La solution : faire payer l’usager

Par : Autres

La solution
: faire payer l’usager

 

dessin130304.gifAu
Royaume-Uni, les journaux en ligne sont de plus en plus nombreux à mettre en
place des péages. Chacun a sa formule. Mais le succès n’est pas toujours au
rendez-vous.

 

 

THE
INDEPENDENT

    
Londres

 

Dans la presse britannique, la
guerre des prix est terminée, les armes se sont tues, mais la bataille des
sites Internet vient tout juste de commencer. Après avoir englouti des
centaines centaines de millions de livres dans leurs éditions en ligne, et
ce en dépit de la crise du marché publicitaire, les propriétaires de
journaux  britanniques revoient sans plus attendre les coûts, les
recettes et même la raison  d’être de leurs sites Internet. Ils veulent
que leurs sites soient enfin rentables – ou du moins qu’ils réduisent
considérablement leurs pertes.

 

Dès lors, l’internaute lambda,
l’indépendant qui travaille chez lui, ou encore le chercheur qui parcourt
les archives du journal, devront bientôt mettre la main au portefeuille. Vu
ses antécédents, il n’est pas étonnant que The Times ait tiré le
premier. Mais ses concurrents suivent de près l’évolution du nouveau site
d’information payant Times Online pour décider s’ils peuvent eux
aussi se lancer – au risque de perdre dans la bataille une énorme proportion
de leur lectorat en ligne.

 

Certains titres, comme le
FinancialTimes
, dont les recettes publicitaires ont été très écornés et
qui a investi pas moins de 150 millions  de livres [216 millions
d’euros] dans FT.com, lui ont emboîté le pas. FT.com ne compte
désormais que 20 000 abonnés, sur une base de 3 millions d’utilisateurs. Ce
site commence néanmoins à  rentrer dans ses frais, et il espère que la
qualité de ses contenus lui permettra d’attirer davantage de visiteurs plus
fortunés, prêts à payer pour ses services.

 

Paradoxalement, certains
estiment que le quotidien saumon a trop attendu pour rendre son site payant,
dans la mesure où son principal concurrent, The Wall Street journal
l’a toujours fait, évitant ainsi de mécontenter certains lecteurs en
changeant de politique en cours de route. Le Royaume-Uni, à cause d’un
marché de la presse particulièrement concurrentiel, a souvent tardé à
abandonner la gratuité, à la différence d’autres pays, notamment les pays
scandinaves, où les journaux ont mis en place un système de paiement
complexe en partenariat avec les banques et les sociétés de téléphone
mobile. Toutefois, les expériences de certains journaux étrangers se sont
avérées édifiantes, tout particulièrement celle de The Irish Times de
Dublin, qui aurait perdu 95% des utilisateurs de son site en le rendant
intégralement payant du jour au lendemain.

 

Les
Britanniques mettent la main au portefeuille

 

Cet épisode est maintenant
présenté comme l’exemple même de ce qu’il ne faut pas faire. Il faut au
contraire y aller très progressivement, en commençant par l’enregistrement
en ligne, puis en proposant des services de qualité, enfin l’accès aux
archives, et parfois même les dernières informations. En mars 2001, lorsque
Times Online a commencé à facturer aux abonnés résidant à l’étranger
ses contenus d’info plutôt plus sobres, et à tous les autres ses archives,
sa chronique judiciaire et son club de mots croisés, le directeur général de
Times Newspapers, Paul Hayes, espérait clairement marquer une rupture
par rapport à la culture de la gratuité si ancrée à Internet. “The Times
a été le premier groupe de presse britannique à reconnaître la valeur
marchande des contenus en ligne. Interner offre d’importants débouchés
commerciaux, et nous avons l’intention d’en profiter: Faire payer les
contenus n’est pas une idée nouvelle : les journaux le font depuis deux
cents ans
“, rappelle t il.

 

The Independent, qui a
commencé, en mars 2002, à faire payer l’accès à des services privilégiés
comme les mots croisés et le suivi dé l’actualité transmis sur les
ordinateurs de poche des clients , a décidé de proposer de nouvelles
formules d’abonnement. “Nous ne gagnons toujours pas des fortunes, mais
nos lecteurs s’habituent peu à peu à payer
“, explique David Felton, le
responsable du site. Guardian Unlimited est le plus grand site
d’information du Royaume Uni. Sans doute le seul à attirer davantage de
lecteurs que l’édition papier, il a, lui aussi, décidé d’offrir une formule
payante. The Telegraph, le deuxième site en importance, est plus
réticent à passer aux abonnements après une récente évaluation de l’option
payante. “C’est nous qui faisons les meilleures ventes parmi les journaux
de qualité britanniques, et notre site Interner devrait refléter cette
réalité. Nous ne sommes pas prêts à devenir un acteur secondaire, ce qui
risque de nous arriver si le site devient intégralement payant
“,
commente Tim Faircliff, le directeur d’exploitation du site. “Nous
faisons déjà payer jusqu’à 10 livres [15 eurosJ la saison pour notre
rubrique interactive Fantasy Football et 25 livres [36 eurosJ pour notre
club de mots croisés. Nous pensons qu’il vaut mieux facturer certains
services spécifiques, ce qui nous assure des recettes sans nous faire perdre
des millions d’internautes. Cela étant, il est bien évident que les choses
peuvent changer, et nous ne savons pas encore très précisément ce que

 

nous ferons à l’avenir.

 


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Sonia
Purnell

Paru
dans CI n° 569, du 27 septembre 2001.

 

 

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-13/03/2004 à 08:00