La position du chef de la Banque du Japon de plus en plus fragile

 
 
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Le gouverneur de la Banque du Japon Toshihiko Fukui, le 22 juin 2006 à Tokyo (Photo : Toru Yamanaka)

[29/06/2006 09:34:49] TOKYO (AFP) La pression continue à s’accumuler sur le gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), Toshihiko Fukui, éclaboussé par une affaire d’investissements personnels dans un fonds discrédité, dont même le Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir réclame désormais la démission.

Dans une lettre ouverte exprimant son “opinion personnelle”, le chef du comité de politique financière du PLD, Kozo Yamamoto, a exigé le départ immédiat de M. Fukui.

“L’affaire Fukui” a éclaté quand le patron de la BoJ a révélé récemment avoir investi quelque 10 millions de yens (environ 70.000 euros) dans le fonds de Yoshiaki Murakami, un “golden boy” inculpé pour délit d’initié.

Les faits remontent à 1999, avant donc que M. Fukui ne prenne les rênes de la banque centrale en 2003. Mais ce dernier n’a retiré son argent du fonds Murakami qu’en février dernier, après avoir collecté un “bonus” de 14 millions de yens.

“On ne peut pas s’empêcher de penser qu’il (M. Fukui) est incompétent puisqu’il a continué de conserver ses placements dans le fonds (Murakami) sans la moindre honte”, a estimé M. Yamamoto.

“Il doit démissionner immédiatement”, a-t-il ajouté.

Le patron de la BoJ, qui refuse jusqu’à présent de partir, plaide la bonne foi.

L’appel à la démission du gouverneur de la BoJ lancé jeudi par M. Yamamoto est le premier émanant du PLD du Premier ministre Junichiro Koizumi.

Le petit parti bouddhiste Komeito, membre de la coalition gouvernementale avec le PLD, ainsi que l’opposition, pour une fois unie, ont déjà réclamé la tête de M. Fukui, âgé de 70 ans.

M. Koizumi, actuellement en visite en Amérique du Nord, a réitéré à plusieurs reprises son soutien à M. Fukui, qu’il a nommé en 2003, et a exclu de le forcer à démissionner.

Le bras droit de M. Koizumi, Shinzo Abe, a également volé au secours jeudi du gouverneur de la banque centrale, mais il a exhorté ce dernier à édicter de nouvelles règles financières pour les membres de la BoJ.

“Je souhaite qu’il accomplisse ses obligations jusqu’au bout en regagnant la confiance du public et en faisant les efforts nécessaires à la mise en place de règles internes compatibles avec les standards internationaux”, a déclaré M. Abe.

Pour tenter d’apaiser la polémique, M. Fukui s’est à maintes reprises excusé. Il a en outre promis de reverser le montant de son investissement initial et les gains réalisés via le fonds Murakami à des bonnes oeuvres.

Il a également dévoilé mardi l’état de son patrimoine financier personnel, lequel s’élève à près de 300 millions de yens.

Mais la tempête ne se calme pas, au contraire.

Plus de deux Japonais sur trois sont favorables à son départ, selon un sondage du quotidien de gauche Asahi Shimbun.

La polémique survient alors que la banque centrale japonaise s’apprête à changer “lentement et progressivement” de politique monétaire sous la conduite de M. Fukui.

“Il y a des rumeurs selon lesquelles M. Fukui pourrait quitter ses fonctions de lui-même une fois qu’il aura lancé la fin de la politique de taux zéro”, a souligné un analyste de Mizuho Investors. “Mais la question est: qui va prendre sa place?”, s’est interrogé l’analyste.

Le vice-gouverneur de la BoJ, Toshiro Muto, est perçu comme un possible candidat mais beaucoup considèrent qu’il est encore trop tôt pour qu’il accède à cette fonction.

La BoJ a abandonné en mars sa politique monétaire ultra-conciliante qui visait à endiguer la déflation.

Alors que les prix remontent, la BoJ a prévenu qu’elle s’orientait vers une hausse progressive des taux dans les prochains mois, en fonction de plusieurs facteurs économiques.

Les économistes s’attendent à un premier relèvement en juillet ou en août.

 29/06/2006 09:34:49 – © 2006 AFP