Ferid Tounsi, l’homme proactif


Ferid Tounsi, l’homme proactif

Interview
réalisée par Khaled BOUMIZA

 

feridtounsi020804.gifC’est presque un cadet qui reprend le flambeau des mains de ce mammouth
qu’était « Am » Hédi Ben Romdhane. C’est en tout cas, une nouvelle école, en
matière de stratégie de promotion des exportations, qu’entame M.Ferid Tounsi,
du haut de ses 54 années et ses 32 ans d’expérience, depuis son entrée en
1972 à l’IEQ.

L’exportation, il la connaît depuis 1976 à la STB où il occupait le poste de
chef de service des exportations. L’actuel PDG du Cepex, roulera ensuite sa
bosse à l’intérieur et à l’extérieur

(plusieurs fois directeur régional de l’Api et directeur de bureaux à
l’étranger).
Il fera aussi l’épreuve de l’administration qu’il vivra de l’intérieur au
ministère de la coopération international, avant qu’on le rappelle de
Montréal pour prendre les rennes du Cepex.


Avec lui, cette structure d’appui à l’export, se met à l’ère des nouvelles
technologies et parle maintenant de services en ligne et de portail
interactif. Avec lui, nous avons évoqué des questions qui auraient pu ne pas
plaire à d’autres telles l’efficacité de ses représentations à l’étranger,
la liste des manifestations et des concepts nouveaux tels que les cahiers
des charges, la labellisation, la révision du Foprodex …
Interview

Vous parliez, dans une récente interview, d’une nouvelle génération de
produits d’exportation. De quoi s’agit-il ?

Il s’agissait plutôt de nouvelle génération de services que nous offrons à
l’appareil exportateur. Nous avons profité de l’ouverture de la Maison de
l’Exportateur, nouveau concept fédérateur de tous les opérateurs de
l’exportation, pour introduire un certain nombre d’éléments déterminants qui
vont dans le sens de la dynamisation des exportations tunisiennes et dans le
sens d’une optimisation du panel d’outils à disposition des exportateurs. Au
niveau du Cepex, il y avait un chantier de mise à niveau des ressources
humaines qui a permis d’introduire la notion de qualité et a permis
d’obtenir la certification du Cepex (ISO 9001, version 2000). Dans ce cadre,
les objectifs de cette certification, sont au nombre de quatre, le premier
est d’adopter désormais une approche client, le second est l’optimisation
des services pour simplifier les procédures et d’aller directement au
service à valeur ajoutée qu’on donne à l’exportateur. Le troisième est un
objectif de communication et le dernier est la valorisation des ressources
humaines.

Parlant de communication, le Cepex dispose d’un site Web où les technologies
de la communication et de l’information étaient appréhendées comme un outil
à utiliser en parallèle de l’action traditionnelle. Cela va changer et cet
outil va devenir un instrument de premier ordre et opérationnel. Pour cela,
nous avons changé le site en portail dynamique qui permette une
interactivité avec notre population cible qui est les exportateurs et
d’ailleurs le thème de la réunion de nos représentants à l’étranger a été
les technologies de l’information pour étudier la possibilité de relier nos
ambassades à ce portail où elles puiseront toutes les informations pratiques
dont a besoin l’investisseur ou l’opérateur étranger. En parallèle, nous
développons l’Intranet au niveau du Cepex même, ainsi que les services en
ligne pour que les administrations intervenantes dans le guichet unique
commercial, une forme évoluée de SOS export qui était un bureau
d’intervention rapide, telles que la douane, les chambres de commerces qui
délivrent les certificats d’origine, le ministère du commerce, la BCT ou la
Cotunace, soient aussi en ligne et offrent leurs services sur une ligne FR (Frame
Relay) au SOS export ou guichet unique commercial.

Pourquoi ne pas centraliser tous ces services sur le portail du Cepex ?

Le portail couvre trois services. Il y a d’abord les news, ensuite la base
de données des importateurs, qui permettra de faire le matching entre
opérateurs du domaine et booster nos exportations et il y a aussi la base de
données « TasdirNet » qui liste tous les exportateurs tunisiens avec toutes
leurs coordonnées. Le guichet unique commercial rend, lui, des services
ponctuels et personnalisés, pour des activités d’exportations.

N’avez vous pas l’impression que l’exportateur ne voit encore dans la
maison de l’exportateur que le Cepex et non cette nouvelle structure avec sa
vision plus globale et la vaste panoplie de services liés qu’elle offre ?
N’y a-t-il pas encore un déficit de communication à combler ?

Certes, la Maison de l’exportateur avait démarré en avril 2004 et nous
avions organisé une journée portes ouvertes pour faire connaître ce qu’elle
offre comme services. Mais nous croyons que le déficit est ailleurs. Il est
plutôt dans la culture de l’exportation. Nous en voulons pour exemple, le
fait que sur les plus de 2000 entreprises textiles que compte le pays, il
n’y a que 70 entreprises qui travaillent avec nous sur le volet promotionnel
du secteur. L’autre déficit réside dans le fait de faire connaître la maison
de l’exportateur dans toutes ses composantes, dans son concept fédérateur
pour toutes les parties intervenantes comme l’Utica, le club des
exportateurs, l’Utap, la salle d’exposition et la salle de conférences et le
businesscenter, mais aussi en tant que vitrine économique de la Tunisie et
guichet unique commercial. Le troisième déficit, réside dans le fait que
jusqu’ici nous considérions qu’il faut se déplacer à l’étranger pour faire
connaître le produit tunisien, alors qu’il faudrait aussi faire de telle
sorte que les importateurs viennent nous voir, visitent nos entreprises et
la qualité de nos produits et nos process de production. Ceci aussi peut
contribuer à faire connaître le made in Tunisie et construire des relations
commerciales durables avec nos partenaires et prospects.

Vous parliez plus haut de bureaux de représentations du Cepex à
l’étranger. Au contact avec les professionnels, ces derniers manifestent un
mécontentement du rendement de certains des 11 bureaux, dans la mesure où
ils n’ont aucun feed back d’information de leur part sur les opportunités
d’export et d’autres ouverts dans des pays, comme celui de la Turquie ou de
l’Afrique du Sud, où ils disent n’y avoir aucune opportunité viable. Que
leur répondriez-vous ?

Je dirais qu’il n’y a que celui qui n’agit pas qui ne fait pas d’erreurs. Le
Cepex est par ailleurs prêt à évaluer, en partenariat avec les
professionnels du secteur privé, tous ce que nous faisons pour que nous
puissions nous rapprocher de leurs vrais besoins.

Pour ce qui est de la situation actuelle de ces bureaux à l’étranger, il est
vrai que nous ne sommes pas dans une situation optimale. On avait commandé
une étude sur ces représentations qui sera finalisée à la fin juillet 2004.
Cette étude devrait déboucher sur un redéploiement plus optimal de ces
bureaux à l’étranger. Il y a aussi le fonctionnement de ces bureaux et là je
suis d’accord pour dire qu’il y a beaucoup de disfonctionnements à corriger
et pas beaucoup d’interaction avec les professionnels. La meilleure façon
pour améliorer cette interaction, c’est l’utilisation des technologies de
l’information pour raccourcir les délais et donner de la transparence à nos
activités. Mais nous entamons aussi une réflexion pour que cette activité
soit plus cernée.

 

N’y a-t-il pas lieu aussi de mieux choisir les manifestations
internationales où la Tunisie doit être présente et que pour certaines, il
n’est plus nécessaire que le Cepex soit l’organisateur ?

Il a ouvert les portes et ce serait aux professionnels d’y aller comme des
grands pour dégager les moyens du Cepex pour de nouvelles prospections !

Sur ce sujet aussi, il y a une série de réflexions à faire et que nous
sommes entrain de faire. La première sera de déverrouiller l’organisation
des manifestations commerciales à l’étranger. Nous voulons en effet
introduire le concept de « labellisation », créer un cahier des charges pour
rehausser les manifestations tunisiennes à un standard qui soit en harmonie
avec l’image que nous voulons donner de la Tunisie à l’étranger. Aujourd’hui
le Cepex organique quelque 40 manifestations à l’étranger. Avec la
labellisation et vue la concurrence et les échéances internationales, nous
allons peut-être doubler ce nombre.

Il est aussi important de signaler que, le fait de répéter certaines
manifestations est professionnellement important et nécessaire pour la
promotion. Nous allons aussi, dans la mesure du possible, essayer
d’optimiser nos participations en faisant plus du software que de la
quincaillerie. Aujourd’hui, moins de 10 jours avant l’exposition, on ne sait
pas qui participera et qui n’ira pas. L’optimisation nécessite un travail en
amont à faire, au moins 6 mois à l’avance, en préparation et contacts à
établir et nous nous y mettons, avec l’Utica en particulier.

Les professionnels se plaignent aussi du Foprodex, de la lenteur des
procédures de l’étude des dossiers des subventions et où la réactivité du
Cepex est mise en cause. Que leur répondriez-vous ?

D’abord je confirme ce que vous dites et on s’excuse pour les désagréments
qui pourraient être causés maintenant. Ceci dit, il y a trois problèmes sur
lesquels nous planchons. Le premier est que nous sommes encore dans
l’approche offre et pas encore dans une approche client et nous travaillons
pour nous identifier plus aux demandes du secteur. On gagne des points, mais
cela ne se fera pas par coup de baguette magique.

Pour les retards, il faut savoir qu’on est entrain d’informatiser le Cepex.
Cela devrait s’améliorer à partir d’octobre prochain et nous éviterons alors
tous les retards dus à la gestion administrative. Le plus important, c’est
de revoir le Foprodex pour en faire, plus un outil promotionnel qu’un outil
d’intervention au niveau de la subvention des produits à l’exportation qu’il
est actuellement. Sur les 15 MDT dépensés par le Foprodex, uniquement 1 MDT
va pour la promotion et c’est peu et pas normal.

Vous parliez de cahiers de charges pour les manifestations à l’étranger. N’y
a-t-il pas lieu de faire la même chose pour les manifestation in door, qui
sont aussi de l’exportation et autant de vitrines pour le produit tunisien ?

Je suis tout à fait d’accord ! Il y a certainement de l’ordre à mettre au
niveau des manifestations commerciales organisées en Tunisie par les
différentes foires et Salons. Il faut cependant remarquer que des
manifestations telle que TexMed et autres, sont la base arrière pour les
secteurs que nous voulons développer à l’export.

Le Cepex n’est qu’un maillon de la chaîne, mais c’est une responsabilité du
ministère du commerce et nous y contribuons avec la compétence de nos
cadres. Ce qui est important pour nous, c’est d’essayer de faire plus de
proactif que de réactif. Aujourd’hui, Dieu merci, la Tunisie est sollicitée
de partout. Pour donner de la valeur ajoutée à ces foires et salons, nous
estimons qu’il faudrait orienter toutes ces actions en fonction des
priorités nationales, sectorielles et globales.

Dans le cadre de cette préoccupation du proactif, pourquoi ne pas
encadrer la participation tunisienne dans les salons NTIC ? Pourquoi le
Cepex n’organise-t-il pas un salon des NTIC à l’étranger comme ce qu’il a
fait pour le textile à Londres, en Espagne et ailleurs ?

Au Cepex, nous ne voulons plus parler d’encadrement, mais d’assistance et
d’accompagnement. Nous voulons que l’entreprise prenne plus confiance en
elle et se mette au premier plan avec un Cepex qui est là pour
l’accompagner. Le Cepex fait beaucoup pour tous les secteurs, mais peut-être
faudrait-il désormais résonner en approche filière. L’exemple du textile est
à ce titre édifiant et nous sommes entrain de développer, avec un expert
étranger, un plan d’action stratégique triennal, pour la promotion du
secteur dans une approche globale du secteur pour savoir où aller et comment
faire pour réussir.

Nous sommes conscient de l’importance des NTIC, puisque nous organisons le
premier salon des services exportables vers l’Afrique en décembre prochain à
Tunis. Mais nous sommes conscient aussi qu’il nous faudra aussi développer
cette vision filière qui nous permettra de mieux cerner l’approche et de la
globaliser, tant au niveau des composantes que de ses partenaires afin de
conjuguer les efforts de toutes les parties.
 

 
02
-08 – 2004 – 07 :00

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