Bruxelles trouve un compromis pour réduire les émissions de CO2 des voitures

 
 
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Bouchon sur l’autoroute près de Perpignan le 29 juillet 2006 (Photo : Lionel Bonaventure)

[07/02/2007 11:07:21] BRUXELLES (AFP) Après plusieurs semaines de controverses, la Commission européenne présente mercredi ses propositions pour contraindre l’industrie automobile à réduire plus fortement ses émissions de CO2, un test de la détermination de l’UE à lutter contre le changement climatique.

Selon des sources européennes, la Commission va suggérer de légiférer au niveau européen pour réduire les émissions des voitures vendues en Europe d’ici 2012 à 120 grammes de de CO2 au kilomètre.

Les émissions du moteur lui-même devront être réduites à 130 grammes contre 160 actuellement. Dix autres grammes seront gagnés par une amélioration des pneumatiques, une climatisation moins consommatrice de carburant, la mise en place d’indicateurs de changement de vitesse — pour éviter les sur-régimes — et un recours accru aux biocarburants.

En 1998-1999, tous les constructeurs vendant en Europe s’étaient engagés à ce que leurs voitures ne dégagent pas plus de 140 grammes de CO2/km en moyenne d’ici 2008-09, soit une consommation de 5,25 litres de diesel ou 5,8 litres d’essence aux 100 km dans des conditions de test.

Mais en 2005 la moyenne des émissions — plus importantes pour une grosse berline, une voiture de sport ou un 4X4 que pour une petite cylindrée — se situait encore à 162 g/km, ce qui montre aux yeux de Bruxelles que le volontariat ne suffit pas et qu’il faut légiférer.

L’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) refuse la responsabilité de cet échec. Elle estime que le retard pris est dû “à une forte demande des clients pour des véhicules plus grands et plus sûrs et un accueil décevant des consommateurs pour les modèles très économes en carburant”.

Mais, de fait, les émissions du transport routier ont augmenté de 30% depuis 1990 et représentent maintenant plus du quart des émissions de CO2 de l’UE, la moitié étant due aux voitures particulières.

“Cela remet en cause les progrès obtenus péniblement dans d’autres secteurs pour respecter les objectifs de l’UE dans le cadre du protocole de Kyoto”, selon Jos Delbeke, en charge du changement climatique à la Commission.

Dans le cadre de Kyoto, l’UE doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 8% en 2012 par rapport à 1990, et la Commission propose que les pays développés se fixent un objectif de 30% pour 2020, comparé toujours à 1990.

Initialement, le commissaire à l’Environnement Stavros Dimas voulait que la réduction à 120 grammes repose uniquement sur un ajustement de la technologie moteur. Mais il a dû trouver un compromis avec son homologue à l’Industrie, Günter Verheugen, qui voulait ménager les constructeurs.

Dans l’entourage de M. Dimas, on se dit cependant “très satisfait” du compromis dans la mesure où “l’essentiel de l’effort reposera sur les constructeurs” et où certaines idées “non mesurables”, de M. Verheugen, comme “l’amélioration du style de conduite ou de la qualité des infrastructures ont été rejetées”.

Le débat a pris une ampleur considérable en Allemagne ces derniers jours où les patrons de Daimler-Chrysler, BMW, Volkswagen, Opel et Ford Allemagne ont mis en avant le risque de pertes d’emplois dans la production des voitures de grosse cylindrée, les plus polluantes. Des craintes relayées par la chancelière Angela Merkel qui a réclamé un objectif différencié suivant la classe des automobiles.

Cet argument est jugé sans fondement par les écologistes dans la mesure où la Commission ne parlera mercredi que d’une moyenne pour le parc automobile dans son ensemble.

Cette question d’un objectif différencié pourrait cependant revenir fin 2007, lorsque la Commission proposera de traduire sa stratégie dans une proposition législative. Celle-ci devra être adoptée par les 27 et le Parlement européen, ce qui prendra encore une année minimum.

 07/02/2007 11:07:21 – © 2007 AFP