Après le blocus, l’économie libanaise souffle mais reste fragile

 
 
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Des soldats français débarquent du matériel du “Foudre” à Beyrouth, le 9 septembre 2006 (Photo : Dominique Faget)

[09/09/2006 13:57:17] BEYROUTH (AFP) Le port de Beyrouth, plaque tournante des échanges commerciaux au Liban, a repris samedi ses activités, amorçant un retour à la normale pour ce secteur-clé qui reste cependant à la merci des aléas politiques locaux et régionaux.

Le port de Beyrouth a accueilli samedi ses deux premiers gros cargos depuis la levée, la veille, du blocus qu’Israël imposait depuis le 13 juillet au Liban, asphyxiant l’économie de ce petit pays du littoral méditerranéen qui dépend à 80% des importations.

Trois autres bateaux étaient attendus dimanche, selon la direction du port, alors qu’une force navale internationale dirigée par l’Italie a pris le contrôle des eaux territoriales libanaises pour empêcher tout trafic d’armes à destination du Hezbollah.

Le port de Beyrouth, qui accueillait avant le blocus en moyenne six cargos par jour, est “le miroir des finances libanaises”, selon le directeur du port Hassan Kreitem.

L’Autorité du port avait estimé à 700.000 le nombre de containeurs qui arriveront en 2006. En juin, 60.078 containeurs, soit un nombre record, étaient arrivés au port. En juillet, ce nombre était tombé à 20.000,alors que le port était fermé en août à cause du blocus.

“Nous espérons que dans les deux prochains mois tout sera redevenu normal”, a ajouté M. Kreitem, sans pouvoir préciser les pertes subies pendant le blocus. Il a toutefois souligné que les revenus mensuels du port étaient habituellement de l’ordre de 10 millions de dollars.

Et ce sans compter le manque à gagner pour les 300 à 400 débardeurs qui ont été mis en congé technique pendant le blocus et pour les usines qui ont tourné au ralenti faute de matières premières, selon des experts.

“Environ 65% des importations ont été touchées par le blocus du port, et 60 pc des exportations”, a estimé un économiste sous couvert de l’anonymat, jugeant que cela aurait un impact négatif sur la croissance du Produit intérieur brut (PIB).

“Alors qu’on s’attendait pour 2006 à une hausse de 5 à 6% du PIB, celle-ci sera sans doute de 2,5% et peut être nulle compte tenu des dégâts directs et indirects” causés lors des 34 jours de conflit entre Israël et le Hezbollah.

L’aide internationale (quelque deux milliards de dollars) constitue “certes un ballon d’oxygène pour l’économie mais elle doit être accompagnée par des avancées politiques”, dit-il.

“Car il y a un deuxième blocus, que l’on ne voit pas, celui de l’investissement et de la confiance qui ne pourront être rétablis que s’il y a une paix définitive et un règlement politique au Liban”, estime cet expert.

Pour l’économiste Kamal Hamdan, “c’est la stabilité politique qui va influer sur le climat économique” dans ce pays encore meurtri par un conflit qui a duré de 1975 à 1990, puis par la tutelle syrienne.

Les assassinats ces dernières années d’hommes politiques -notamment celui de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri en 2005- et de journalistes, ont contribué à maintenir un climat de tension.

“Tout va dépendre de la période de transition, du processus de réconciliation nationale. Si cela ne va pas dans le bon sens, les investisseurs potentiels vont reconsidérer leur projet”, assure M. Hamdan.

Pour les experts, la pleine application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’Onu, qui a mis fin le 14 août au conflit et prévoit notamment un désarmement du Hezbollah, serait un facteur déterminant pour la pleine relance de l’économie libanaise.

Un autre facteur-clé selon ces experts est que l’Iran et la Syrie, soutiens du parti chiite radical Hezbollah, cesse de se servir du Liban comme champ de bataille contre leur ennemi israélien.

 09/09/2006 13:57:17 – © 2006 AFP