BAD et le secteur privé tunisien : Prêts à soutenir l’investissement privé

Par : Autres

 

BAD et le secteur privé tunisien
Prêts à soutenir
l’investissement privé

   

Management &
Nouvelles Technologies – Magazine
On-Line : 18-08-2003 à
06:00

 


borin.jpg

 

 

Même si elle
donne l’impression d’un coup d’accélérateur depuis l’installation,
provisoire, de son site en Tunisie, la coopération Tunisie BAD ne date pas
d’aujourd’hui. Les opérations du Groupe de la Banque Africaine de
développement en Tunisie ont en effet commencé en 1968.

 

A ce jour, le
montant de ses engagements y est de 3,739 milliards de dollars, à travers 72
opérations pour des décaissements de 2,40 milliards de dollars. La ligne de
crédit de 8 Millions d’Euros, constitue la première opération de la Banque
dans le secteur du leasing et la troisième au titre du secteur privé en
Tunisie, après celles approuvées en 2002 en faveur de deux institutions du
secteur bancaire.


Le département du secteur privé de la BAD semble fourmiller d’idées et de
bonnes intentions envers le secteur privé d’un pays où il dit qu’il est
facile d’attirer les investisseurs. A la tête de cette tête chercheuse de
projets à financer, l’Italien Luciano Borin.
Interview.


 

On remarque,
depuis l’installation de la BAD à Tunis, que la coopération avec les
institutions tunisiennes s’est renforcée ?


La proximité est certainement entrain de jouer un rôle important. Cela ne
veut pas dire que nous ne nous intéressons pas à la Tunisie. Déjà lors de
notre dernière année à Abidjan, nous nous intéressions à l’assistance au
secteur financier et deux grandes opération avait alors montées.


Il faut dire que la Tunisie est un pays qui nous intéresse beaucoup, car il
a une économie diversifiée et un gouvernement qui s’attache à moderniser
cette économie par les grands programmes de mise à niveau de l’industrie et
du style de management de l’entreprise. C’est aussi un pays vers lequel il
est facile d’attirer les investisseurs et il y a donc beaucoup de choses à
faire avec lui.


Qu’est-ce qui motive l’intérêt de la BAD pour la Tunisie ?


C’est en premier lieu la stabilité politique et institutionnelle. Il y a
ensuite certains aspects de la Tunisie qui sont très appréciés à l’étranger
comme l’équilibre et la stabilité sociale qui comptent beaucoup dans
l’évaluation de l’investisseur privé. Il y a naturellement aussi, le fait
d’avoir une classe moyenne et une force de travail qualifiée et qui s’adapte
vite.


Cette coopération, où en est-elle actuellement ?


On a commencé avec les lignes de crédits qui sont des ressources à long
terme qui correspondent aux besoins des banques commerciales pour ce genre
de ressources. On a commencé avec l’Amen Bank qui a bénéficié d’une ligne de
20 Millions d’Euros, ensuite avec la Banque de Tunisie qui a reçu 30
Millions d’Euros.


Et vous seriez aussi, d’après nos informations, entrain d’identifier
d’autres banques qui bénéficieraient aussi de lignes de crédits de la BAD !


On les a déjà identifiées et on peut seulement dire qu’elles seront des
banques privées.


Pourquoi ce choix du secteur financier et bancaire pour cette relance de
la coopération de la BAD avec la Tunisie ?


Nous pensons à la BAD que le secteur financier est un outil fondamental pour
l’action de développement du secteur privé. Notre stratégie de soutien du
secteur privé, qui est notre objectif primordial dans cette direction, est
de commencer à la base par le secteur qui va financer le développement du
privé. Ce dernier est en phase de croissance et de modernisation et l’aide
du secteur financier lui est nécessaire.


A ce propos, quel jugement portez-vous sur le secteur financier tunisien,
surtout que toutes vos opérations sont précédées d’une étude ou d’une
évaluation ?


C’est des institutions généralement compétentes et bien gérées, même s’il
existe dans certains cas un besoin et une nécessité d’investir dans l’updating.
Il y a aussi une importante diversification de l’économie qui aide beaucoup
à la gestion des risques pour les banques.


Nous estimons donc que ce secteur constitue une bonne base de travail pour
nous. Mais les lignes de crédit ne sont pas tout. Il y a en effet d’autres
outils comme le fait de combiner des instruments financiers à des programmes
d’assistance technique.


L’autre outil de coopération avec le secteur financier tunisien, c’est le
leasing où la Tunisie possède l’une des plus grande expérience en Afrique et
un tissu d’entreprises très utile aux PME. La ligne de crédit de 8 Millions
d’Euros accordée dernièrement à Tunisie Leasing contribuera au renforcement
de l’intermédiation financière en faveur des PME qui sont confrontées à un
problème d’accès au financement en raison de contraintes telles que la
garantie, le niveau de participation au capital et le coût élevé de la
gestion des petits crédits.


Il faut dire que le leasing s’est développé en Tunisie d’une manière
agressive, parfois trop agressive même, à telle enseigne que nous jugeons
qu’il aura besoin de quelques ajustements et une certaine rationalisation du
secteur…


Dans le sens fusions et acquisitions ?


Oui par exemple !


Vous allez encourager cela ?


On va encourager tous les instruments qui aideront ce secteur à devenir plus
performant. On va commencer par une assistance technique comme celle que
nous allons donner à Tunisie Leasing et notre intérêt se tournera
certainement vers d’autres entreprises de ce secteur.


Autrement nous nous intéressons aussi à l’assistance au secteur bancaire
dans le secteur du “trade finance” pour créer une liaison stratégique entre
la Tunisie et les investisseurs. Pour cela, nous avons besoins de mettre au
point les instruments financier qui permettront la couverture des risques
commerciaux.


A quel genre d’action ou d’instrument pensez-vous plus exactement ?


On en est encore au stade préliminaire. On est par exemple encore entrain de
voir si les banques locales ont besoin de garanties pour établir des
relations avec leurs banques partenaires dans les pays européens, lorsqu’il
s’agit de lettre de crédit et toutes les procédures qui doivent soutenir
l’action d’exportation.


Lorsque vous dites secteur privé, vous ne l’entendez certainement pas au
sens du secteur où vous travaillez, c’est-à-dire le secteur financier.
Qu’elles sont les perspectives, en matière de coopération avec la BAD, pour
les autres secteurs de l’économie tunisienne, dont le secteur industriel ?


On a déjà entamé des contacts avec les chambres de commerce. En
septembre, on devrait avoir des contact plus rapprochés, dont avec l’Utica.
Autrement, on est aussi intéressés au financement de l’initiative privée,
particulièrement avec les entreprises qui ont une structure corporative qui
s’éloigne de la structure familiale.


Vous allez donc financer la création d’entreprises ?


On peut financer la création d’entreprise, l’expansion d’entreprise, la
modernisation et autres. Ce genre d’intervention sera réservé aux gros
investissements où la contribution de la banque ne sera pas moins de 3 MDT.
On est certes intéressés par l’encouragement de l’initiative locale privée,
mais on financera aussi les étrangers qui veulent investir en Tunisie.


Est-ce que vous avez déjà identifié certains secteurs industriels où vous
voudriez investir plus que dans d’autres ?


Bien qu’il soit encore tôt pour le dire, nous pensons que des secteurs comme
la chimie, le textile, la mécanique et l’électromécanique.

 

Nous pensons aussi qu’il serait
intéressant de stimuler la capacité associatives de l’entreprise, sur la
base d’expériences étrangères comme celles de l’Espagne ou de l’Italie. Il
est important pour l’entreprise qui veut se positionner sur les marchés
extérieurs de se présenter en groupe ou en conglomérat.

 

A part cela, il y a aussi le
secteur des infrastructures qui nous intéresse beaucoup et où nous espérons
jouer un grand rôle. Dans beaucoup de pays, le besoin en infrastructures a
nécessité l’intervention du secteur privé pour compléter le tour de table du
financement nécessaire.

 

Des infrastructures de base
comme les ports ou les terminaux conteneurs, les aéroports, les autoroutes
ou les parcs industriels qui se prêtent à ce genre de financement. On
voudrait ainsi sensibiliser le secteur privé tunisien aux opportunités qui
s’offrent à ce sujet.

 

Nous serions tout aussi
intéressés par l’investissement dans les secteurs de l’éducation et de la
santé, des domaines fondamentaux pour le futur des nations et où
l’investissement est à caractère stratégique. Là aussi les expériences nous
ont enseigné qu’il est possible de combiner l’investissement privé et
public. Nous pensons ici au secteur universitaire et plus particulièrement
les business school pour former les managers dont a besoin le pays pour bien
se positionner à l’étranger.


Au fait, peut-on avoir une idée sur les moyens que vous pourriez mettre à
disposition du secteur privé tunisien dans le cadre de cet intérêt dont vous
avez détaillé quelques pans ?


On n’a pas de limitation. Notre seul critère c’est l’opportunité et la
qualité du projet. En ce moment, le département financier de la banque met à
la disposition de notre département une enveloppe annuelle qui varie entre
300 et 350 M USD pour toutes nos interventions. Une partie importante sera
consacrée à la Tunisie.
 

Entretien conduit par


Khaled
BOUMIZA

 

|

Sites WEB

|
– Banque Africaine
de développement:

http://www.afdb.org/