Peter Hartz, l’ancien DRH de Volkswagen, jugé en Allemagne pour corruption

 
 
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L’ex-directeur des ressources humaines de Volkswagen, Peter Hartz, lors de l’ouverture de son procès pour corruption, le 17 janvier 2007 à Brunswick (Photo : Jochen Luebke)

[17/01/2007 17:27:07] FRANCFORT (AFP) L’ancien directeur des ressources humaines de Volkswagen a dû rendre des comptes devant la justice mercredi dans une vaste affaire de corruption, mêlant prostituées et pots-de-vin, qui a mis en lumière de graves problèmes de gestion chez le constructeur allemand.

A son arrivée au tribunal de Brunswick (nord), Peter Hartz a eu droit à un traitement spécial. “Canaille”, “social-traître”, ont hurlé une dizaine de militants d’une association de chômeurs.

L’ancien DRH âgé de 65 ans s’est fait un nom chez Volkswagen en sauvant près de 30.000 emplois dans les années 1990 grâce à une organisation révolutionnaire du temps de travail.

Intime du chancelier Gerhard Schröder, M. Peter Hartz a ensuite donné son nom à une série de réformes profondes du marché du travail sous la dernière législature de gauche. La dernière loi, dite “Hartz IV”, a entraîné une forte baisse des allocations chômage, d’où son impopularité auprès des demandeurs d’emploi.

M. Hartz est officiellement inculpé pour “abus de confiance” et “traitements de faveur”. Concrètement, il est soupçonné d’avoir mis en place un vaste système de corruption pour acheter la paix sociale dans l’entreprise.

Pendant de longues années, la direction des ressources humaines aurait entretenu une caisse noire pour payer des prostituées ou des voyages exotiques aux représentants du personnel.

Principal bénéficiaire des largesses de la DRH, le président du comité d’entreprise, Klaus Volkert, aurait touché près de deux millions d’euros de primes injustifiées.

Le scandale a fait la une de la presse allemande, qui a évoqué en long en large et en travers les détails les plus croustillants. M. Hartz aurait lui-même participé à plusieurs parties fines à Brunswick dans une maison close baptisée “Sexworld” et au “Lapa Palace”, un des plus beaux hôtels de Lisbonne. Costume noire, cravate bleue: malgré les soupçons qui pèsent sur lui, M. Hartz avait l’air plutôt détendu mercredi. Au maximum, l’ex-dirigeant risque seulement deux ans de prison avec sursis et une forte amende. Le jugement est attendu le 25 janvier.

Le procureur, Hildegard Wolff, a en effet accepté de ne pas mentionner l’existence de prostituées dans l’acte d’accusation. En échange, l’accusé a passé des aveux complets sur les autres faits qui lui sont reprochés.

“Mon client avoue tous les actes évoqués dans l’acte d’accusation. Il reconnaît avoir commis des actes hors du cadre de la loi et donc répréhensibles”, a déclaré l’avocat de M. Hartz, Egon Müller, lors de l’audience.

La dimension la plus intéressante de “l’affaire Volkswagen” est sans doute économique et sociale. Les dérives chez le constructeur ont mis en lumière les limites du système dit de “cogestion” en Allemagne, qui accorde des pouvoirs très importants aux représentants des salariés dans l’entreprise.

Chez Volkswagen comme dans les autres grands groupes allemands, les représentants du personnel contrôlent la moitié des mandats au conseil de surveillance et pèsent sur toutes les grandes décisions.

Les libéraux du FDP et une partie de la droite conservatrice (CDU/CSU) ont profité du scandale pour demander une réforme profonde du système, en affirmant que les dérives n’auraient pas eu lieu si les syndicats avaient eu moins de pouvoirs.

Mercredi, l’avocat de M. Hartz a défendu les vertus du dialogue social. “Le directoire et le comité d’entreprise ont toujours travaillé main dans la main pour le bien de l’entreprise et des salariés”, a-t-il expliqué. “Mais ce climat de confiance mutuelle avait aussi des inconvénients”, notamment parce qu’il n’y avait aucun contrôle sur les dépenses, a-t-il reconnu.

 17/01/2007 17:27:07 – © 2007 AFP