Vivendi ne donne pas suite à une offre amicale du fonds américain KKR

 
 
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Logo de Vivendi (Photo : Bertrand Guay)

[04/11/2006 16:11:42] PARIS (AFP) Vivendi, objet de rumeurs récurrentes de rachat, a reçu une offre amicale du puissant fonds d’investissement américain KKR, mais les pourparlers n’ont pas débouché, a annoncé samedi le groupe français de médias et de télécoms.

Cette offre était d’un montant record de 40 milliards d’euros, selon la presse, une somme qui n’a pas été confirmée par Vivendi.

“Vivendi confirme avoir reçu une manifestation d’intérêt amicale de KKR et l’avoir étudiée”, a indiqué samedi le groupe dans un communiqué, à la suite d’informations parues dans le Financial Times et le New York Times en ligne.

“Cette étude (…) n’a pas débouché sur une proposition et a pris fin”, a ajouté le groupe. Alors que des fonds n’ont pas caché leur volonté de racheter le groupe pour le démanteler, Vivendi affirme que l’offre de KKR “garantissait le périmètre actuel” du groupe.

Le FT, citant une source proche du dossier, affirmait samedi matin que Vivendi et le fonds KKR (Kohlberg Kravis Roberts) avaient “tenu des discussions sérieuses il y a trois semaines”. “Mais les discussions, qui devaient encore être formellement examinées en conseil d’administration, ont tourné court notamment sur des questions fiscales”, ajoutait le quotidien économique.

Le gouvernement français avait garanti en 2004 à Vivendi, en difficultés financières, un régime fiscal favorable et le rachat par KKR aurait signé la fin de ce privilège, explique le FT. Ce régime dit du “bénéfice mondial consolidé” permet au groupe de réaliser des économies d’impôts.

KKR n’était pas joignable samedi pour commenter ces informations.

Avec 40 milliards d’euros, soit plus de 50 milliards de dollars, ce rachat par endettement (Leverage buy out, LBO), s’il s’était concrétisé, aurait été le plus important de ce type jamais réalisé dans le monde.

Le record actuel est détenu par un consortium d’investisseurs regroupant notamment KKR avec 33 milliards de dollars pour le rachat en juillet du groupe hospitalier américain Hospital Corporation of America (HCA).

Cette opération aurait représenté pour les actionnaires de Vivendi une prime d’environ 15% par rapport au cours de Bourse actuel du groupe français, valorisé à quelque 35 milliards d’euros.

Vivendi est depuis des mois l’objet de multiples rumeurs de rachat et de démantèlement en raison de sa structure de conglomérat qui provoquerait une sous-valorisation boursière.

Les activités du groupe, qui a dégagé en 2005 un bénéfice net de 3,154 milliards d’euros pour un chiffre d’affaires de 19,5 milliards, se répartissent entre les secteurs des médias, avec Canal+, et des télécommunications, avec SFR et Maroc Telecom. Il est aussi l’un des leaders mondiaux de la musique avec Universal Music.

En mai, le fonds Sebastian Holdings avait fait une offre d’achat de 38,6 milliards d’euros, rejetée par Vivendi.

KKR est l’un des fonds les plus puissants au monde. Il revendique plus de 140 transactions représentant 215 milliards de dollars depuis sa création en 1976.

Détenteur avec la holding Wendel Investissement de près de 60% du capital du groupe de matériel électrique Legrand, il a racheté à la mi-octobre PagesJaunes, l’ancienne filiale annuaires de France Télécom. Son nom a aussi été évoqué pour le rachat de la Fnac au groupe PPR.

Les fonds d’investissements, riches de centaines de milliards de dollars, n’ont jamais dépensé autant que cette année pour racheter des entreprises. Au cours des neuf premiers mois de 2006, les sommes engagées ont atteint 165 milliards de dollars, et elles dépasseront en fin d’année le record de 2005 (198 milliards de dollars), estimait récemment la revue Buyouts.com.

 04/11/2006 16:11:42 – © 2006 AFP