Carlos GHOSN : Apprenti sorcier ou futur maître du monde automobile ?

Par : Autres
 
 

ghosn240.jpgLa
rumeur a démarré il y a quelques mois mais n’avait pas fait les manchettes
des journaux économiques ou sportifs: RENAULT F1 deviendrait NISSAN ou
INFINITI F1 à partir de 2008.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette idée fait son chemin dans la
tête de Carlos Ghosn. Pour les observateurs avertis, il est évident que le
PDG de RENAULT NISSAN cherche à positionner la marque japonaise le plus haut
possible tout en positionnant la marque française sur le segment des
véhicules grand publics.

Quel avenir pour Renault ?

Visiblement la Logan roumaine pourrait devenir, notamment au travers du
rachat programmé du constructeur russe Avtovaz qui fabrique les Lada, le
leader européen des voitures d’entrée de gamme. S’il est vrai que Renault
n’a jamais brillé dans le haut de gamme automobile, il semble que son PDG,
qui a déjà délocalisé une grande partie de la production, s’apprête à
«déclasser» la marque en lui donnant un statut «populaire»

C’est pourtant bien le Renault de Louis Schweitzer qui, fort de ses
résultats, s’est implanté en Europe de l’Est, en Amérique latine mais aussi
en Asie. C’est aussi ce Renault là qui s’alliait avec le Japonais Nissan,
alors au bord du gouffre, et qui a acquis le Roumain Dacia, chargé de
débuter la fabrication de la fameuse Logan. Enfin, il ne faudrait pas
oublier que Louis Schweitzer transmettait à son successeur, lors de son
départ, un groupe en bonne santé financière.

Que se passera-t-il alors si l’opération GM réussit ?

Il y a fort à parier que Nissan deviendra avec Infiniti, sa griffe de luxe,
le fleuron du nouveau groupe. Qu’adviendra-t-il par contre d’Opel, de SAAB,
de Samsung, de Chevrolet/Daewo et de … Renault ?

Il est évident que l’objectif est de faire de nouvelles économies d’échelle
en diminuant le nombre de plates formes, de moteurs et surtout de
sous-traitants et fournisseurs. On n’ose pas penser au nombre de salariés
qui feraient les frais d’une restructuration de cette ampleur !!!

Quel est la place réelle de Nissan aux Etats Unis ?

Nissan a été longtemps considérée (avant l’arrivée de son actuel PDG) comme
la marque la plus fiable et la mieux finie de la production nippone. Depuis,
si la rentabilité est au rendez-vous, la qualité de fabrication est en
baisse et la faible originalité des modèles a relégué Nissan très loin de
Honda (et sa marque de luxe Acura) ainsi que de Toyota (et sa marque de luxe
Lexus).En 2006, même si Nissan limite la baisse de ses ventes à -1 ,7% (à comparer
avec les -7% de GM et Ford) on est loin de connaître les flamboyants
résultats des années précédentes.

Quel est l’impact commercial de Nissan en France ?

Les chiffres sont incontestablement très moyens et la gamme Micra épaulée
par le Murano n’arrive pas à cacher une offre constituée de modèles
vieillissants.

Sur 6 mois de l’année 2006, il s’est vendu 17 049 véhicules (- 23,4% par
rapport à l’exercice précédent) soit un peu mieux que Suzuki (13 010 mais +
31,3%) mais très loin de Toyota le rival de toujours (49 242).

Et en Europe ?

Nissan marque le pas sur le Vieux Continent. Au premier trimestre, les
immatriculations ont lourdement chuté : -14,4% (79 431 unités) sur un marché
en hausse de 3,4%.

L’époque où Nissan caracolait devant Toyota est bien révolue. Le deuxième
constructeur mondial vend aujourd’hui presque trois fois plus de voitures
que le groupe contrôlé par Renault, alors que ce ratio n’était que d’une
Nissan pour deux Toyota en 2005.

Alors, dans le jeu difficile et compliqué de «mecano» que souhaite
construire Carlos Ghosn qui va être (en partie) sacrifié ?

Alors quel est l’avenir de Renault F1 ?

Selon le marketing du groupe, “associer une Clio à une F1 relèverait de plus
en plus de la gageure, alors que l’associer à une luxueuse Nissan représente
un challenge plus simple”

Interviewé sur le sujet le PDG de Renault Nissan déclarait

Carlos Ghosn : “Tant que nous continuerons à offrir un bon spectacle, à
avoir de bons résultats, et à rester au meilleur niveau de la Formule 1, il
n’y a pas de questions à se poser sur notre avenir en Formule 1”.

“Il y a évidemment des incertitudes sur les conditions dans lesquelles la
Formule 1 va évoluer à partir de 2008. Il ne s’agit pas d’une préoccupation
pour Renault uniquement, mais pour tous les constructeurs essayant de
définir quel sera l’environnement de la Formule 1”.

“Mais si j’élimine cette incertitude, que je considère que nous allons
résoudre ces questions, et que la Formule 1 continue à avoir un bon retour
sur investissement pour les participants, et en particulier pour le
vainqueur, alors nous devons y être”.

Le retour en force des Ferrari et le départ annoncé de Fernando Alonso
risquent de précipiter la valse des logos. A moins que les réalités
économiques et l’état français toujours actionnaire à 15 % de l’ancienne
régie Renault ne rappellent à l’ordre un PDG bien opaque sur ses stratégies.

Sources : Le FIGARO