Le pétrole se replie mais reste à portée de son record historique à Londres

 
 
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Des courtiers en énergie à la Bourse New York, le 7 août 2006 (Photo : Stephen Chernin)

[08/08/2006 21:33:16] NEW YORK (AFP) Les prix du pétrole ont marqué une pause mardi dans la poussée déclenchée la veille par la fermeture en Alaska du plus gros champ pétrolier des Etats-Unis, mais le Brent à Londres restait à environ un dollar de son record, sur fond d’instabilité accrue au Proche-Orient.

Sur le marché de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a reculé de 75 cents, clôturant à 77,55 dollars.

Il restait à portée du record historique atteint lundi à 78,64 dollars, au terme d’une envolée de plus de deux dollars (3%) sur la journée.

A New York, le baril de “light sweet crude” pour livraison en septembre a lui aussi baissé, de 67 cents à 76,31 dollars, après s’être toutefois hissé à 77,45 dollars, sans parvenir à rejoindre son record de la mi-juillet, à savoir 78,40 dollars.

La poussée de lundi a été déclenchée par la fermeture progressive, par le groupe pétrolier britannique BP, du champ de Prudhoe Bay en Alaska, après la découverte d’une fuite sur un oléoduc.

La fermeture complète, qui devrait prendre entre trois et cinq jours selon BP, se traduira par une interruption de production de 400.000 barils par jour, soit 8% de la production américaine.

Le marché pétrolier a toutefois été un peu rassuré par la décision de BP de remplacer 73% du conduit endommagé (16 miles sur 22), et non pas de le réparer comme il le prévoyait au départ, ce qui a pesé sur les prix.

“BP a choisi l’option raisonnable”, a jugé Robert Laughlin, opérateur à la maison de courtage Man Financial. “C’est plus rapide, et plus professionnel, de le remplacer que de l’examiner entièrement et le réparer”.

“C’est pourquoi nous sommes d’avis que, même si cela va quand même prendre des mois, il (l’oléoduc) pourra en fait être remis en état de marche”, a-t-il estimé.

Pour Kevin Norrish, analyste à la banque Barclays Capital, le repli des cours mardi s’expliquait par “la formation d’un consensus sur le fait que les pertes de production de BP ne se traduiront pas par des pénuries dans les raffineries américaines”.

Le ministère américain de l’Energie (DoE) a fait savoir lundi qu’il envisageait d’autoriser les raffineries à6 recourir aux réserves stratégiques de pétrole, qui s’élèvent à près de 700 millions de barils. Le gouvernement serait également en train d’acheminer du pétrole vers la côte ouest américaine, la plus affectée par la fermeture de Prudhoe Bay, selon des analystes, ce qui limiterait l’impact du problème en Alaska.

Mais ces solutions ne changent pas le gros du problème, à savoir que de nombreux risques pèsent actuellement sur la production, en premier lieu le conflit au Liban, la crise avec l’Iran sur le nucléaire et la saison des ouragans dans l’Atlantique.

Le tableau est noirci par les pertes de production importantes que connaissent déjà le Nigeria et l’Irak, et par la vigueur persistante de la demande chinoise.

Les producteurs d’or noir n’ont plus qu’environ 2 millions de barils par jour supplémentaires à offrir au monde en cas de nouveau problème, ce qui ne ne suffirait pas à compenser une éventuelle interruption de l’offre au Proche-Orient par exemple.

Dans ce contexte, l’utilisation des réserves stratégiques des Etats-Unis ôterait à ce pays sa dernière roue de secours.

“Avec les approvisionnements américains de pétrole réduits en Alaska, le gros de la saison des ouragans devant nous et un Iran menaçant, potentiellement capable de venir en aide au Hezbollah à tout moment, il y a peu de raison de s’attendre à une baisse (durable) des prix”, a prévenu Mike Fitzpatrick, de la maison de courtage Fimat.

D’après lui, les cours marquaient “une pause avant de repartir vers de nouveaux sommets”.

 08/08/2006 21:33:16 – © 2006 AFP