Nikko Cordial échappe à l’expulsion de la Bourse de Tokyo à la surprise générale

 
 
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Le siège de la maison de courtage Nikko Cordial, le 12 mars 2007 à Tokyo (Photo : Toru Yamanaka)

[12/03/2007 11:27:07] TOKYO (AFP) La Bourse de Tokyo a autorisé lundi la troisième maison de courtage du Japon, Nikko Cordial, à rester cotée sur le marché malgré les fraudes comptables dont elle s’est rendue coupable, un coup de théâtre qui pourrait compliquer l’OPA lancée par le géant américain Citigroup.

Cette décision clémente constitue une surprise, de nombreux médias japonais donnant pour sûr depuis des semaines que la société, sous le coup d’une procédure disciplinaire depuis décembre, allait être chassée du marché.

La clémence de la Bourse tokyoïte risque de compliquer les plans de la banque américaine Citigroup, le premier actionnaire de Nikko Cordial (4,9% du capital), qui a lancé le 6 mars une offre publique d’achat (OPA) amicale de 1.253 milliards de yens (8,12 milliards d’euros) visant la totalité des actions qu’elle ne possède pas encore.

Citigroup propose 1.350 yens par titre, un prix décidé alors que l’expulsion de Nikko Cordial du marché semblait quasiment inéluctable.

Mais, avant même de connaître le verdict de la Bourse de Tokyo lundi, plusieurs fonds d’investissement contrôlant environ le quart du capital avaient déjà jugé le montant de l’offre insuffisant et exigé son relèvement.

Les arguments de ces actionnaires récalcitrants risquent d’être renforcés, maintenant que Nikko Cordial a échappé à l’éviction de la Bourse et aux graves difficultés financières et d’image que cette sanction aurait entraîné.

“Si la Bourse de Tokyo avait opté pour une radiation, la valeur (de Nikko Cordial) aurait chuté”, ce qui aurait augmenté les chances de réussite de l’OPA de Citigroup”, a commenté Naoko Nemoto, analyste chez Standard & Poor’s, ajoutant que “le marché a le sentiment que le prix de l’offre est trop bas”.

“Citigroup devrait relever son offre et je suis sûr qu’il le fera. Les actionnaires de Nikko ne refusent pas d’emblée l’OPA. C’est juste un problème de prix trop faible”, a estimé Kenichi Azuma, analyste chez Cosmo Securities.

Nikko Cordial avait avoué en décembre avoir sciemment truqué ses comptes de l’exercice 2004-2005, au moyen d’un complexe jeu d’écritures entre deux de ses filiales. Elle avait annoncé un bénéfice net de 46,94 milliards de yens, alors que ce profit ne se montait en réalité qu’à 34,14 milliards.

Les deux plus hauts dirigeants de la maison de courtage ont démissionné, et les autorités ont infligé à Nikko Cordial une amende record de 500 millions de yens (3,23 millions d’euros).

Une expulsion de la Bourse de Tokyo aurait constitué un châtiment sans précédent pour une valeur vedette japonaise.

“Il est vrai que le groupe Nikko Cordial s’est mal comporté. Mais nous n’en avons pas conclu que Nikko Cordial en tant que société cotée ait agi de façon intentionnelle et systématique” pour berner les investisseurs, a expliqué lors d’une conférence de presse le président de la Bourse de Tokyo, Taizo Nishimuro.

“Une sanction trop sévère sèmerait le chaos sur le marché”, a-t-il argué, ajoutant que son désir était avant tout de protéger les petits porteurs.

Il a fustigé les médias pour avoir affirmé, à tort, que Nikko Cordial allait être expulsée de la Bourse.

“Il est très regrettable que les médias aient induit l’opinion publique en erreur”, a-t-il critiqué.

 12/03/2007 11:27:07 – © 2007 AFP