La Tunisie améliore son rating souverain : Portée de l’événement

bct1604.jpgLa
Tunisie va sortir, cette année, sur le marché financier international privé.
La nouvelle a été annoncée, vendredi 6 avril 2007, à Tunis, par le
gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Taoufik Baccar.

L’année dernière, la
Tunisie s’est abstenue de sortir en raison du maintien de la notation
souveraine du pays BBB+. Cette année, la notation financière de la Tunisie a
évolué positivement.

Fin
mars 2007, l’Agence japonaise de notation «Rating and Investment  (R&I)»,
une des quatre principales agences du monde aux côtés des deux américaines
Moody’s et Standard and Poor’s et l’européenne Fitch Rating, a décidé
d’améliorer la notation du risque souverain de la Tunisie pour ses émissions
obligatoires en monnaies étrangères de ‘’BBB+’’ à ‘’A’’ avec perspective
stable.

Les
autorités tunisiennes ont pris la décision de valoriser cette distinction
qui va hisser la Tunisie au rang des pays émergents les plus dynamiques.

En
accédant au grade ‘’A’’, la Tunisie fait désormais jeu égal avec des pays
comme la Tchéquie (A-), la Slovaquie (A-), la Hongrie (A-), l’Afrique du sud
(A-). Elle fait mieux que la Pologne (BBB+), le Mexique (BBB) et l’Inde (BBB).

Concrètement, la Tunisie se propose d’optimiser l’exploitation de cette
amélioration du rating souverain du pays pour émettre sur le marché
financier international, probablement le marché Samouraï, un emprunt
obligatoire d’un montant de 400 à 430 millions de dinars. Cet emprunt sera
utilisé pour réduire la dette extérieure.

Plus
exactement encore, il s’agit de rembourser, par anticipation, le solde de
crédits contractés auprès de la Banque africaine de développement (BAD) à
des taux assez élevés.

Certains seraient tentés de dire pourquoi contracte-t-on une nouvelle
créance pour payer une ancienne ? En fait, en se hissant au grade ‘’A’’ qui
signifie globalement, une capacité moyenne de rembourser la dette
extérieure, la Tunisie va bénéficier d’une prime de risque moins élevée
exigée par les investisseurs, et partant, de crédits à des taux d’intérêt
moins élevés qu’auparavant.

Car
l’échelle de notation, qui va de AAA (triple A : qualité maximale) à C
(grand danger de défaut), respecte toujours cette règle élémentaire : plus
la notation financière est basse, plus la prime du risque sera élevée et son
corollaire des taux d’intérêt plus élevés.

Conséquence : la Tunisie va bénéficier, avec cette amélioration de la
notation, d’un meilleur accès au marché financier international qui va lui
permettre de disposer de ressources plus substantielles propres à l’aider à
rembourser sa dette extérieure dans des conditions non contraignantes, et
peut-être même à dégager un petit excédent.

C’est pourquoi, la notation financière des agences de notation est de nos
jours d’un grand enjeu pour tous les pays et pour leurs entreprises.

Est-ce nécessaire de le rappeler ? La notation souveraine peut effectivement
influer sur la notation des entreprises locales et leurs limites
d’endettement. Les agences de rating peuvent, effectivement, considérer
qu’une entreprise travaillant principalement dans un pays ne saurait, quelle
que soit sa solidité financière, dépasser les limites liées à la politique
monétaire, fiscale. C’est pour dire, dans une économie globale, le risque ne
peut être que global.

Moralité: la notation financière constitue, pour les investisseurs, un
critère clé dans l’estimation du risque que comporte tout placement à
l’étranger, particulièrement dans le cadre de marchés financiers de plus en
plus globaux qui rendent difficile la maîtrise de l’information et donc de
tous les paramètres de risque.

Néanmoins, avec cette amélioration de sa notation souveraine, la Tunisie a
pris le risque de s’inscrire dans une dynamique évolutive irréversible. Car,
tout recul aura des répercussions néfastes sur l’économie du pays.

En
effet, les notations financières sont devenues un élément tellement
essentiel des marchés financiers que l’annonce par une agence de la baisse
d’une notation a un impact immédiat sur le coût de financement d’un Etat ou
d’une entreprise.