Thomson-Reuters, nouveau géant de l’information financière

 
 
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Le nouveau siège de Reuters à Londres (Photo : Shaun Curry)

[15/05/2007 16:38:55] LONDRES (AFP) Le groupe britannique Reuters a accepté mardi d’être racheté par son concurrent canadien Thomson pour près de 13 milliards d’euros, afin de créer le numéro un mondial de l’information financière devant l’américain Bloomberg.

Le projet a été validé par la Reuters Founders Share Company, qui peut bloquer tout rachat du groupe pour défendre son indépendance éditoriale, mais reste suspendu à l’approbation des actionnaires de Reuters et surtout des régulateurs de la concurrence, ont indiqué les deux groupes dans un communiqué.

En cas de feu vert, la holding Woodbridge de la famille Thomson, qui possède 70% du groupe canadien, détiendra 53% de la nouvelle entité, les autres actionnaires actuels de Thomson 23% et ceux de Reuters 24%. Tom Glocer, directeur général de Reuters, prendra la direction du nouveau groupe, dont la présidence reviendra à David Thomson, actuel président de Thomson.

Mais les questions de régulation sont “le principal obstacle à franchir”, a souligné Charles Peacock, de la maison de courtage Seymour Pierce.

Thomson-Reuters, qui resterait coté sur les Bourses de Toronto et Londres, détiendrait 34% du marché mondial de l’information financière, contre 33% à Bloomberg. Il pèserait environ 11 milliards de dollars de chiffre d’affaires et emploierait près de 49.000 personnes sur la base des effectifs actuels.

Tom Glocer a nié que l’opération créerait une situation de “duopole”, alors que certains redoutent des hausses de tarifs.

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Le président de Thomson, David Thomson

“Le marché ne sera pas dominé par deux acteurs, puisqu’il y a encore au moins 20 autres concurrents”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, ajoutant: “tous les clients à qui j’ai parlé estiment que l’opération renforceraient la concurrence”.

“La transaction sera évidemment examinée par les régulateurs, mais les obstacles ne sont pas insurmontables. Les cessions d’actifs qui seront peut-être exigées ne devraient pas être de nature à faire capoter l’affaire”, a a jugé de son côté Lorna Tilbian, analyste de Numis Securities.

Le groupe canadien a proposé de racheter Reuters pour 8,7 milliards de livres (12,7 milliards d’euros) en numéraire et en actions. L’action Reuters a clôturé en hausse de 3,39% à 626 pence mardi, contre plus de 1.600 pence au plus fort de la bulle technologique en mars 2000.

Le secteur de l’information économique est actuellement en pleine consolidation sur fond d’explosion de l’activité et des revenus financiers.

Le magnat des médias Rupert Murdoch a lancé il y a deux semaines une OPA de cinq milliards de dollars sur le groupe américain Dow Jones, propriétaire du Wall Street Journal, et l’éditeur de la Lloyd’s List, Informa, a acheté lundi le fournisseur de données Datamonitor pour 734 millions d’euros.

Thomson et Reuters ont mis en avant la “logique irréfutable” de leur union, le premier étant spécialisé dans les bases de données alors que le second fournit surtout des informations en temps réel (prix des actions, des devises, des matières premières, etc.), aux banques, fonds d’investissement et maisons de courtage.

Mais s’il tire 90% de ses revenus des services financiers, Reuters est surtout connu dans le monde comme agence de presse, avec 2.400 journalistes dans 131 pays. Sur ce plan, l’opération devrait surtout profiter au canadien en étoffant le réseau de Thomson Financial en Amérique du Nord et, en Europe, celui d’AFX News, agence spécialisée rachetée l’an dernier à l’AFP.

Les deux groupes comptent aussi économiser 500 millions de dollars sur leurs coûts de fonctionnement au bout de trois ans, ce qui fait craindre des suppressions d’emplois. “Il y aura inévitablement des ajustements pour ceux qui font le même travail, mais cela n’a pas encore été planifié”, a indiqué M. Glocer.

 15/05/2007 16:38:55 – © 2007 AFP