Les prix du pétrole s’enfoncent sous la barre des 59 dollars

 
 
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Une pompe à essence (Photo : Behrouz Mehri)

[03/10/2006 20:34:49] NEW YORK (AFP) Les prix du pétrole ont reculé sous les 59 dollars mardi, sur un marché peu soucieux du regain de violence au Nigeria, et rassuré au contraire par l’ampleur des stocks mondiaux et la possibilité d’une issue à la crise avec l’Iran sur le nucléaire.

Les cours, qui avaient déjà reculé d’environ deux dollars lundi, ont perdu encore près de 4% de leur valeur mardi, pour tomber à leur plus bas niveau depuis le 16 février, soit sept mois et demi.

A New York, le baril de “light sweet crude” pour livraison en novembre est tombé à 58,49 dollars, et à Londres, le Brent de la mer du Nord a touché 58,25 dollars.

En clôture, ils ont perdu respectivement 2,35 dollars à 58,68 dollars et 2,02 dollars à 58,43 dollars.

Le marché a ignoré l’annonce de la libération de neuf employés du secteur pétrolier au Nigeria, sur les 25 enlevés la veille lors d’une attaque menée par des séparatistes dans le delta du Niger et au cours de laquelle 14 soldats nigérians ont été tués.

Les nombreuses prises d’otages au Nigeria cette année n’ont jusqu’ici eu aucun impact sur la production du pays, premier fournisseur d’or noir en Afrique. Le marché craint davantage d’éventuels sabotages d’oléoducs, mais il n’y en a plus eu depuis plusieurs mois.

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Une plate-forme pétrolière en mer du Nord, au large de la Norvège, en 2004

La poursuite des négociations autour du programme nucléaire controversé de l’Iran, quatrième producteur mondial de pétrole, a en revanche retenu l’attention.

Afin de sortir de l’impasse sur le dossier nucléaire, l’Iran a proposé à la France mardi de créer un consortium pour produire de l’uranium enrichi en Iran, ce qui a fait naître l’espoir d’un compromis.

“Le marché est d’humeur baissière en ce moment. La situation avec l’Iran semble s’être bien calmée, les stocks, particulièrement ceux de produits distillés aux Etats-Unis, paraissent abondants, et la saison cyclonique est très peu active”, observe Bruce Evers, analyste à la banque Investec.

Les cours franchissent de nombreux seuils techniques à la baisse et les fonds d’investissement, qui avaient récemment placé leur argent sur le marché énergétique, “commencent à paniquer” et à parler d’un retour à 50 dollars le baril, explique-t-il.

Depuis quelque temps, les investisseurs sont rassurés par le net renflouement des stocks de pétrole aux Etats-Unis, alors même que la croissance économique –et avec elle la demande pétrolière– y montre des signes de ralentissement.

Ils attendent d’ailleurs de nouvelles hausses des stocks dans le rapport hebdomadaire qui sera publié mercredi par le département américain de l’Energie (DoE).

Les analystes anticipent notamment une hausse de 1,5 million de barils des stocks de produits distillés, qui comprennent le fioul de chauffage et sont à ce titre capitaux pour l’hiver. Ces réserves sont déjà à leur plus haut niveau depuis près de huit ans.

En cas de progression supérieure aux attentes de ces stocks, les cours pourraient accélérer leur mouvement de repli mercredi, selon les analystes.

Toutefois, mettait en garde Bruce Evers, “si les prix reculent trop, l’Opep va intervenir avant sa réunion de décembre”.

Vendredi, deux pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), le Venezuela et le Nigeria, ont décidé de réduire leur production de brut de 170.000 barils par jour au total, pour tenter de faire rebondir les prix.

Ces réductions ont eu peu d’impact sur les cours, car elles ne représentent que 0,6% de la production réelle des onze membres de l’Opep, qui était de 29,8 millions de barils par jour en août, selon les chiffres fournis par le cartel.

Mais selon des analystes, le président de l’Opep, le Nigérian Edmund Daukoru, a appelé mardi d’autres pays du cartel à réduire leur production afin d’enrayer la chute de 25% (près de 20 dollars) du prix du baril depuis les records historiques de l’été.

 03/10/2006 20:34:49 – © 2006 AFP