La Pologne bloque le début des négociations sur un nouvel accord UE-Russie

 
 
SGE.LEY75.131106145539.photo00.quicklook.default-245x162.jpg
La ministre des Affaires étrangères polonaise Anna Fotyga (g) et son homologue hongroise Kinga Goncz, le 13 novembre 2006 à Bruxelles (Photo : John Thys)

[13/11/2006 15:00:19] BRUXELLES (AFP) La Pologne, un des pays de l’UE les plus méfiants envers Moscou, a encore bloqué lundi un accord des 25 qui permettrait de démarrer les négociations pour un nouveau partenariat UE-Russie, que les Européens estiment crucial pour leur sécurité énergétique.

La Pologne “n’a pas levé ses réserves” pendant des discussions entre les ministres européens des Affaires étrangères lundi à Bruxelles, a indiqué la commissaire européenne aux Relations extérieures Benita Ferrero-Waldner.

La question sera donc à nouveau abordée à la prochaine réunion des ambassadeurs des 25, mercredi à Bruxelles, a précisé la présidence finlandaise de l’UE.

L’UE espère en effet surmonter le veto polonais avant le sommet UE-Russie du 24 novembre à Helsinki, afin de donner avec le président Vladimir Poutine le coup d’envoi formel aux pourparlers sur le nouvel accord.

“J’espère que, d’ici au sommet UE-Russie, nous aurons une position commune”, a ajouté Mme Ferrero-Waldner, en soulignant que ce sommet aurait “naturellement lieu” même si l’UE n’avait pas encore trouvé d’accord à ce moment-là.

Plusieurs diplomates européens avaient expliqué la semaine dernière que la Pologne refusait d’approuver les grands objectifs qui doivent guider la Commission européenne dans ces négociations avec la Russie.

“Nous voulons que les relations entre la Russie et l’UE soient bonnes, mais nous voulons que ces relations concernent également la Pologne”, a justifié dimanche le Premier ministre polonais Jaroslaw Kaczynski.

Si la Russie devait continuer à ne “pas respecter” l’accord de partenariat actuel avec l’UE, “il est évident que nous allons bloquer” le nouvel accord, a ajouté le Premier ministre.

Un porte-parole polonais a confirmé vendredi que Varsovie insistait notamment pour voir figurer dans les objectifs de négociation l’exigence que Moscou ratifie la Charte de l’énergie.

D’autres pays de l’UE, comme la France et l’Allemagne, soulignent que lors du sommet européen de Lahti (Finlande) en octobre, les 25 avaient décidé de changer de tactique : au lieu de réclamer en vain la ratification de cette Charte par Moscou, l’UE préfère désormais essayer d’intégrer un maximum des principes de ce texte dans son accord de partenariat bilatéral.

Les principes que l’UE voudrait voir figurer dans cet accord sont en particulier l’accès aux hydrocarbures et aux oléoducs et gazoducs russes, la sécurité des investissements et la transparence du marché.

Varsovie insiste aussi pour que Moscou lève son embargo sur la viande polonaise, en vigueur depuis un an alors que la Pologne considère que les “problèmes mineurs” à son origine sont résolus.

“Nous sommes conscients des difficultés que cause à la Pologne cet embargo et nous compatissons”, a indiqué Mme Ferrero-Waldner. Mais elle a aussi souligné que la Commission faisait “tout son possible” pour aider la Pologne et qu’il s’agissait d’un problème “bilatéral” Moscou-Varsovie.

Le principal parti libéral polonais d’opposition Plateforme civique a critiqué la position du gouvernement.

“Je pense qu’il faut négocier dur avec la Russie mais pour obtenir quelque chose et non pour montrer une nouvelle fois notre visage courroucé”, a déclaré son président Donald Tusk.

Le nouvel accord de partenariat UE-Russie, qui doit comporter un volet énergétique clé pour des Européens très inquiets de leur dépendance envers les hydrocarbures russes, doit remplacer l’accord de partenariat actuel qui expire en novembre 2007.

Toutefois, si l’UE et la Russie n’arrivaient pas à un nouvel accord avant, le texte actuel resterait en vigueur.

 13/11/2006 15:00:19 – © 2006 AFP