Sacyr/Eiffage : une bataille loin d’être terminée et à l’issue incertaine

 
 
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Manifestation d’employés d’Eiffage le 25 avril 2007 devant la Bourse de Paris (Photo : Jacques Demarthon)

[27/06/2007 18:20:43] PARIS (AFP) L’espagnol Sacyr a enregistré un revers dans la bataille pour le contrôle du groupe de BTP français Eiffage, le régulateur boursier l’obligeant à améliorer son offre, et l’issue du dossier reste très incertaine selon des analystes qui pensent que Sacyr pourrait jeter l’éponge.

L’Autorité des marchés financiers (AMF), le gendarme de la Bourse de Paris, a rejeté mardi l’offre publique d’échange (OPE) lancée en avril par Sacyr sur le capital d’Eiffage –dont il détient déjà 33,2%–, considérant qu’il avait agi de concert avec d’autres actionnaires pour tenter de prendre le contrôle du constructeur français.

Du coup, l’AMF l’a contraint à lancer une offre publique d’achat (OPA) d’une valeur nettement supérieure au cours actuel d’Eiffage, un nouveau rebondissement dans un feuilleton qui oppose les deux groupes de BTP depuis plus d’un an.

Alors que Sacyr proposait jusqu’ici un simple échange d’actions, il devra payer les actionnaires d’Eiffage en partie en espèces, à un prix au moins équivalent à celui versé par lui ou ses alliés lorsqu’il sont montés au capital du français, soit 127,29 euros en l’état actuel, contre 107 euros par action dans son projet d’OPE.

L’AMF a planté une seconde banderille dans les flancs de l’espagnol, en l’obligeant à lancer parallèlement une OPA distincte sur les Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR), filiale cotée d’Eiffage. Coût supplémentaire pour le groupe de Luis del Rivero: 1,6 milliard d’euros.

Au total, Sacyr devrait donc “en théorie” débourser 9,5 milliards d’euros pour s’emparer dans les règles d’Eiffage et d’APRR, a calculé la maison de courtage CM-CIC, ce qui place selon elle le groupe espagnol dans “une situation très incertaine”.

En effet, la maison de courtage n’est pas sûre que l’espagnol ait les reins suffisamment solides pour financer une telle opération, alors qu’il fait déjà face à d’importantes dettes (18,4 milliards d’euros fin 2006).

Or, vu les craintes actuelles de retournement du secteur immobilier espagnol, “Sacyr aura du mal à lancer une augmentation de capital” pour régler la note, ont prévenu les analystes de la banque BPI.

Le constructeur madrilène, qui veut faire appel de la décision de l’AMF, pourrait donc être contraint de vendre une partie de son patrimoine, comme sa participation de 20% dans le groupe pétrolier Repsol, valorisée environ 7 milliards d’euros, ou de renoncer à s’emparer de son concurrent français, héritier d’Eiffel et constructeur du célèbre Viaduc de Millau.

En attendant, la justice devra trancher sur l’appel de Sacyr, ce qui “va conduire les deux groupes à une longue bataille judiciaire qui pourrait mettre un an à se résoudre”, selon les analystes d’Exane BNP Paribas.

Ils pensent qu’une offre améliorée de Sacyr “ne devrait pas se matérialiser à court terme”, et évoquent la possibilité que Sacyr soit contraint in fine de renoncer à acquérir Eiffage.

“Nous attendons de nouveaux développements dans les semaines qui viennent”, ont estimé les analystes de la banque Fortis.

Illustration de cette incertitude, l’action Eiffage n’a que faiblement progressé mercredi, ce qui laisse entendre que les investisseurs ne parient pas massivement sur le lancement imminent d’une offre améliorée. Le titre Eiffage a gagné 0,19% à 105,20 euros, tandis qu’à la Bourse de Madrid Sacyr a cédé 2,74% à 35,12 euros.

 27/06/2007 18:20:43 – © 2007 AFP