Acier : CSN et Tata Steel font de la surenchère pour remporter Corus

 
 
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Le logo de Corus

[11/12/2006 13:50:22] LONDRES (AFP) La course au rachat du sidérurgiste britannique Corus s’accélère entre l’indien Tata Steel et le brésilien CSN, confirmant, sur fond de consolidation de l’acier mondial, l’essor des économies émergentes après le rachat d’Arcelor par Mittal et celui d’Oregon par Evraz.

Les deux groupes ont surenchéri en quelques heures, entre dimanche et lundi, pour mettre la main sur leur concurrent. CSN a pris l’avantage pour l’instant avec une OPA valorisant Corus à “environ 5,8 milliards de livres” (8,6 milliards d’euros), dette comprise, acceptée par la direction britannique.

Dimanche, cette dernière avait pourtant accepté une OPA de Tata Steel qui la valorisait à 5,6 milliards. Mais Corus, qui avait initialement accepté en octobre d’être racheté par le groupe indien pour 5,1 milliards, joue clairement le jeu des enchères depuis qu’il a été approché par le brésilien en novembre avec une offre d’achat informelle de 5,3 milliards.

Prenant acte de ce retournement de situation, Tata Steel a indiqué lundi qu’il “examinait sa position et ferait une nouvelle annonce en temps voulu”, alimentant les espoirs de bataille boursière prolongée.

L’action Corus a ainsi grimpé au plus haut depuis six ans et demi à la mi-journée à la Bourse de Londres, à 527,25 pence.

Les actionnaires de Corus doivent se prononcer sur les différentes OPA lors d’une assemblée générale extraordinaire le 20 décembre.

Une fusion entre Corus et CSN, qui emploient respectivement 41.000 et 8.000 personnes, donnerait naissance au numéro cinq mondial de l’acier avec une production annuelle de 24 millions de tonnes, selon les deux groupes.

La bataille que se livrent CSN et Tata illustre une nouvelle fois la montée en puissance des pays émergents sur la scène économique internationale, aux dépens des vieilles puissances traditionnelles et dans un secteur – la métallurgie – qui a longtemps fait leur force.

La tendance avait été amorcée en début d’année avec le rachat du sidérurgiste européen Arcelor par le numéro un mondial du secteur, Mittal Steel, un empire étendu aux quatre coins du monde par l’homme d’affaires indien Lakshmi Mittal. Elle s’est confirmée en novembre avec le rachat de l’américain Oregon Steel Mills par le russe Evraz, pour 2,3 milliards de dollars.

Selon le cabinet d’études britannique Meps, ces groupes sont désormais en position d’acheteurs car ils ont accès directement dans leurs pays aux matières premières de l’acier, en particulier le minerai de fer dont le prix, qui a doublé depuis trois ans, pèse sur les bénéfices des producteurs qui doivent l’acheter aux compagnies minières.

“La production d’acier brut se déplace progressivement des grosses régions de consommation vers les pays riches en matières premières”, indique un rapport de Meps sur la production du secteur à l’horizon 2010, publié fin novembre.

“Les sociétés qui ont accès à leurs propres matières premières ferreuses sont de plus en plus à même d’imposer leur loi sur le marché. C’est ainsi que Tata Steel peut proposer d’acheter Corus – une entreprise trois fois plus grosse qu’elle – et non l’inverse”, poursuit le rapport.

La même logique opère derrière la tentative de CSN: en fusionnant avec lui, Corus aurait accès au minerai de fer que le brésilien produit dans sa mine de Casa de Pedra, et dont la production est estimée à 50 millions de tonnes par an à l’horizon 2010. Le britannique gagnerait aussi de nouveaux débouchés sur des marchés en pleine croissance, qu’il s’agisse de l’Inde ou du Brésil.

 11/12/2006 13:50:22 – © 2006 AFP