Aéronautique en Inde : la France tente de tirer son épingle du jeu

 
 
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Des chasseurs Mirage 2000 français, exposés à Bangalore le 8 février 2007 (Photo : Dibyangshu Sarkar)

[10/02/2007 08:51:40] BANGALORE (AFP) L’industrie française de la défense et de l’aéronautique tente de tirer son épingle du jeu sur le juteux marché de l’aviation militaire en Inde, historiquement dominé par la Russie et aujourd’hui convoité par les Etats-Unis.

Trente-sept sociétés françaises sont présentes jusqu’à dimanche au salon aéronautique Aero India de Bangalore (sud), formant la plus grosse délégation européenne, emmenée par Dassault Aviation, Thales, Safran et de nombreuses PME.

La France est le troisième fournisseur d’armes de l’Inde, un marché qui représentera 30 milliards de dollars de contrats entre 2007 et 2012.

Dans l’aéronautique militaire, l’armée de l’air indienne possède 52 chasseurs Mirage 2000 français, en plus de ses MiG et Sukhoï russes.

“Pour les Indiens, les Mirage sont de véritables joyaux”, a assuré François Dupont, directeur de Thales en Inde. Aux côtés de Dassault, le groupe d’électronique compte décrocher un contrat de rénovation de ces avions de combat, a-t-il dit.

Surtout, la France espère ne pas tout perdre dans la course internationale pour moderniser la flotte de l’armée de l’air indienne.

A Bangalore, l’Inde a promis de lancer “au plus vite” un appel d’offres de neuf milliards de dollars pour 126 avions de combat. Une compétition attendue depuis plus de deux ans.

Elle opposerait le Rafale de Dassault, l’Eurofighter européen, le F/A-18E/F Super Hornet de l’américain Boeing, le F-16 de Lockheed Martin, le MiG-35 russe et le Gripen du suédois Saab.

Mais Dassault, qui ne croit pas à une ouverture prochaine de cet appel d’offres, va proposer directement au gouvernement indien la vente négociée de gré à gré de 40 Rafale.

“Notre offre est appuyée par le gouvernement français. Nous sommes persuadés que les Indiens vont l’étudier de près”, a déclaré Yves Bornins, directeur de la communication de l’avionneur.

Sauf que l’Inde compte boucler d’ici à mars l’achat de 40 chasseurs Sukhoï-30 russes supplémentaires pour 1,6 milliard de dollars, a annoncé le chef de l’armée de l’air.

Et, à en croire des professionnels, la bataille pour les chasseurs indiens sera “américano-russe”. A Bangalore, Boeing et Lockheed Martin ont martelé que leurs F-18 et F-16 étaient au-dessus du lot. Les Russes ont dit compter sur leur “amitié” avec les Indiens, remontant à la Guerre froide.

“La Russie a pour elle le poids de l’Histoire et il faut maintenant compter avec les Américains, mais la France peut tirer son épingle du jeu”, a estimé Manod Jinnuri, vice-président pour le développement de Thales en Inde.

“Les groupes français ont une carte à jouer”, a renchéri Gregory Hamilton de la revue américaine Aviation Week.

Par exemple, Safran, associé au constructeur aéronautique indien HAL, va démarrer la production locale de pièces d’un moteur d’avion.

“On est prêt à développer, en partenariat avec HAL, un moteur pour un avion de chasse, un projet d’un milliard d’euros concurrent d’un moteur russe”, a dit Vincent Gorry, patron de Safran pour l’Asie du Sud.

Les Français misent aussi sur l’aviation civile. L’avionneur franco-italien ATR va ouvrir avec la compagnie Air Deccan un centre de formation de pilotes à Bangalore. Thales a remporté un contrat pour fournir à une société indienne des simulateurs de vol d’appareils de Boeing et d’Airbus.

Le transport aérien en Inde enregistrera la plus forte croissance au monde au cours des dix prochaines années, pronostiquent Boeing et Airbus.

“Nous avons contribué au développement de l’aéronautique militaire. C’est une bonne base pour se concentrer maintenant sur l’aviation civile”, a plaidé M. Gorry.

 10/02/2007 08:51:40 – © 2007 AFP