Le yen poursuit sa remontée sur fond d’incertitude boursière

 
 
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Tableau indiquant le marché des changes à Tokyo le 5 mars 2007 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[05/03/2007 22:19:43] NEW YORK (AFP) La tempête qui souffle sur les Bourses mondiales profite au yen, qui a repris environ 5% à l’euro et au dollar en une semaine, les investisseurs, réticents à prendre des risques, ne le jouant plus à la baisse et soldant leurs positions spéculatives.

La devise japonaise, que des responsables européens, craignant pour leur économie, avaient jugée sous-évaluée ces dernières semaines, est remontée lundi au plus haut depuis le 24 novembre face à l’euro, à 151,23 yens, et depuis le 8 décembre face au dollar, à 115,16 yens.

Elle était proche de ses plus hauts de la journée vers 22H00 GMT, cotant 151,25 yens pour un euro et 115,56 yens pour un dollar.

Le yen avait reculé depuis le début de l’année dans le cadre du “carry-trade”, une pratique qui consiste à gagner de l’argent en jouant sur les différences de taux d’intérêt entre les pays.

Les cambistes avaient emprunté des yens à court terme, à peu de frais puisque les taux de la Banque du Japon sont de 0,5%, pour investir dans des devises plus rentables, comme l’euro ou le dollar, qui rapportent actuellement un intérêt de 3,5% en Europe et de 5,25% aux Etats-Unis.

Mais la volatilité qui règne sur les marchés financiers depuis mardi dernier rend l’évolution des taux d’intérêt incertaine et incite à liquider ces positions, selon les économistes.

“La liquidation des positions en yens reste de mise sur le marché des changes alors que les investisseurs cherchent à réduire les risques engendrés par la volatilité des Bourses”, constate Derek Halpenny, de la Bank of Tokyo-Mitsubishi à Londres.

“Aussi longtemps que les Bourses resteront volatiles et que les actions continueront de reculer, la liquidation des positions de carry-trade sur le yen devrait se poursuivre”, prévoit Masafumi Yamamoto, de Citigroup.

De ce fait, les devises où l’argent du “carry-trade” avait été placé, comme l’euro et le dollar, la livre sterling, le dollar néo-zélandais, la lire turque ou la couronne islandaise, sont en nette baisse. A l’inverse, le franc suisse et le yen, qui ont servi de monnaie d’emprunt, rebondissent.

Tout en le voyant se poursuivre, les économistes relativisaient cependant lundi l’ampleur du mouvement de correction que connaît actuellement la sphère financière mondiale.

“Le marché va rester prudent cette semaine, mais nous ne sommes pas convaincus d’assister à une répétition de la correction que nous avons vue en mai/juin dernier”, a indiqué Gavin Friend, de la Commerzbank.

“Plusieurs responsables monétaires, dont Ben Bernanke, William Poole et Hiroshi Watanabe (respectivement président de la Réserve fédérale américaine, président de la Réserve fédérale de Saint-Louis et vice-ministre japonais des Finances, ndlr) ont déjà nuancé les mouvements boursiers et le dollar a été soutenu par des indicateurs économiques américains favorables”, ajoute-t-il.

Selon lui, le billet vert pourrait d’ailleurs profiter cette semaine du rapport mensuel sur l’emploi aux Etats-Unis, attendu vendredi, d’autant plus qu’en Europe, la réunion de politique monétaire ne devrait apporter aucune surprise jeudi, la BCE ayant déjà programmé une hausse de ses taux à 3,75%. Comme d’autres, l’économiste exclut que Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, n’annonce clairement une autre hausse à court terme.

L’euro est passé sous 1,31 dollar lundi, pour la première fois en deux semaines. Il cotait 1,3088 dollar vers 22H00 GMT, contre 1,3191 dollar vendredi soir.

 05/03/2007 22:19:43 – © 2007 AFP