EADS : Forgeard exclut la démission, le pilotage du groupe reste mis en cause

 
 
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Noël Forgeard lors de son audition le 28 juin 2006 par les députés à l’Assemblée nationale à Paris (Photo : François Guillot)

[28/06/2006 17:41:37] PARIS (AFP) Le co-président exécutif d’EADS Noël Forgeard, dont le groupe traverse une crise sans précédent, a exclu mercredi de démissionner malgré la pression, mais la gouvernance de la maison mère d’Airbus est plus que jamais remise en cause en Allemagne comme en France.

“Je suis compétent et honnête. Il est hors de question” de démissionner, a déclaré M. Forgeard lors d’une audition devant les commissions des Finances et des Affaires économiques de l’Assemblée nationale, selon plusieurs députés.

Mis en cause pour avoir vendu un gros paquet d’actions EADS en mars, peu avant le désengagement partiel des deux actionnaires DaimlerChrysler et Lagardère, et l’annonce de nouveaux retards de l’A380, l’ex-président d’Airbus a répété avoir été informé seulement en mai des difficultés de production de l’avion géant, dont il avait supervisé le développement.

Mais les explications du co-président français d’EADS, très fragilisé, n’ont pas suffi à calmer le jeu, ni à garantir son maintien. “Sur les stock-options, pour le moment chacun reste avec ses doutes”, a souligné le président de la commission des Finances Pierre Méhaignerie (UMP) à l’issue de l’audition.

De nombreuses voix ont encore réclamé une résolution rapide de la crise de management du groupe européen, piloté à la fois par des Français et des Allemands.

Pour la gouvernance d’EADS, il y a “urgence à agir”, selon M. Méhaignerie. “S’il faut que la direction soit mise en cause” pour préserver le “destin” de ce projet industriel, “alors qu’elle le soit”, a jugé le président de la commission des Affaires économiques, Patrick Ollier (UMP).

Le ministre français des Finances Thierry Breton a réaffirmé que l’Etat, détenteur de 15% d’EADS, avait proposé un “schéma” de sortie de crise aux actionnaires privés et espérait une conclusion “dans les meilleurs délais”.

“Des décisions seront prises prochainement”, a promis le Premier ministre Dominique de Villepin.

Plusieurs scénarios restent évoqués: éviction de Noël Forgeard et du PDG allemand d’Airbus Gustav Humbert, intégration accrue d’Airbus au sein d’EADS, nomination du PDG de la SNCF Louis Gallois à la tête du conseil de surveillance et abandon de la direction bicéphale.

Cette dernière option est contestée par le syndicat Force Ouvrière d’Airbus, qui a distribué mercredi plusieurs dizaines de milliers de tracts dans l’entreprise pour s’opposer à une réorganisation plaçant EADS sous la présidence exécutive d’un seul homme, un Allemand.

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Le patron de la SNCF Louis Gallois, à Paris, le 15 mars 2006 (Photo : Thomas Coex)

A la SNCF, l’annonce de remaniements au sein du comité exécutif ont renforcé au sein de l’entreprise les rumeurs d’un départ imminent pour EADS de M. Gallois. Un porte-parole s’est contenté d’écarter tout lien de cause à effet entre ces deux informations.

L’actionnaire privé DaimlerChrysler est également sorti de sa réserve. Le patron du groupe automobile, Dieter Zetsche, a estimé dans un entretien au Wall Street Journal que “des changements doivent avoir lieu (…) pour que la compagnie renoue avec le succès”, espérant un accord avec les actionnaires français “au plus tard dans les semaines à venir”.

De source allemande proche du dossier, Gustav Humbert et son prédécesseur Noël Forgeard seraient en première ligne. “Il y a eu trop de mauvaises décisions lourdes de conséquences chez Airbus. Sous la présidence de Forgeard, le danger représenté par le Boeing 787 a été minimisé”.

Quant au retard pris par l’A380, “beaucoup de gens savaient et n’ont rien dit”, a estimé cette source.

La Bourse a encore sanctionné EADS, qui a clôturé en recul de 3,89% à 21,22 euros, soit la plus forte baisse des valeurs vedettes. Le 14 juin, date de l’annonce de nouveaux délais de livraison de l’A380, le cours avait dévissé de 26%.

 28/06/2006 17:41:37 – © 2006 AFP