[07/07/2006 16:52:52] NEW DELHI (AFP) Lakshmi Mittal, le dirigeant indien du géant de l’acier Mittal Steel, a fait vendredi en Inde une visite en fils prodigue, annonçant 8,7 milliards de dollars d’investissements et disant “merci” au gouvernement et aux médias de l’avoir soutenu lors de la bataille pour Arcelor. C’est en véritable héros que M. Mittal, Indien résident en Grande-Bretagne, a fait son premier déplacement en Inde depuis l’annonce fin juin de la fusion entre son groupe de droit néerlandais et le sidérurgiste européen Arcelor au prix de 25,4 milliards d’euros après cinq mois de bataille boursière. A l’occasion de cette visite de 24 heures, il a annoncé son projet d’investir plusieurs milliards de dollars dans la construction d’une ou deux usines dans l’Etat riche en minerai d’Orissa ou dans celui voisin du Jharkand (est) voire dans les deux. “Nous nous sommes engagés à investir environ 400 milliards de roupies (8,7 milliards USD) en Inde”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à New Delhi après une visite en Orissa. “La question est de savoir si nous aurons deux usines”, a-t-il poursuivi. “Si la demande du pays augmente (…) nous examinerons” cette possibilité, a-t-il ajouté. Il s’agira là de la première opération de Mittal Steel en Inde, pays qui souhaite développer sa capacité de production à 65 millions de tonnes d’acier d’ici 2012, contre 38 millions aujourd’hui, alors que le marché intérieur explose et que la croissance a atteint 8,4% l’année dernière. M. Mittal a aussi annoncé que le nouveau géant “Arcelor-Mittal” allait commencer à se développer en Inde et en Chine. “Nous (Mittal Steel et Arcelor) avons partagé nos vues et constaté que les deux compagnies visaient la Chine et l’Inde pour se développer”, a-t-il dit. M. Mittal, accompagné de son fils Aditya, a saisi l’occasion de cette visite pour remercier de vive voix les Indiens de leur soutien durant la bataille pour Arcelor. “Je suis ici pour vous dire merci. J’ai réussi grâce au soutien des médias et du gouvernement”, a-t-il déclaré.
L’annonce de son OPA avait entraîné une vive inquiétude en Europe et parfois des commentaires péjoratifs sur ses origines interprétés à New Delhi comme frisant la xénophobie. Le ministre indien du Commerce Kamal Nath était intervenu à plusieurs reprises se disant inquiet de réactions en Europe basées “sur la couleur de peau”. A l’annonce de la fusion, les ministres du Commerce et des Finances comme le milieu des affaires s’étaient dits “fiers” qu’un homme d’affaires né en Inde soit “le plus grand fabricant de métaux du monde”. Vendredi encore, Lakshmi Mittal a été fêté et loué par les responsables officiels lors de la conférence de presse. “Cette (fusion) est une leçon pour le monde des affaires dans son ensemble sur la manière d’aboutir. En fait, (M. Mittal) a procédé avec beaucoup de patience et beaucoup de persévérance et beaucoup de style” face à l’opposition à son OPA, a déclaré notamment le secrétaire (numéro 2) du ministère du Pétrole M.S. Srinivasan. Les visées de M. Mittal dans le monde et en Inde semblent cependant aussi effrayer dans son propre pays. Dans son édition de vendredi, le quotidien The Economic Times titre en Une “Les compagnies de sidérurgie internationales craignent le jeu agressif de Heavy Mittal”, en référence au groupe de musique hard-rock Heavy Metal. Le groupe Tata vient d’ailleurs d’annoncer qu’il allait augmenter de 10% sa part dans Tata Steel, plus grand sidérurgiste privé d’Inde, afin d’éviter toute prise de contrôle hostile, rappelant que “l’industrie est extrêmement fragmentée et considérablement vulnérable”. M. Mittal ne s’est pas dit intéressé par Tata Steel mais n’a pas non plus effectivement exclu des acquisitions de compagnies indiennes. “Qui a dit que je n’étais pas intéressé par les compagnies de sidérurgie”, a-t-il lancé. |
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