Aluminium : offre hostile d’Alcoa sur Alcan pour s’assurer le leadership mondial

 
 
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Photo non datée d’une usine d’Alcoa à Szekesfehervar, en Hongrie

[08/05/2007 10:38:36] NEW YORK (AFP) Le géant américain de l’alumium Alcoa a lancé une offre hostile de 33 milliards de dollars sur son concurrent canadien Alcan, faute d’avoir pu négocier un rapprochement amical, avec pour ambition de détrôner le nouveau numéro un mondial du secteur, le russo-suisse Rusal.

Alcoa, actuel numéro un mondial de l’aluminium en termes de chiffre d’affaires, mais pas en volumes produits, a dévoilé lundi les grandes lignes de son offre qui doit démarrer mardi et expirer le 10 juillet alors qu’Alcan n’a pas encore pris de décision sur cette offre.

Si elle se concrétise, l’opération donnera naissance à un groupe représentant une capacité de production cumulée de 7,1 millions de tonnes d’aluminium par an, contre 4 millions pour Rusal, groupe né récemment de la fusion des russes Rusal, Sual et du suisse Glencore.

La future entité représenterait un chiffre d’affaires cumulé d’environ 54 milliards de dollars par an, contre environ 10 milliards pour Rusal.

Alcoa vise l’intégralité des titres Alcan au prix unitaire de 73,25 dollars, sachant que l’obtention des deux-tiers des actions suffira pour faire aboutir l’opération.

L’offre représente une prime de 32% par rapport au cours de clôture moyen d’Alcan sur les 30 dernières séances à New York, ce qui dopait le titre: Alcan prenait 32,51% à 80,87 dollars vers 18H00 GMT, tandis qu’Alcoa gagnait 6,28% à 37,90 dollars.

Pour rassurer le camp canadien, Alcoa a aussi promis d’investir “significativement” au Canada et au Québec, de développer des technologies propres et de réduire sensiblement la structure de coûts, avec un milliard de dollars d’économies par an. Il s’est également dit prêt à des cessions d’actifs non stratégiques.

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Logo d’Alcan

Alcan a fait savoir qu’il “étudiera la proposition” et “recommande à ses actionnaires d’attendre” que la direction “formule une recommandation officielle”. Alcoa pour sa part déploré le recours à une offre hostile, après deux années de pourparlers infructueux. “Nous sommes très déçus que nos discussions n’aient pas abouti à une opération négociée, une issue que nous aurions de loin préférée”, a déclaré le PDG d’Alcoa, Alain Belda, selon qui “des raisons stratégiques impérieuses justifient le regroupement d’Alcoa et d’Alcan”.

L’offre hostile reflète en effet l’urgence pour Alcoa de se développer alors que le secteur connaît un mouvement de consolidation et que la Chine et son aluminium à bas prix gagnent rapidement du terrain.

Des rumeurs rapportent depuis février qu’Alcoa serait convoité par deux groupes australo-britanniques, BHP Billiton et Rio Tinto — représentant respectivement 1,3 et 1,2 million de tonnes d’aluminium par an– et que le perdant pourrait se tourner vers Alcan.

Depuis le début de l’année, deux rapprochements ont déjà eu lieu: outre Rusal, l’indien Hindalco va acquérir l’américain Novelis pour 6 milliards de dollars.

“L’offre fait sens à plusieurs niveaux”, relève Kimberly DuBord, analyste pour le site financier Briefing. “Alcoa a récemment restructuré ses activités, réduit ses coûts et cédé plusieurs actifs pour se concentrer sur l’aluminium afin de profiter du boom de la demande”.

“Une offre hostile était la meilleure option”, ajoute cette analyste, rappelant que “la demande en aluminium s’accélère”, et que “plusieurs candidats” potentiels convoitent Alcan.

Sur ce point, Alcoa s’est dit “confiant” et “prêt” à contrer une éventuelle surenchère, anticipée par les marchés vu l’ascension du titre Alcan en Bourse.

Selon M. Belda, l’ensemble Alcoa-Alcan doit rivaliser avec Rusal mais aussi avec la Chine, pays dont la forte croissance en fait à la fois un gros consommateur d’aluminium et un fournisseur en plein essor.

 08/05/2007 10:38:36 – © 2007 AFP