorberont la correction immobilière”.

Toute la question est ensuite de savoir quelles mesures privilégier.

Dans ses dernières interventions, M. Bush a laissé entendre qu’il favorisait la piste des baisses d’impôts.

Ce qui ne provoque pas l’enthousiasme de tous les analystes. “Fonder votre politique fiscale sur quelque chose de temporaire comme la crise des subprimes n’a pas beaucoup de sens”, estime Michael Swanson de la banque Wells Fargo.

D’autres lui adressent des reproches plus politiques.

“Un plan de relance, ce sont d’abord des mesures temporaires. Pérenniser les baisses d’impôts est complètement à côté de la plaque, c’est utiliser l’excuse de la récession pour faire avancer son programme”, s’insurge Jared Bernstein de l’Economic Policy Institute, proche des démocrates.

Le président républicain a toujours répété qu’il voulait rendre permanentes ses baisses d’impôts, très décriées par les démocrates qui les estiment injustes, et qui doivent expirer à l’horizon 2010-2011.

“Pour le moment, dépenser directement nous rapporterait sans doute plus que baisser les impôts”, affirme M. Bernstein.

Les partisans d’un plan de relance soulignent qu’il doit remplir trois critères pour être efficace: être ciblé sur les moins riches, rapidement mis en oeuvre, et temporaire.

L’une des pistes les plus fréquemment évoquées est d’augmenter la durée ou le montant des allocations chômage.

“Il serait prudent d’avoir prêt un programme d’extension des allocations, au cas où le marché du travail se détériore fortement”, estime Chad Stone, chef économiste du Center on budget and Policy Priorities.

L’aide pourrait aussi passer par d’autres canaux, notamment l’assistance directe aux Etats qui ont vu leurs recettes plonger avec la crise immobilière.

Cela aurait un coût élevé: les estimations vont jusqu’à 100 milliards de dollars.

Mais “mettre en place de telles mesures serait plus prudent que d’attendre jusqu’à ce que des dégâts supplémentaires rendent inévitable un plan encore plus important”, affirme M. Summers.

 08/01/2008 07:28:25 – © 2008 AFP