USA : pétrole et Chine propulsent le déficit commercial à un record en août

 
 
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Un camion dans le port de Los Angeles (Photo : David McNew)

[12/10/2006 14:46:12] WASHINGTON (AFP) Les Etats-Unis ont affiché un nouveau déficit commercial record en août, sous le poids conjugué d’un pétrole hors de prix et de l’appétit insatiable des consommateurs pour les produits chinois.

Le déficit commercial a atteint 69,9 milliards de dollars en août, soit 2,7% de plus que le mois précédent. C’est une déception pour les analystes, qui espéraient une baisse du “trou” commercial.

“La surprise est venue des importations, qui ont connu une hausse traumatisante”, souligne Stephen Gallagher de la Société Générale à New York.

Les importations ont augmenté de 2,4% à 192,3 milliards de dollars, et les exportations de 2,3% à 122,4 milliards.

Les Américains ont massivement importé des produits pétroliers en août, et cela a pesé sur la balance alors que le prix à l’importation du brut atteignait son plus haut niveau historique. Le déficit pétrolier a atteint le niveau record de 27,2 milliards de dollars.

Ce qui, paradoxalement, rassure les analystes.

“Nous devrions assister à une amélioration à l’avenir avec la baisse des prix du pétrole”, souligne Sal Guatieri de BMO Financial Group.

Les cours du brut ont atteint des sommets cette année, mais maintenant que la période estivale est passée, et avec elle la grosse demande en essence liée aux vacances, les prix ont amorcé une nette décrue.

La mauvaise performance d’août provient aussi du creusement du déficit vis-à-vis de la Chine, qui a augmenté de 12,2% à 22 milliards de dollars. C’est un niveau record, qui s’explique par les fortes importations de produits de consommation à bas prix qui inondent les Wal-Mart et autres supermarchés.

Ces chiffres font écho à ceux annoncés mercredi à Pékin : en septembre, l’excédent commercial chinois a doublé par rapport à septembre 2005.

Mais là aussi les analystes veulent voir un signe positif. Finalement, les consommateurs n’ont pas dit leur dernier mot.

“La vigueur des importations suscite l’optimisme sur la santé des dépenses de consommation et de l’investissement des entreprises”, assure M. Guatieri.

Or les dépenses des ménages sont cruciales pour la croissance américaine. Le niveau des importations devrait donc calmer les craintes de récession suscitées par le ralentissement de l’immobilier, qui avait permis une abondance de crédits et soutenu la consommation ces cinq dernières années.

Selon une étude publiée jeudi, la santé des consommateurs devrait se traduire par une saison des fêtes robuste pour les commerçants.

“Tous les baromètres indiquent que la saison des fêtes 2006 sera forte, au dessus de la moyenne, quoique peut-être pas autant que l’an dernier”, a assuré Michael Niemira, le chef économiste du Conseil international des centres commerciaux (ICSC) qui a réalisé l’étude.

Il reste toutefois que le déficit ne cesse de se creuser.

Il y a un an, en août 2005, le déséquilibre était de 58,7 milliards de dollars seulement : la dégradation a atteint 19% sur un an.

Ce creusement inquiète les partenaires des Etats-Unis qui voient le pays vivre au dessus de ses moyens et s’accomoder de “déficits jumeaux” (commercial et budgétaire) au financement fragile.

Du côté budgétaire cependant, les Etats-Unis ont annoncé une bonne nouvelle mercredi, avec la réduction du déficit à 248 milliards de dollars en 2006, soit 71 milliards de moins qu’un an auparavant.

Et les marchés semblent finalement peu inquiets de cette situation.

Le dollar, qui évolue à ses plus hauts niveaux face à l’euro depuis trois mois, n’a partiquement rien cédé après la publication de cette statistique. A 13H00 GMT, un euro valait 1,2536 dollar, contre 1,2517 dollar mercredi vers 21H00 GMT.

 12/10/2006 14:46:12 – © 2006 AFP