Le gouvernement italien face à la tentation de l’effort budgétaire minimal

 
 
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Le ministre italien de l’Economie, Tommaso Padoa-Schioppa, le 7 juin 2006 (Photo : Gérard Cerles)

[30/08/2006 11:49:03] ROME (AFP) Le gouvernement italien va alléger son plan de rigueur budgétaire pour 2007 grâce aux bonnes rentrées fiscales, mais patronat et économistes mettent en garde contre la tentation de profiter de cette embellie pour repousser l’assainissement des comptes publics.

Les grandes lignes du projet de budget de 2007 seront étudiées jeudi en conseil des ministres, mais le ministre de l’Economie, Tommaso Padoa-Schioppa, a déjà prévenu que les économies à trouver seraient réduites de 5 milliards d’euros par rapport à sa précédente estimation, à 30 milliards d’euros, grâce aux bonnes rentrées fiscales.

Début juillet, le gouvernement s’était engagé à trouver des économies et des recettes nouvelles pour 35 milliards d’euros en 2007, dont deux tiers seraient consacrés à la réduction du déficit public, monté à 3,8% du PIB. Le restant ira à la baisse des charges sociales.

Entre-temps la reprise a accru de 20 milliards d’euros les entrées fiscales de l’Etat au premier semestre. Cette bonne nouvelle a conduit le chef du gouvernement Romano Prodi à tabler sur une poursuite de cette embellie l’an prochain et à réduire l’effort sur les économies budgétaires.

Le gouvernement a cependant renouvelé la promesse prise à Bruxelles de ramener le déficit public sous les 3% du PIB en 2007, contre plus de 4% attendu cette année, et de s’attaquer à l’énorme dette publique (près de 108% du PIB).

“Nous ne voulons pas faire pleurer le peuple mais nous devons de toute façon remettre en ordre les comptes désastreux hérités du précédent gouvernement”, a expliqué M. Prodi mardi soir.

Mais le chef de gouvernement doit aussi satisfaire l’aile gauche de sa très étroite majorité qui lui réclame d’étaler l’effort sur deux ans.

“En deux ans, on peut ainsi commencer par porter l’effort sur les rentrées fiscales avant d’intervenir avec le bistouri, et non la hache, sur les dépenses”, a argumenté le ministre de la Solidarité sociale, le communiste Paolo Ferrero.

La tentation de repousser le redressement douloureux des comptes publics doit à tout prix être évitée, prévient le patronat.

“Il est fondamental de ne pas relâcher la tension sur la baisse des dépenses publiques. Tout comme il est inacceptable d’évoquer un étalement de l’effort”, a averti le vice-président de la Confindustria, Andrea Pininfarina, au Corriere della Sera.

Pour M. Pininfarina, renoncer aux efforts promis serait “un désastre” et reviendrait à engager l’Italie “dans une impasse au fond de laquelle le pays se fracasserait”.

Après les propos de M. Padoa-Schioppa, les économistes Tito Boeri et Pietro Garibaldi s’inquiètent déjà “d’une désolante course à la baisse sur le montant du budget”.

“Si les rentrées fiscales s’améliorent, la situation de fond n’a pas changé. Le nouveau pacte de stabilité et de croissance prévoit en outre que l’assainissement doit être plus important en période de conjoncture favorable”, estiment-ils sur le site “lavoce.info”.

“L’amélioration durable des comptes publics passe par une réduction des dépenses”, soulignent les deux économistes.

Pour y parvenir, l’équipe de M. Prodi a ouvert quatre chantiers: la baisse des dépenses de l’administration publique et de ses effectifs, la réforme des retraites, les dépenses de santé et le financement des collectivités locales. Il a promis d’arriver à ses fins par la concertation avec les parties concernées, syndicats et présidents de région en particulier.

 30/08/2006 11:49:03 – © 2006 AFP