Pour financer l’A350, Airbus pourrait entrouvrir la porte de son capital

 
 
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Les deux présidents d’EADS Louis Gallois (D) et Thomas Enders avec une maquette de l’A350 le 18 juillet 2006 au salon aéronautique de Farnborough (Photo : Leon Neal)

[16/11/2006 15:17:37] PARIS (AFP) Airbus est au centre d’insistantes rumeurs faisant état d’une possible entrée à son capital d’actionnaires étrangers, notamment des pays du Golfe, alors que l’avionneur européen cherche à boucler le financement de son nouveau projet de long-courrier A350.

“Des investisseurs du Golfe s’intéressent à une participation dans Airbus”, affirmait jeudi une source française proche du dossier, confirmant partiellement des informations publiées par Les Echos.

D’après le quotidien, la maison mère de l’avionneur, EADS, serait prête à ouvrir le capital de sa filiale à 100% à des fonds d’investissement des Emirats Arabes Unis, gros clients d’Airbus, qui reprendraient une partie des 20% dans Airbus rachetés par le groupe européen à BAE Systems, pour 2,75 milliards d’euros.

Les négociations seraient déjà bien avancées avec le fonds d’investissement Dubai International Capital (DIC). La rumeur de son entrée au capital d’EADS a provoqué l’envolée de son titre en fin de semaine dernière. Les discussions seraient également avancées avec Qatar Investment Authority, son équivalent de Doha.

L’opération prendrait la forme d’une augmentation de capital réservée et pourrait être bouclée d’ici la fin de l’année.

Ces deux fonds sont chacun liés à l’un des actionnaires-clés d’EADS: DIC possède 2% de DaimlerChrysler tandis que Qatar Investment Authority détient quelque 6% de Lagardère.

Des informations démenties par un porte-parole d’EADS. “C’est de la pure spéculation. EADS dément offrir une partie du capital d’Airbus à des investisseurs”, a-t-il déclaré.

DIC n’a pas souhaité commenter. Quant à une entrée dans le capital d’EADS, son directeur exécutif, Sameer al-Ansari, reste évasif. “En ce moment, DIC n’a pas l’intention d’acquérir des parts à EADS”, mais ce dernier pourrait être “une éventuelle opportunité d’investissement” à l’avenir, affirmait-il samedi.

Outre les investisseurs du Golfe, le groupe européen voudrait convaincre la banque publique russe VTB d’échanger sa participation dans EADS, estimée à 7,2%, contre une place chez Airbus, avancent Les Echos. Un telle opération permettrait de limiter l’accès des Russes aux activités de défense, tout en leur offrant une coopération accrue dans l’aéronautique civile, où Moscou affiche de grandes ambitions.

Ces rumeurs interviennent à l’heure où Airbus et EADS ont un besoin criant d’argent frais pour financer le projet A350. La question du lancement industriel du long-courrier doit être tranchée par les administrateurs d’EADS fin novembre.

Le nouvel avion, destiné à concurrencer le 787 de l’américain Boeing, devrait coûter entre 9 et 10 milliards d’euros.

Or, les finances du groupe européen d’aéronautique et de défense souffrent des ratés du programme de l’avion géant A380, qui accuse désormais un retard de 2 ans.

EADS vient d’encaisser le premier choc financier lié à ces retards, en inscrivant un milliard d’euros de charges qui ont fait plonger ses comptes trimestriels dans le rouge pour la première fois depuis trois ans.

La faiblesse du dollar face à l’euro pénalise également le groupe, avec un impact négatif prévu d’un milliard sur l’ensemble de l’année.

Dans ce contexte, l’entrée en scène de nouveaux actionnaires ouvrirait de nouvelles perspectives de financement et permettrait à l’avionneur d’éviter un recours à des avances remboursables européennes qui risquerait d’envenimer la féroce bataille qui oppose à ce sujet Washington et Bruxelles à l’OMC.

En attendant, pour alléger la facture de l’A350, Airbus a d’ores et déjà décidé de faire participer des partenaires étrangers à hauteur de 40% du projet, contre 15% pour l’A380.

 16/11/2006 15:17:37 – © 2006 AFP