Rencontre secteur privé – DG de l’OMC : Le patronat demande du temps et des investissements

Par : Autres


Rencontre secteur privé – DG de
l’OMC : Le patronat
demande du temps et des investissements

 

Management &
Nouvelles Technologies – Magazine
On-Line : 21-01-2003 à
10:00

 

 

omc0203jilani.jpgNotre Pays a fait
le choix de l’ouverture et de l’intégration dans l’économie
mondiale par son adhésion à l’OMC et par la signature de
l’Accord d’association avec l’ Union Européenne.


Le secteur privé croît à la nécessité de l’ancrage à
l’économie mondiale et notre adhésion au système du commerce
multilatéral est sans équivoque malgré tous les défis que cela
nous pose. La Tunisie, bien qu’ayant réussi ses derniers plans
de développement depuis le changement du 7 Novembre 87 initié
par le Président Ben Ali, reste consciente de la nécessité de
tenir compte d’un certain nombre de préalables pour mener à
bien cette transition à une économie de marché.


Le tissu industriel tunisien, tout comme celui des pays en
développement, étant fragile, il serait à notre avis légitime
de demander aux pays développés de tenir compte de cet aspect
et de prévoir des délais raisonnables et même d’accompagner
ces pays en développement dans l’ouverture de leurs marchés.
 

Dans le cadre
d’une solidarité internationale qui est de plus en plus
recherchée, un soutien plus important des pays en
développement notamment par un plus grand engagement en
matière d’investissement dans ces pays permettrait de
compenser au moins partiellement les pertes d’emploi et de
richesses qui découleraient de l’ouverture de leurs marchés.

Plusieurs pays en développement attendent des pays du Nord un
meilleur partenariat en matière d’assistance technique, de
transfert de technologie devant aboutir à un co-développement.
Ce faisant, on aura évité de considérer nos pays comme de
simples marchés. Une telle solidarité dissiperait aussi le
malentendu selon lequel l’OMC serait une «

Organisation
faite pour les pays riches

».
 

Ce partenariat
serait nécessaire compte tenu de l’expérience de notre pays.
La Tunisie a entamé un vaste programme de mise à niveau, aussi
bien pour l’industrie que pour les ressources humaines, qui a
démontré malgré les améliorations obtenues, la nécessité d’un
délai supplémentaire pour nous prémunir contre la concurrence
déloyale et nous permettre d’accomplir cette restructuration.

 

Cette mise à
niveau doit s’étendre également au secteur des services –qui
revêt une très grande importance puisqu’il représente à lui
seul de + de 50% du PIB tunisien et emploie + de 43 % de la
population active.
 

La Tunisie, qui
est dépourvue de richesses naturelles, a toujours misé sur
l’éducation et la formation et ce sont grâce à ce capital
humain que nous avons eu le Courage de nous engager dans
l’accord de Libre Echange avec l’Union Européenne en Juillet
1995. Les résultats enregistrés de cette association ne sont
pas à la hauteur de nos espérances aussi bien au niveau de la
coopération financière, qu’à l’assistance technique et encore
moins au niveau des investissements dans notre pays. C’est
pourquoi le secteur privé tunisien et les responsables du
gouvernement, en symbiose avec les orientations du Président
Ben Ali, déployons d’énormes efforts pour l’attraction de
capitaux étrangers nous permettant d’accéder aux nouvelles
technologies, d’améliorer nos exportations et de créer autant
d’emplois que possible pour nos jeunes diplômés .
 

Tout ce que nous
entreprenons est vital pour le maintien de la stabilité de
notre pays tant au niveau politique, social qu’économique.
 

Notre économie est
en pleine restructuration dans plusieurs domaines et va être
prochainement confrontée à de nouveaux défis, dont l’ouverture
du secteur des services à la concurrence internationale.
 

En effet, la
Tunisie demeure préoccupée quant aux résultats attendus des
négociations sur les Services en raison du déséquilibre entre
le pouvoir de négociation des grandes puissances et des pays
moins bien lotis. Cette appréhension est sans doute partagée
par plusieurs Pays en développement puisque nous savons à
travers vos communiqués que l’OMC a reçu, rien qu’en 2002,
plus de 60 demandes de la part de ces pays en vue de
l’organisation de séminaires et ateliers de sensibilisation et
de formation en prévision des futures négociations.
 

Aux difficultés
internes que nous devons surmonter, nous ne pouvons pas
omettre de souligner un obstacle externe de taille qui
s’impose à nous et qui est relatif au mouvement des personnes
physiques.
 

Toutes ces
constatations seraient valables à la plupart des Pays en
développement et nous avons pris note avec beaucoup d’intérêt
de la Déclaration de « Doha » dont nous considérons que le
point fort a été le fait de prendre en compte la réalité du
niveau de développement des Pays en développement et qui, par
conséquent, prône la progressivité.
 

Nous espérons que
la 5ème Conférence Ministérielle de l’OMC qui se tiendra en
Septembre 2003 à Cancun (Mexique) apportera un début de
réponse à nos attentes.
 

Pour notre part,
il est important de souligner que notre gouvernement ne cesse
de nous impliquer dans les questions relatives à l’OMC : en
témoigne aujourd’hui votre présence parmi nous.
 

Notre Organisation
l’UTICA se prépare à contribuer efficacement dans la
préparation de la position Tunisienne dans les futures
négociations. Notre souhait serait que l’OMC nous aide
davantage dans le renforcement des capacités (capacity-building)
au niveau du secteur privé avec le programme conjoint
d’assistance technique JITAP
 

Votre riche
parcours et votre grande expérience d’économiste ainsi que
votre connaissance des Pays en développement font que vous
êtes conscient des difficultés et défis auxquels font face ces
pays et ce n’est pas par hasard que vous avez fait de la
composante «
Développement

» l’élément essentiel de votre mandat. Vous avez les qualités
et la légitimité d’agir comme une force catalytique dans le
processus de globalisation, intégration, libéralisation…
 

Vous ne perdez
sans doute pas de vue le fait que durant la première décennie
de ce siècle, 700 millions de jeunes des Pays en développement
feront leur entrée dans le marché de l’emploi. A tous ces
jeunes, il est nécessaire de créer des richesses. Par ces
temps où l’incertitude de l’économie mondiale combinée à une
tension internationale croissante persiste encore, cela semble
être un défi mondial à relever. Nous sera-t-il permis
d’espérer que ce 21ème siècle sera le siècle de la prospérité,
de la vitalité et de la paix ?
 

Hédi Djilani
Président de l’UTICA