Ecrans plats : un brevet du CEA commence à rapporter gros

Par : Autres

 

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Téléviseurs à écrans
plats dans un magasin parisien

Un brevet déposé en 1986 par les chercheurs du commissariat à l’énergie
atomique (CEA) de Grenoble sur les écrans plats commence à rapporter gros,
trois industriels japonais ayant déjà reconnu avoir utilisé le procédé
protégé et décidé de prendre une licence.

 

Des discussions sont en cours avec d’autres fabricants et le CEA espère au
total récolter quelques dizaines de millions de dollars sur ce brevet
d’écrans plats, qui est en fin de vie (les brevets sont protégés pendant 20
ans).

 

La marque japonaise Sharp a signé à la fin avril 2006 un accord à l’amiable
avec le CEA, dont le montant n’a toutefois pas été révélé. Sharp reconnaît
que la technique utilisée pour construire ses écrans plats à cristaux
liquides avait bien été inventée à Grenoble et qu’elle était protégée par un
brevet méritant rémunération, a indiqué mercredi à l’AFP un conseiller à la
direction de la recherche et de valorisation, Pierre Darier.

 

Les marques japonaises Sanyo et Fujitsu avaient pour leur part signé un
accord à l’amiable avec le CEA fin 2005, reconnaissant les droits du CEA à
qui elles se sont engagées à verser “plusieurs millions de dollars”.
L’accord signé avec Sharp, fabricant plus important de ce type d’écrans,
devrait rapporter plus, a assuré M. Darier.

 

La recherche sur les écrans plats a démarré à Grenoble en 1975, le CNET
(Centre national d’études des télécommunications) souhaitant que les
chercheurs travaillent sur un minitel à écran plat.

 

Les équipes privilégient une des trois technologies visant à construire les
écrans plats, la “Verticaly aligned (VA)”, qui sera adoptée dans les années
1995 par la majorité des fabricants.

 

Les chercheurs mettent au point un prototype performant qui résout un des
gros problèmes des écrans à cristaux liquides, le fait qu’il faut être en
face de l’écran pour voir car la vision en oblique est impossible, explique
M. Darier. La nouvelle technique destinée à “compenser les effets optiques
des cristaux liquides et élargir l’angle de vue” fait l’objet d’un brevet.

 

Le CEA tente d’intéresser les industriels français au produit, notamment la
Compagnie générale d’électricité (CGE) et Renault, sans succès.

 

Seul un japonais fabriquant de jeux électroniques pour salle (Pachingko)
prend une licence et, en 1992, les recherches du CEA sur les écrans plats
sont arrêtés.

 

En 2002, le CEA s’aperçoit que son brevet est utilisé par de nombreux
constructeurs d’écrans plats qui sont dorénavant tous installés en Asie. Ces
industriels sont alors approchés pour trouver une solution à l’amiable. Cela
vient de déboucher pour les trois constructeurs japonais.

 

Pour les autres constructeurs, tous asiatiques, des procédures judiciaires
sont en cours aux Etats-Unis, au Japon et en France.

 

Aux Etats-Unis, le CEA estime son préjudice à 70M EUR. Un procès devrait se
dérouler à la fin 2006 dans le Delaware, Etat qui fait référence pour les
procès en propriété industrielle, car il est considéré comme n’ayant pas
d’intérêt partisan.

 

 

©
AFP 2006

Photo : Jean-Pierre Muller