Picasso, une valeur sûre dans un marché de l’art en pleine ébullition

Par : Autres

 

Picasso, une valeur sûre
dans un marché de l’art en pleine ébullition

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Dora Maar au chat” aux
enchères chez Sotheby’s à New York, le 3 mai 2006

“Dora Maar au chat” de Pablo Picasso, vendu
95,2 millions de dollars mercredi chez Sotheby’s à New York, est devenu à ce
jour le deuxième tableau le plus cher du monde, reflétant deux tendances
fortes : le maître espagnol est une valeur sûre, dans un marché en pleine
ébullition.

 

Le tableau de 130 x 97 cm, un portrait de la
muse du peintre Dora Maar, prend la deuxième place au hit parade des toiles
les plus chères du monde derrière un autre Picasso, “Garçon à la pipe”,
vendu 104,2 millions de dollars chez Sotheby’s à New York en mai 2004.

 

Et dans les douze premiers de ce hit parade,
Picasso revient à sept reprises.

 

“Picasso, c’est une valeur sûre”, assure-t-on
chez Sotheby’s. “C’est le plus grand artiste du XXe siècle, le plus
populaire”, indique Andrew Strauss, vice-président de Sotheby’s France, qui
assistait à la vente new-yorkaise.

 

De plus, “il y a un changement de génération
chez les collectionneurs, plus attirés par la modernité. S’ajoute à celà le
fait que nombre d’oeuvres de Picasso restent encore en mains privées”,
dit-il.

 

Pour Artprice, banque de données spécialisée
dans le marché de l’art, “de très nombreuses oeuvres de Picasso sont
achetées et vendues, c’est rassurant pour le marché”.

 

Et la toile elle-même n’avait pas été vue
depuis 40 ans, une rareté qui met toujours en émoi le marché de l’art et
fait grimper encore davantage des prix déjà en pleine expansion.

 

Le marché est effectivement “très chaud” en ce
moment, renchérit M. Strauss. “Les chefs d’oeuvre se raréfient et en même
temps, la base des acheteurs est en train de s’élargir. Il y a en ce moment
une compétition féroce entre les collectionneurs traditionnels et les
fortunes qui viennent de pays comme la Russie, la Chine ou l’Inde”, ajoute
le vice-président de Sotheby’s.

 

Même opinion chez Christie’s, “le marché grimpe
très très fort en ce moment”, assure Thomas Seydoux, directeur international
du département impressionniste et moderne.

 

Christie’s a ainsi engrangé mardi à New York,
avec un Van Gogh à 40,3 millions de dollars “L’Arlésienne, Mme Ginoux”, des
Picasso ou Monet, un peu plus de 180 millions de dollars dans cette
spécialité. C’est un montant record depuis 1990 quand avait été vendu le
“Portrait du docteur Gachet” de Van Gogh, et le deuxième montant de tous les
temps dans cette spécialité pour la société.

 

Le même type de vente mercredi chez Sotheby’s a
rapporté 207,6 millions de dollars, avec des effets de hausse qui se sont
reportés sur d’autres artistes. Ainsi le “Nu couché de dos” d’Henri Matisse,
avec 18,5 millions de dollars, établit un record pour un peintre français.

 

Le “marché de l’art ne s’est jamais aussi bien
porté à l’échelle mondiale, avec des prix supérieurs de 40% à ceux de 1990,
quand on était en pleine bulle spéculative”, dit-on chez Artprice. Mais
“s’il apparaît que la spéculation est le moteur des achats, il y a un réel
danger sur le marché. Les spéculateurs le quittent quand ça sent le roussi”,
ajoute la banque de données.

 

Pour M. Seydoux de Christie’s, le marché reste
néanmoins “sélectif, raisonnablement responsable”.

 

Il est “au niveau le plus élevé qu’on ait
jamais vu, mais sans folies. Chaque prix a son explication”, renchérit M.
Strauss de Sotheby’s, assuré néanmoins que le “Dora Maar au chat” sera
revendu un jour, “encore plus cher!”.

 

 

© AFP 2006

Photo : Timothy A. Clary