Euromed : l’UE veut “faire plus et mieux” sans créer une banque

 
 
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Le commissaire européen à l’Economie et aux Affaires monétaires Joaquin Almunia, le 13 juin 2006 à Strasbourg (Photo : Gérard Cerles)

[26/06/2006 10:22:24] GAMMARTH (AFP) L’Union européenne (UE) s’est engagée à “faire plus et mieux” pour l’assistance financière de ses partenaires au Sud de la Méditerranée, mais le projet d’une banque euro-méditerranéenne d’investissement semble voué aux oubliettes.

Le besoin de créer une banque est “plutôt décroissant”, mais l’UE va “intensifier la coopération économique et financière avec des ressources en hausse de 45%”, a indiqué le commissaire européen à l’Economie et aux Affaires monétaires, Joaquin Almunia.

“Il y a des pour et des contre”, a déclaré M. Almunia à la presse, lors de 2ème conférence des ministres de l’Economie et Finances (Ecofin) des 35 pays de la zone Euromed, dont dix au Sud de la Méditerranée, réunis dimanche et lundi à Gammarth, près de Tunis. “Une nouvelle banque peut présenter certains avantages en matière de visibilité notamment. Mais cela présente le risque de générer des coûts supplémentaires en terme de taux d’intérêt ou de perte d’efficacité” dans la gestion des ressources, a-t-il souligné.

Inscrite au programme Euromed ces dernières années, la création d’une banque comme instrument spécifique d’investissement au profit des pays au Sud de la Méditerranée a été envisagée pour dynamiser le processus de préparation de la zone de libre-échange 2010.

“Dans les pays du Sud, la demande est plutôt décroissante”, a ajouté le commissaire européen, indiquant que la question sera définitivement tranchée par “décision politique”, à la fin de l’année.

“Les pays du Sud sont devenus réticents pour des raisons de rentabilité et de concurrence”, a affirmé un responsable européen. “On préférer négocier d’une manière bilatérale directement avec la Banque européenne d’investissement (BEI) plutôt que d’avoir à soumettre son projet à l’appréciation de l’administateur d’un pays concurrent”, a ajouté ce responsable qui a requis l’anonymat.

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Le Premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi, le 28 mars 2006 lors du sommet arabe de Khartoum (Photo : Cris Bouroncle)

L’Ecofin qui a tenu dimanche sa deuxième session après celle, inaugurale, de juin dernier au Maroc, a discuté du détail des ressources que nécessitent la mise en oeuvre des “Plans d’action” conclus avec les pays partenaires de l’UE dans le cadre de sa politique de Voisinage.

Elle aussi fait le point des réformes dans les domaines jugés prioritaires par l’UE, notamment l’amélioration du climat des affaires, l’ouverture des marchés, la gouvernance et la stabilité macroéconomique des pays partenaires.

Les ministres et représentants des 35 pays ont poursuivi lundi leurs discussions dans le cadre de la 6e réunion de la Facilité euro-méditerranéenne de financement et de partenariat (FEMIP).

Plutôt que de créer une banque, les discussions sont axées sur les moyens d'”affiner les instruments” de financement européen, notamment la FEMIP que l’on veut rendre “plus efficace”, a indiqué M. Almunia. “Il s’agit de savoir comment l’on peut faire plus et mieux pour financer des projets du secteur privé” dans le cadre de la FEMIP, a-t-il souligné.

Lancée en 2002 à l’initiative de la BEI, ce mécanisme est destiné à soutenir le secteur privé, faciliter l’accès des PME aux finances et soutenir des projets d’intégration régionale, en prélude à la zone de libre-échange.

Les pays au Sud de la Méditerranée se disent lésés dans l’Europe élargie à l’Est et au Centre et réclament des investissements massifs pour affronter les défis de la concurrence et du chômage. Le Premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi, a estimé que le bilan du processus Euromed est en deçà des attentes des pays de la région, notant qu’un rythme annuel de croissance 6 à 7 % (contre 5% en moyenne actuellement) était exigé pour la création de quelque quarante millions emplois nécessaires sur le pourtour méditerranéen dans les quinze prochaines années.

 26/06/2006 10:22:24 – © 2006 AFP