Serono : fin d’un siècle d’aventure, de la pharmacie à l’America’s Cup

 
 
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Michael Roemer, président du directoire du groupe pharmaceutique Merck KGaA (D) au côté d’Ernesto Bertarelli, le PDG de Serono, le 21 septembre 2006 à Darmstadt (Photo : Thomas Lohnes)

[21/09/2006 15:20:04] GENEVE (AFP) En vendant les titres de son groupe Serono à l’allemand Merck KGaA, le Suisse Ernesto Bertarelli met fin à une aventure d’un siècle de sa famille dans la pharmacie et ce passionné de voile pourrait se consacrer à la prochaine Coupe de l’America, qu’il a remportée en 2003.

Avec la transaction annoncée jeudi matin, la famille Bertarelli devrait empocher 10,7 milliards de francs suisses (6,7 mds euros), soit près des deux-tiers des 16,6 milliards versés par le groupe pharmaceutique allemand pour se payer le numéro trois mondial des biotechnologies.

Joli cadeau d’anniversaire pour le patron de Serono, Ernesto Bertarelli, qui fête vendredi ses 41 ans.

La famille détient 64,5% du capital du groupe fondé en 1906 à Rome. Comme d’autres grandes familles italiennes, les Bertarelli ont immigré en Suisse dans les années 1970 pour fuir les Brigades Rouges et le siège du laboratoire a été transféré à Genève en 1977. La société est cotée à la Bourse suisse depuis 1987 et à Wall Street depuis 2000.

En 2005, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 2,6 milliards de dollars (+5,2%), mais il a essuyé une perte de 106,1 millions à la suite d’une amende record aux Etats-Unis.

Le groupe a bâti sa fortune depuis 1998 sur le Rébif, un médicament contre la sclérose en plaques qui représente à lui seul 51% du chiffre d’affaires. Serono est contraint de se diversifier car le brevet du Rébif expire en 2010 et son alliance avec Merck devrait le lui permettre.

Interrogé jeudi par l’AFP, M. Bertarelli s’est dit “très satisfait” par l’offre de Merck, bien supérieure aux montants de 12 à 15 milliards de FS suggérés l’hiver dernier par la presse financière, qui évoquait alors les noms de groupes comme Novartis (Suisse), GlaxoSmithKline (GB) Astellas (Japon) ou encore Pfizer (Etats-Unis).

Serono s’est fait connaître du grand public par la personnalité d’Ernesto Bertarelli, un passionné de voile qui a gagné en 2003 la Coupe de l’America, avec l’équipe Alinghi. La prochaine édition est prévue à Valence (Espagne) en 2007.

Ernesto Bertarelli, qui a pris la direction de Serono des mains de son père en 1996 alors qu’il n’avait que 31 ans, est déjà considéré comme la deuxième fortune de Suisse, avec un patrimoine de 10 milliards FS (6,3 milliards d’euros).

Ce golden boy possède aussi un hôtel à Gstaad, la station de sports d’hiver huppée, un club de sport à Genève, des intérêts dans l’agriculture en Argentine et des parts dans une société active dans les diamants en Guinée.

“Regardons les choses en face: je suis un homme qui réussit”, avait-il lancé en avril dernier aux journalistes qui s’interrogeaient sur la stratégie du groupe après six mois d’atermoiements entre cession à plus gros ou rachat de plus petits, pendant lesquels le titre Serono a joué aux montagnes russes.

Jeudi, l’intéressé s’est dit “disponible” pour rester au sein de la future filiale de Merck, “Merck-Serono Biopharmaceuticals”, qui devrait occuper le siège flambant neuf que Serono se fait construire à Genève.

“Je conserverai la responsabilité de l’entreprise jusqu’à la clôture (de l’offre publique d’achat des titres Serono par Merck)”, a-t-il déclaré. “Après quoi je resterai à l’entière disposition de Merck pour la période de transition et je serai disponible aussi longtemps qu’ils le souhaitent”.

M. Bertarelli a refusé de répondre à la question de savoir ce qu’il ferait des milliards récupérés de la vente de Serono et assuré que son activité à la tête du groupe était entièrement séparée de sa passion pour la voile.

“Il va pouvoir s’acheter un nouveau bateau”, a toutefois ironisé un analyste bancaire.

 21/09/2006 15:20:04 – © 2006 AFP