Ramadaneries, 2ème épisode

 
 

fat200.jpgJe l’ai pressenti depuis
quelques semaines déjà. Je savais que ce ramadan allait être difficile et
allait ramener son lot d’âneries humaines. Mais il semblerait que les
événements de ce ramadan 2006 aient dépassé mes attentes bien que celles-ci
n’étaient pas franchement optimistes. Carnet de bord de ramadan 2006 en
trois épisodes. (2/3)


Jeux :

Le ramadan, mois de la
piété pour les croyants, est le mois des jeux d’argent chez nous. Tout le
monde s’y met. Il y a ceux qui organisent des jeux avec des gagnants
fantômes, mais qui continuent quand même à attraper des nigauds et il y a
ceux qui partagent réellement la cagnotte après avoir pris soin de garder la
majeure partie pour eux. Il y en a même qui proposent un voyage aux lieux
saints avec ce jeu de hasard !

Ce
qui m’embête est de voir de grandes entreprises (les plus grandes) tomber
dans ce genre de jeux oubliant leur métier premier. Je n’évoquerai pas plus
sur ce sujet. D’ailleurs, je me suis promis de ne pas l’évoquer du tout,
mais ma plume a pris le dessus. Je l’aurais parié ! C’est un terrain
glissant et il ne faut surtout pas heurter les sensibilités de nos managers
en abordant le plus tabou des sujets : l’argent.

Mais
que l’on ne s’étonne pas, après, d’avoir un service en deçà de nos attentes,
un réseau qui ne fonctionne pas, une politique commerciale qui ne sied pas,
des promotions qui n’existent pas, des programmes qui ne plaisent pas ou un
produit qui ne répond pas aux normes. Au lieu de perfectionner leur travail,
certaines de nos entreprises se découvrent des talents d’organisateurs de
jeux de hasard (pourtant interdits par la loi) en se cachant derrière les
prouesses des technologies de l’information et de la communication (les SMS).
Vous pariez combien qu’ils ne tiendront pas le coup longtemps face à la
concurrence étrangère ?

Factures :
comme je l’ai pressenti,
le mois de septembre allait être rude avec son ramadan, sa fin de l’été, sa
rentrée scolaire et ses factures STEG et Sonede. Comme prévu, j’ai reçu ma
facture d’électricité et comme prévu elle était salée. Plus salée que je ne
l’attendais. 75 dinars pour un deux pièces, sans clim et sans chauffage
central. Le baril du pétrole augmente, c’est normal que la facture de la
Steg en fasse de même. Mais l’augmentation de ma facture n’était pas liée à
cela. Après vérification et auscultation de ma facture, j’ai constaté qu’il
n’y a pas eu de relève de compteur depuis … un an ! J’ai pris alors note de
ce qu’indique ce compteur, j’ai pris un congé d’un jour et je me suis dirigé
vers l’agence Steg de ma circonscription. J’ai pris un ticket pour l’attente
et je me suis assis en regardant les malchanceux comme moi, camarades d’un jour
dans cette vaste salle de la compagnie d’électricité.

On a
tous remarqué ce petit manège des passe-droits du personnel qui vont voir
leur collègue agent du guichet pour leur résoudre leur problème à eux avant
le problème des autres usagers communs des mortels, mais passons.

On
n’est plus à 30 minutes près. Mon tour est arrivé et
j’explique mon problème : ma facture est élevée faute, je pense, de non
relève depuis un an. L’agent me réplique que c’est de ma faute, car ma
maison était fermée le jour où les agents sont passés. Avec tout le sang
froid et la patience, je réponds qu’il y a toujours quelqu’un chez moi, que
je suis au courant du jour de passage des agents de la relève du compteur et
que ce jour là il y  avait bel et bien quelqu’un.

L’agent me dit que non, sûr de lui (et de ses collègues) et que s’il y
avait quelqu’un, ils auraient relevé le compteur. Je lui demande alors
gentiment de m’expliquer comment on a relevé le compteur du gaz s’il n’y
avait personne à la maison. Il regarde la facture et constate que l’index du
gaz est bel et bien relevé, mais pas celui de l’électricité. Sa réponse sera
extraordinaire : il se trouve que le compteur du gaz dégage des vapeurs qui
cachent l’écran du compteur de l’électricité d’où le problème de non relève.
Je m’abstiens de lui dire que le compteur du gaz et le compteur de
l’électricité étaient séparés, chacun se trouvant dans un endroit différent
de l’autre. Je m’abstiens de lui dire que le compteur de l’électricité est
bien clair, la preuve j’ai pu prendre la relève.

J’avais mon lot d’idioties du jour et je voulais quitter les lieux après
avoir résolu le problème.

Mais
il était plus fort que moi, car il me demanda de rentrer chez moi et de
relever de nouveau l’index du gaz car pour arrêter la facture au jour J, il
faut prendre les deux relèves et de l’électricité et du gaz. “Reviens
demain“ ! “Arjâa Ghoudwa“.

Le
lendemain, rebelote, j’ai pris un autre congé, j’ai pris un ticket d’attente
et j’ai re-constaté tout le manège. Ma facture a été allégée et de 75
dinars, elle est tombée à 35. C’est toujours ça de gagné. Quant à mes deux
jours chômés, je les ai quand même rattrapés avec cette chronique que vous
lisez.

(La suite et la fin,
pour demain…)


R.B.H.