L’Andorre à la veille d’une petite révolution économique

 
 
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La frontière de la principauté d’Andorre le 1er mars 2000 (Photo : Pascal Pavani)

[16/07/2006 13:13:09] ANDORRE-LA-VIEILLE (AFP) La petite principauté d’Andorre, enclavée entre la France et l’Espagne – perçue souvent comme un grand supermarché discount attirant quelque 12 millions de touristes par an – se prépare à une révolution en transformant radicalement sa législation économique et fiscale pour s’ouvrir aux investisseurs étrangers.

Le gouvernement (libéral) d’Andorre a soumis un projet de loi au parlement qui fait passer de 33% à 49,9% la part de capital étranger dans les entreprises traditionnelles (tourisme, commerce, immobilier) et autorise 100% de capital étranger pour de nouvelles entreprises dans des secteurs non représentés sur le territoire. Après une période transitoire de 10 ans, le projet prévoit que le capital étranger pourra être porté à 100% dans les secteurs traditionnels.

Deux secteurs, la téléphonie et la production et distribution d’electricité, resteront aux mains de l’Etat.

Le projet – qui devrait entrer en vigueur au premier semestre 2007 – envisage, pour la première fois dans l’histoire de la principauté, un impôt de 5% sur les bénéfices des entreprises.

Pour les entreprises andorranes – familiales pour la très grande majorité – la contrepartie de cette ouverture aux investissements étrangers sera, toujours selon les projets de loi, la transparence juridique et comptable.

Actuellement les entreprises n’ont pas l’obligation de tenir de comptabilité.

L’objectif de ces réformes qui, selon des sources proches du gouvernement, seront très âprement discutées au conseil général (parlement), est de doubler le PIB andorran à l’horizon 2020. Il était de 2 milliards d’euros en 2005.

Le ministre andorran des Affaires étrangères, Juli Minoves Triquell estime qu’il était indispensable pour attirer les investisseurs de doter le pays d’une législation sur les sociétés qui soit “moderne et européenne, transparente et homologable”.

Pour lui, la nouvelle législation soumise au parlement ouvre à la fois le pays aux investisseurs étrangers tout en s’assurant que l’Andorre ne devienne pas une terre de “délocalisation pour les entreprises souhaitant éviter les impôts”.

Jean-Christophe Queyroux, 43 ans, directeur général du groupe Pyrénées S.A, une holding qui représente à elle seule 20% du PIB de l’Andorre avec un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros (petite et grande distribution, concessions automobiles, hôtellerie, transport terrestre et aérien, assurances, distribution de carburants), pense qu'”il faut changer, il faut sortir l’Andorre de son image de paradis fiscal”. “Il faut envisager le futur de l’Andorre et l’orienter vers une industrie à forte valeur ajoutée”, dit-il.

Il estime que l’Andorre “ce bout de caillou” de 468 km2, a tous les atouts pour réussir. “Dans cette Silicone Valley du commerce où 50.000 des 75.000 habitants sont des immigrés on vient pour travailler et la qualification est très bonne, à tous les niveaux”, ajoute-t-il.

Pour attirer les investisseurs le gouvernement a mis en place un Bureau pour l’Innovation Entreprenariale (OIE) directement rattaché au chef du gouvernement pour aider les chefs d’entreprise dans leurs études et démarches en Andorre. Il a également créé le prix Innovadors doté de 400.000 euros pour des projets innovants de création d’entreprise.

Difficile d’accès, l’Andorre entend par ailleurs surmonter son handicap logistique en créant, à court terme, un service d’hélicoptères reliant le pays aux deux aéroports internationaux les plus proches, Toulouse et Barcelone et aménager les pistes l’aérodrome de l’Alt d’Urgell (côté espagnol) pour accueillir des appareils de transport régional.

Le gouvernement rêve enfin d’un aménagement des 80 km de route en territoires français et espagnol qui permettrait une liaison autoroutière continue entre Amsterdam et Barcelone en passant par l’Andorre.

 16/07/2006 13:13:09 – © 2006 AFP