EADS : la Russie devient actionnaire, le pacte franco-allemand demeure

 
 
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Le logo d’EADS (Photo : Frederick Florin)

[11/09/2006 15:16:43] FRANCFORT (AFP) La banque publique russe Vnechtorgbank a assouvi son ambition de devenir un actionnaire de poids dans EADS, dont elle détient désormais officiellement un peu plus de 5%, une arrivée qui ne devrait néanmoins pas remettre en cause l’équilibre franco-allemand au sein du groupe aéronautique.

Les intentions de la banque, détenue à 99,9% par l’Etat russe, avaient filtré fin août par voie de presse, mais cette fois c’est fait. “Je peux vous confirmer que VTB (Vnechtorgbank) détient désormais 5,02%”, a déclaré lundi à l’AFP un porte-parole du groupe à Munich (sud).

Interrogé à Moscou, VTB n’a pas souhaité faire de commentaire.

La banque est ainsi le troisième actionnaire publique à posséder plus de 5% du capital du géant européen de l’aéronautique et de la défense, après la France, 15% via le holding Sogeade, et l’Espagne, 5,5% via le holding Sepi (qui souhaite grimper à 10%).

L’établissement russe jouera un rôle d’actionnaire financier traditionnel, “un parmi beaucoup d’autres” chez EADS, a souligné le porte-parole, ajoutant que la participation “sera conservée dans le flottant en bourse”.

Fin août, le quotidien économique Vedomosti avait assuré que Vnechtorgbank n’entendait pas revendre son paquet de titres, acquis pour environ 1 milliard de dollars, mais bien l’utiliser afin participer à la gestion du groupe européen.

Selon des informations ayant filtré dans la presse française et allemande, EADS aurait en fait permis à la banque d’entrer à son capital en échange d’une participation à la Compagnie aéronautique unifiée, dont l’objectif est de consolider l’essentiel de l’industrie aéronautique russe civile et militaire.

Ce holding comprendra notamment Irkout, dont EADS détient déjà 10%. Le président du constructeur d’avion de chasse, Oleg Demtchenko, avait aussi déclaré en mai qu’il était intéressé à une entrée au capital du groupe européen. Si les actionnaires veulent céder une partie, “on y réfléchira”, avait-il dit.

Le porte-parole d’EADS a éludé la question de savoir si un représentant de la banque siègerait au conseil d’administration d’EADS. “Le pacte d’actionnaires demeure inchangé”, a-t-il déclaré, en guise de réponse.

Ce pacte, élaboré en 2000 lors de la naissance du groupe, fixe les rapports de force entre les principaux actionnaires du groupe. Les Allemands sont représentés par le seul groupe industriel DaimlerChrysler (22,32% après la vente récente d’un paquet de 7,5%), les Français, par le biais de Sogeade et du groupe Lagardère dont la particiation va descendre à 7,5% en 2007.

L’équilibre des pouvoirs est illustré par la structure de commandement bicéphale du groupe, avec deux présidents exécutifs de chaque nationalité, et deux présidents du conseil d’administration.

Cette construction, jugée inefficace par de nombreux experts du secteur, s’est retrouvée sous les feux de la critique en juin dernier, alors que le groupe traversait une crise sans précédent.

L’annonce de nouveaux retards dans les livraisons de l’avion géant de sa filiale Airbus, l’A380, avait fait dégringoler l’action en bourse. Le co-président français Noël Forgeard, qui avait cédé des stock options quelques semaines avant cette révélation, et le patron allemand d’Airbus, Gustav Humbert, avaient été contraints à démissionner.

 11/09/2006 15:16:43 – © 2006 AFP