A son plus haut de l’année, l’euro revient dans la campagne présidentielle

 
 
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Le siège de la Banque centrale européenne à Francfort (Photo : John MacDougall)

[16/03/2007 17:14:33] LONDRES (AFP) L’euro est remonté vendredi à son plus haut niveau depuis trois mois face au dollar, au moment où le candidat à l’élection présidentielle française Nicolas Sarkozy relance les attaques contre la vigueur de la monnaie unique et sa gestion par la Banque centrale européenne.

L’euro a grimpé en matinée jusqu’à 1,3340 dollar, au plus haut depuis le 8 décembre. Il n’est plus très loin de son pic de l’année 2006, atteint à 1,3367 dollar le 4 décembre.

Les conséquences de la vigueur de l’euro pour l’économie européenne sont un sujet de débat récurrent sur le continent. En fin d’année dernière, quand l’euro était sorti de ses marges d’évolution récentes pour passer la barre de 1,30 dollar, la classe politique française était déjà montée au créneau.

Le Premier ministre Dominique de Villepin avait appelé l’Union européenne à se doter d’une “véritable stratégie de change”, rejoint par son ministre de l’Economie et des Finances Thierry Breton comme par des membres de l’opposition socialiste.

Cette semaine, c’est le candidat UMP à l’élection présidentielle Nicolas Sarkozy qui est revenu à la charge pour fustiger sans la nommer la Banque centrale européenne (BCE), en affirmant qu’il “n’acceptait pas la façon dont est gérée” la monnaie unique.

M. Sarkozy a également évoqué les difficultés posées à Airbus par le taux de change élevé de l’euro, faisant écho à des propos du patron de l’avionneur européen, Louis Gallois.

EADS, la maison mère d’Airbus, a dégagé ses plus gros bénéfices en 2005, année pendant laquelle l’euro a enregistré sa moyenne la plus élevée face au dollar depuis sa création, avec un record de commandes pour l’avionneur.

Le plaidoyer de M. Sarkozy pour une politique active de change jure avec la position officielle des grandes puissances du G7, dont la France fait partie, qui est de laisser le marché fixer les taux entre les devises.

“Comment peut-on d’un côté faire la leçon à la Chine et au Japon (à qui l’on reproche leur interventionnisme monétaire, ndlr), et, de l’autre, essayer de manipuler ou d’orienter les taux de changes en zone euro ?”, s’interroge ainsi l’économiste d’une banque d’affaires à Londres ayant requis l’anonymat.

Les propos récents de M. Sarkozy se démarquent également de la discipline observée par d’autres puissances européennes membres de la zone euro, comme l’Allemagne, à l’égard de la BCE. Des économistes ont jugé vendredi cette sortie du candidat à la présidentielle très “française” et éminemment politique.

Elle a “pour objet de gagner des voix, du côté des syndicats ou dans le secteur industriel. La validité de l’argument économique est très faible”, estime par exemple Lucy Hartiss, de Capital Economics.

“Certains secteurs sont certes exposés à un euro fort, mais le problème du défaut de compétitivité de l’économie française n’est pas là”, ajoute-t-elle, pointant plutôt le coût du travail et la productivité.

“Le taux de change n’est qu’un coût parmi d’autres”, analyse l’économiste londonien ayant requis l’anonymat. “Mais il est plus facile pour un homme politique de vouloir toucher au taux de change qu’au salaire minimum par exemple”, souligne-t-il.

Jeudi, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia, a regretté l’absence de “vision commune” des ministres des Finances qui forment l’Eurogroupe, qu’il a opposée à l’unanimité qui prévaut au conseil des gouverneurs de la BCE.

 16/03/2007 17:14:33 – © 2007 AFP