La Tunisie vue par le FMI : Ce qui reste à faire pour accrocher le train de l’OCDE

 

La Tunisie vue par le FMI

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fmi1.jpgAlors que la Tunisie célèbre le cinquantième anniversaire de son accession à
l’Indépendance, une mission du Fonds Monétaire International, qui a séjourné
fin décembre à Tunis, livre son diagnostic sur l’économie tunisienne. Et
formule des recommandations pour en accélérer la croissance et permettre à
notre pays de «rattraper le niveau économique des pays de la tranche de
revenu inférieur de l’OCDE».

Pour les experts du Fonds Monétaire International (FMI), le constat s’impose
: «La Tunisie a réalisé d’importants progrès vers son objectif de rattraper
le niveau économique des pays de la tranche de revenu inférieure de l’OCDE».
Les preuves en sont, principalement, un revenu réel par tête d’habitant qui
a augmenté «de presque 20% depuis 2000», un taux de chômage qui «continue de
baisser, et des équilibres macroéconomiques qui «restent maîtrisés grâce à
la capacité d’adaptation rapide des politiques budgétaire, monétaire et de
taux de change aux différentes conditions et chocs économiques». Mais s’il
reconnaît les progrès de la Tunisie, le FMI n’en constate pas moins que
«toutes les conditions ne sont pas encore réunies pour réaliser cet objectif
et les politiques économiques font face à de grands défis».

Le problème est donc aujourd’hui pour la Tunisie que «les bons résultats» de
«l’ouverture croissante de l’économie et l’orientation des politiques
économiques vers le marché risquent d’être érodés sans la poursuite et
l’approfondissement des réformes».

Incontournable, «cette accélération est nécessaire pour achever
l’intégration de la Tunisie dans le marché mondial» et relever les deux
défis majeurs qui se posent à elle : un accroissement de la croissance
économique et une baisse du taux de chômage.

Le taux de croissance économique annuelle doit être «d’au moins 1-1,5 point
de pourcentage jusqu’en 2010». Car, «sans cette croissance additionnelle,
l’objectif des autorités de combler le fossé entre la Tunisie et les pays de
l’OCDE en termes de revenu par tête d’habitant» restera illusoire.

La réduction du chômage «qui affecte de plus en plus les diplômés» passe par
une poursuite de la transformation de l’économie «par le développement des
secteurs réclamant une main-d’oeuvre qualifiée pour répondre à une demande
d’emplois croissante des diplômés». L’intégration de ces diplômés
«entraînera une hausse de la productivité, qui constitue le vrai moteur
d’une croissance économique durable».

Pour relever ces défis, le FMI recommande d’accélérer les réformes dans
quatre domaines : le climat des affaires, le secteur bancaire et financier,
les politiques macroéconomiques et le marché du travail.

En partant du principe qu’«un secteur privé plus dynamique est primordial
pour placer la Tunisie sur un palier de croissance plus élevée dans un
environnement international de plus en plus compétitif», et que
«l’amélioration du climat des affaires est une composante cruciale pour
augmenter le niveau et la qualité des investissements privés», le rapport du
FMI recommande en particulier de supprimer «certaines réglementations
fiscales», “telles que les retenues à la source» et, d’une façon générale, de
«simplifier davantage les procédures administratives».

Concernant le secteur bancaire et financier, le FMI montre du doigt «le
niveau des créances douteuses qui alourdissent le coût du crédit et freinent
la croissance et l’investissement», et «ralentissent aussi l’évolution vers
la convertibilité totale du dinar et la dynamisation de la politique
monétaire».

Tout en réaffirmant son soutien à «la stratégie du gouvernement pour
améliorer la qualité du portefeuille des banques, axée sur un renforcement
de la culture de crédit, une bonne gouvernance, et une amélioration du cadre
législatif et judiciaire pour le recouvrement des créances», la mission du
FMI constate que «l’approche graduelle poursuivie jusqu’à présent s’est
traduite par une amélioration limitée des indicateurs prudentiels du secteur
bancaire», et affirme «qu’il serait opportun d’adopter une approche plus
vigoureuse afin de résoudre le problème des prêts improductifs, qui non
seulement alourdissent le coût du crédit, mais constituent aussi une source
de vulnérabilité importante pour l’économie tunisienne».

A propos de la consolidation des politiques macroéconomiques «nécessaires à
l’avancement de la stratégie des autorités de libéraliser graduellement le
compte capital de la balance des paiements», le FMI réitère le fait que cela
permettra «entre autres d’exploiter davantage l’épargne extérieure pour
financer un niveau plus élevé d’investissement tout en maîtrisant les
équilibres macroéconomiques».

Concernant le marché du travail, la mission du FMI «se félicite des
politiques actives des autorités ayant pour objectif de rapprocher les
offres aux demandes d’emplois et les réformes visant à accroître la
flexibilité du marché du travail au niveau du recrutement (travail
intérimaire)». Elle estime, cependant, qu’«une telle flexibilité sans
l’assouplissement des réglementations et procédures complexes au niveau des
licenciements pourrait aller à l’encontre de la création d’emplois
permanents».

Convaincu qu’elle est nécessaire «pour permettre l’absorption d’une offre
croissante de travail qualifié» et important «pour créer un climat favorable
à l’amélioration de la productivité», le FMI encourage donc les autorités «à
continuer à accroître la flexibilité du marché du travail afin
d’augmenter le taux de croissance».