Les dirigeants économiques européens en Chine pour parler taux de change

 
 
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De gauche à droite, Jean-Claude Trichet (BCE), Jean-Claude Juncker (Eurogroupe) et le commissaire européen Joaquin Almunia, le 14 septembre 2007 à Porto. (Photo : Dominique Faget)

[27/11/2007 11:34:27] PÉKIN (AFP) Les principaux dirigeants économiques européens ont entamé mardi à Pékin une visite sans précédent, axée sur les déséquilibres sino-européens et l’un de ses principaux coupables désignés: le yuan.

C’est par des entretiens avec le gouverneur de la Banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan, qu’a commencé cette visite du président du groupe des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, du responsable de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, et du commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia.

Le trio européen devrait s’entretenir mercredi avec le ministre des Finances Xie Xuren et le Premier ministre Wen Jiabao, selon des sources européennes.

Peu de communication entoure le début du voyage, visant à “discuter de sujets sérieux lors d’échanges directs, pas par le biais de déclarations de presse”, a indiqué un responsable ayant requis l’anonymat.

Ce principe d’échanges directs revêt une importance grandissante pour les Européens qui instaureraient bien un dialogue économique stratégique, à la manière de celui créé entre Chinois et Américains en 2006, pour aplanir les difficultés bilatérales.

Le but de la visite de la “troïka” à Pékin “va au-delà du taux de change pour embrasser un ensemble de questions macroéconomiques”, souligne le responsable.

Mais au premier plan des sujets de friction figure la question étroitement liée aux taux de change du déficit commercial de l’Union européenne (UE).

Celui-ci, de quelque 130 milliards d’euros en 2006, devrait encore augmenter de “20% ou 25%” cette année et ne “peut continuer indéfiniment de se creuser”, souligne l’ambassadeur de l’UE en Chine Serge Abou.

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La troïka des principaux dirigeants économiques de la zone euro: Joaquin Almunia, Jean-Claude Juncker et Jean-Claude Trichet, le 9 septembre 2006 à Helsinki. (Photo : Gerard Cerles)

Récemment à Washington, selon le magazine financier chinois Caijing, le commissaire au Commerce, Peter Mandelson, a usé d’une image choc, assurant que ce déficit “se creusait de 20 millions de dollars par heure”.

Alors que les exportations européennes se retrouvent handicapées par un euro fort, elles affrontent un yuan à un niveau artificiellement bas, favorisant le “Made in China”, selon Bruxelles.

La zone euro veut faire comprendre à la Chine que son poids économique lui confère désormais une responsabilité croissante dans la politique monétaire internationale.

Le président français Nicolas Sarkozy est allé en ce sens dimanche et lundi à Pékin, où il a plaidé pour un yuan fort, estimant qu'”un grand pays doit avoir une monnaie forte”.

Devant le président Hu Jintao, le chef de l’Etat français a souligné qu’être une grande puissance “créait des responsabilités et devoirs dans tous les domaines”.

Pékin a répondu, mardi, “comprendre les préoccupations européennes” mais en refusant implicitement tout changement brusque, mettant en avant ses propres “efforts pour réformer le régime du taux de change” depuis juillet 2005, l’arrimage du yuan à un panier de devises et l’introduction d’une certaine flexibilité.

“Nous souhaitons renforcer le dialogue (…) pour approfondir la compréhension sur notre politique de change”, a dit un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Qin Gang.

M. Qin a souligné que le yuan s’était encore apprécié de quelque 9,5% face au dollar depuis la réévaluation de juillet 2005 et a incriminé la faiblesse du billet vert pour expliquer que la monnaie chinoise s’était dépréciée par rapport à l’euro.

Mais les Européens ont aussi le sentiment de payer le prix des bonnes relations sino-américaines.

“Nous pensons que l’Europe ne devrait pas avoir à payer pour les rééquilibrages mondiaux”, a déclaré mardi le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, devant des cadres communistes.

M. Barroso se trouve à Pékin pour le 10e sommet UE-Chine qui a lieu mercredi.

 27/11/2007 11:34:27 – © 2007 AFP