L’économie américaine ébranlée par les déboires de l’immobilier à risque

 
 
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Une maison en vente en mai 2007 à San Rafael, en Californie (Photo : Justin Sullivan)

[23/08/2007 17:13:00] WASHINGTON (AFP) La crise de l’immobilier à risque a peut-être fini de faire trembler la Bourse, mais les signaux d’alerte se multiplient aux Etats-Unis sur des risques de contagion au reste de l’économie.

Depuis une semaine, les marchés financiers se sont remis à respirer, dans l’espoir que la crise liés aux prêts immobiliers à risque (“subprime”) finisse par se résorber en douceur.

Mais dans le même temps, l’économie réelle semble avoir de plus en plus de mal à résister.

Les saisies de logements sont la partie la plus visible de l’iceberg. Mardi, le sénateur démocrate Christopher Dodd a estimé que dans cette crise de “un à trois millions de personnes pourraient perdre leur logement”, dépassés par l’envolée des mensualités de leurs crédits à taux variables.

Par ailleurs, la crise provoque une intensification des licenciements dans les secteurs liés à l’immobilier, et des inquiétudes de plus en plus grandes sur la consommation.

“Cela fait un certain temps que nous assistons à ce phénomène”, estime Michelle Meyer, économiste de Lehman Brothers, en citant par exemple la forte baisse de la construction de logements depuis le début de l’année.

“Mais maintenant ce qui se passe est une sorte de contamination aux consommateurs et au marché de l’emploi. Ce n’est que le début, nous allons continuer d’assister à des licenciements et à un ralentissement de la consommation”, ajoute-t-elle.

Du côté de l’emploi, l’aspect le plus spectaculaire est la vague de licenciements dans les institutions financières, surtout celles spécialisés dans les prêts “subprime”.

Mercredi, la banque Lehman Brothers a annoncé 1.200 licenciements dans sa filiale BNC Mortgage, et la société de prêts hypothécaires Accredited Home Lenders a pour sa part décidé de supprimer plus de 60% de ses effectifs, soit 1.600 personnes.

Le cabinet de placement Challenger, Gray and Christmas chiffre à 21.000 les suppressions d’emplois dans les institutions financières depuis le début du mois d’août. Et pour John Challenger, le PDG du cabinet, les licenciements risquent de faire tache d’huile.

“Les suppressions d’emplois liées à l’immobilier ne sont pas près de finir. Cela risque de prendre des mois pour atteindre le pic”, prédit-il.

Cela risque d’affecter la consommation, surtout dans un contexte de tourmente boursière et de retournement immobilier.

Une étude de la banque Goldman Sachs estime que, dans le pire des cas, le prix des logements pourrait baisser de 15 à 30% dans les années à venir.

“Les consommateurs vont faire face à une baisse des prix des logements et à un affaiblissement du prix des actions, ce qui va probablement ralentir la croissance de la consommation un peu en dessous de 2,5% au deuxième semestre”, assurent, dans une note, les économistes de RBC Financial Group.

L’un des plus gros postes de consommation, l’automobile, pourrait être en première ligne.

Selon une étude du cabinet CSM Worldwide, les ventes de voitures neuves vont tomber cette année à leur niveau le plus faible en neuf ans. Le cabinet fonde sa prédiction sur la corrélation constatée entre les ventes automobiles et les mises en chantier de logement — or celles-ci ont baissé de 26% au premier semestre.

Au bout du compte, c’est la croissance qui risque de payer le prix de la crise. Le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson, a averti mardi que “les marchés financiers vont vraisemblablement pénaliser la croissance économique, qui sera moins forte qu’elle n’aurait pu l’être”.

Et les conséquences pourraient dépasser les frontières américaines. Selon le directeur général du Fonds monétaire international, Rodrigo de Rato, la crise financière aura un “certain impact” sur l’économie mondiale.

 23/08/2007 17:13:00 – © 2007 AFP