Bruxelles plaide pour un financement public complet des satellites de Galileo

 
 
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Schéma montrant le fonctionnement des deux systèmes

[16/05/2007 13:11:31] BRUXELLES (AFP) Bruxelles a plaidé avec force mercredi pour un financement public complet des 30 satellites de son futur système de navigation par satellite Galileo (le “GPS” européen), exploité par le privé une fois opérationnels.

Ce scénario, jugé “le plus avantageux” par le Commissaire aux transports Jacques Barrot, sera présenté aux ministres européens des Transports les 7 et 8 juin.

Il impliquerait un déploiement complet des satellites “à la fin 2012”, avec de premières utilisations concrètes un an plus tôt, selon la Commission.

Le coût public serait alors de l’ordre de 10 milliards d’euros de 2007 à 2030, période incluant un contrat d’exploitation privée d’une durée de vingt ans. Il atteindrait 3,4 mds d’euros dans le budget communautaire en cours (2007-2013).

Galileo -qui doit se composer d’une constellation de 30 satellites placés en orbite à quelque 24.000 km d’altitude- vise à affranchir les Européens de leur dépendance à l’égard du système militaire américain GPS gratuit pour les usagers civils.

Le système européen promet une précision de localisation au mètre près (contre parfois une dizaine de mètres pour le GPS), performance nécessaire à certaines applications comme l’arrivée d’un navire dans un port.

“Galileo offrira des services d’une qualité exceptionnelle”, a souligné M. Barrot. Mais le temps presse : les Américains proposeront entre 2013 et 2018 une nouvelle génération de GPS plus performant, a-t-il rappelé.

Les Chinois se lancent aussi dans la course et les Russes veulent moderniser leur système militaire.

En attendant, l’Europe devrait bénéficier en 2008 d’un système (EGNOS) améliorant la qualité des signaux du GPS américain et d’une précision de moins de 5 mètres.

La construction et le lancement des 26 derniers satellites devaient initialement être financés à hauteur des deux-tiers par huit groupes industriels européens réunis en consortium, qui devaient ensuite également exploiter ce système.

L’exercice a été miné par les désaccords entre industriels rivaux. Il y a “peut-être eu des interférences étatiques”, a concédé M. Barrot, qui avait fait appel à un médiateur en 2005.

Prenant acte d’un retard de cinq ans par rapport au calendrier initial, la Commission a demandé officiellement mercredi la fin des négociations, qui sont “au point mort”, avec les industriels.

“Ils n’ont pas voulu accepter les risques d’exploitation”, a constaté M. Barrot, tout en précisant : “si je pensais que ce projet n’était pas rentable, j’y renoncerais tout de suite”.

Reste à savoir si les 27 suivront la recommandation de Bruxelles. Cette remise à plat pourrait être l’occasion de questionner l’ensemble du projet aux retombées compliquées par la gratuité du GPS, selon une source européenne.

Ils pourraient aussi proposer une version allégée : la Commission détaille elle-même un scénario alternatif consistant à financer seulement les 18 premiers satellites avec de l’argent public.

Des pays comme la Grande-Bretagne, l’Irlande et les Pays-Bas avaient au départ exprimé des réticences. Les “atlantistes” avaient notamment insisté en 2003 pour que le système soit bien à usage civil et sous contrôle civil. Des escarmouches opposent encore régulièrement la Grande-Bretagne et la France à ce sujet.

Des “usagers” policiers ou militaires pourraient se servir de Galileo dans le cadre d’opérations de secours, a précisé M. Barrot, tout en admettant qu’une clarification des applications était encore nécessaire.

Un signal crypté gouvernemental spécial est prévu pour des usages militaires. Mais l’utilisation de Galileo pour une opération militaire nécessiterait l’aval unanime des 27, selon une source européenne.

“Il faut admettre que des recettes substantielles peuvent être générées par les utilisateurs militaires”, stipule le texte approuvé mercredi par l’ensemble de la Commission et qui devrait donner du grain à moudre aux 27.

 16/05/2007 13:11:31 – © 2007 AFP