[Opinions] Dialogue national  : Il faut sauver le soldat Sadok Belaïd!

Aveuglés par leur haine vis-à-vis du président de la République, Kaïs Saïed, et déterminés à recourir à tous les moyens pour faire échouer ses projets même si ceux-ci sont l’intérêt du pays, les opposants au mouvement du 25 juillet 2021, toutes idéologies confondues, ont pris pour cible, ces derniers jours, un des principaux collaborateurs du chef de l’Etat, en l’occurrence Sadok Belaïd, Professeur émérite à l’université de Tunis et grand commis de l’Etat pour avoir été, entre autres, conseiller personnel et exclusif de l’ancien Premier ministre tunisien,  Hédi Nouira.

Il faut tout d’abord souligner que le chef de l’Etat a retenu Sadok Belaïd pour faire partie d’une commission chargée de confectionner un nouveau projet de Constitution avec ses collègues Mohamed Saleh Ben Aïssa et Amin Mahfoudh, et de chapeauter et coordonner une autre commission chargée d’esquisser les grands contours d’une nouvelle République.

Objectif non dit des détracteurs : déstabiliser ce vieux professeur de 86 ans – tout de même – et l’amener à jeter l’éponge. C’est ce qui a amené des personnalités académiques considérées comme crédibles dont Sadok Chaabane, universitaire et plusieurs fois ministres au temps de Ben Ali, à soutenir publiquement Sadok Belaïd  et à lui conseiller de continuer les missions qui lui ont été confiées.

Entre temps, Sadok Belaïd  a eu la grande intelligence de faire le tour des plateaux de télévision pour expliquer, avec une grande classe de pédagogue, les objectifs de sa mission et les motifs majeurs qui l’ont amené à l’accepter.

A titre indicatif, il a été invité, mercredi soir (25 mai 2022), par la chaîne El Watania 1, et jeudi soir (26 mai 2022) par la chaîne privée Attessa.

Sadok Belaïd  a clamé haut et fort son indépendance vis-à-vis du président de la République et de tous les partis politiques. Il s’est présenté comme un expert en droit constitutionnel qui met son savoir au service de la patrie

Empressons-nous de signaler au passage que les chroniqueurs, qui ont l’habitude de chercher le buzz et de « lâcher la proie pour son ombre », ont été pris de court et n’ont rien trouvé pour lui objecter quoi que ce soit. Les entretiens étaient à sens unique. La grande classe s’est imposée.

Succinctement, Sadok Belaïd  a clamé haut et fort son indépendance vis-à-vis du président de la République et de tous les partis politiques. Il s’est présenté comme un expert en droit constitutionnel qui met son savoir et ses connaissances au service de la patrie. Et rien d’autre.

Plus simplement, il veut être utile au pays. Mieux, il a déclaré qu’il n’attend rien en contrepartie et serait même près à claquer la porte si jamais le chef de l’Etat osait s’immiscer dans les travaux des commissions consultatives et imposer un quelconque article sur lequel les membres des commissions ne seraient pas d’accord.

Abstraction faite des désagréments du discours réducteur tenu par ses dénigreurs sur les réseaux sociaux, radios et chaînes de télévision, il suffit de regarder de près ce qu’a écrit Sadok Belaïd  sur Kaïs Saïed avant l’accès de ce dernier à la magistrature suprême, et même après,  pour se rendre compte que les opposants au mouvement du 25 juillet sont de simples nains politiques, voire des incultes arrogants qui ne lisent même pas ce qui s’écrit dans la presse locale sur le chef de l’Etat.

Les circonstances de l’élection de Kaïs Saïed rappellent celles dans lesquelles ont été élus Zelinsky en Ukraine, Trump aux Etats-Unis, Boris Johnson en Grande-Bretagne

De mémoire de journaliste, je n’ai jamais vu des critiques aussi virulentes, aussi dures et aussi pertinentes que celles formulées par Sadok Belaïd  à l’endroit de Kaïs Saïed.

Sadok Belaïd, le premier à s’être demandé sur l’ascension fulgurante de Kaïs Saïed

Deux contributions de Sadok Belaïd  méritent qu’on s’y attarde. La première est une opinion intitulée « la Tunisie a-t-elle besoin d’un Kaïs Saïed ? ». Cette opinion a été publiée le 7 octobre 2019, dans la revue Leaders.

La seconde est une très longue interview publiée le 30 mars 2022 (c’est-à-dire il y a deux mois environ) dans la revue L’Economiste Maghrébin.

En voici quelques extraits de ces deux contributions qui disent long sur l’indépendance et le courage intellectuel de l’universitaire.

Dans le premier article, Sadok Belaïd  dit avoir essayé de décrypter le candidat et « son programme », « si programme il y a », dit-il.

Il a ajouté que « globalement, il n’imaginait pas que c’est par un coup de baguette magique que le collègue Si Saïed a été promu à la plus haute fonction de l’Etat. Les circonstances de son élection rappellent celles dans lesquelles ont été élus des présidents controversés de son temps comme l’actuel Zelinsky en Ukraine, Trump aux Etats-Unis, Boris Johnson en Grande-Bretagne… ».

Les membres de l’équipe qui doit élaborer la nouvelle Constitution doivent faire preuve d’une très grande sérénité, d’indépendance et d’une très grande sagesse.

« Des interrogations se sont posées sur la manière dont il s’est fait connaître. Il n’a pas d’expérience. Il n’a jamais été face à face avec les problèmes. La force de Kaïs Saïed réside dans le slogan qu’il brandissait “Achaab Yourid“ (le peuple veut) », a-t-il relevé. Et quand il dit “n’attendez rien de moi“, on s’interroge sur la prétendue gloire et popularité qu’il compte tirer de cette déclaration. Ce qui me révolte le plus c’est la non-réaction des composantes du peuple à ce genre de déclaration. J’aurais bien voulu voir médias, intellectuels, élites, société civile … commenter cette déclaration et contribuer ainsi à l’enrichissement du débat et à la réflexion sur de nouvelles perspectives. Malheureusement, cette réaction salutaire n’a pas eu lieu, ce qui a amené le pays à s’enfoncer plus profondément dans la crise », a-t-il noté.

Et Sadok Belaïd  de tirer un premier enseignement : « Le principe que nous défendons ici est simple. On n’attendait pas de Kaïs Saïed qu’il soit un homme providentiel mais un simple homme d’Etat. Hélas, Malheureusement, ce n’est pas le cas. Même la société civile n’a pas été au rendez-vous et n’a pas critiqué le projet Saïed ».

Sadok Belaïd  est le seul à revendiquer son indépendance du chef de l’Etat

Dans l’interview accordée à L’Economiste Maghrébin, Sadok Belaïd , qui faisait partie, à ce moment là, de l’équipe chargée par Kaïs Saïed pour élaborer une nouvelle Constitution, a tenu un discours encore plus virulent vis-à-vis du chef de l’Etat.

Interpellé sur le degré de l’indépendance de cette commission, Sadok Belaïd  a rappelé que « la décision de confier à une équipe la mission de confectionner un nouveau projet de Constitution est une mission très lourde. Il s’agit, ne l’oublions pas, de mettre les fondements du futur et de l’avenir du pays. C’est pourquoi, les membres de l’équipe qui doit l’élaborer doivent faire preuve d’une très grande sérénité, d’une très grande indépendance et d’une très grande sagesse. Conséquence : en tant que chef d’Etat, Kaïs Saïed, pour garantir l’indépendance du travail de cette équipe, doit renoncer à prêcher pour sa propre église et éviter de faire du populisme. Plus simplement, il doit laisser travailler ceux qui ont été choisis pour leur indépendance, honnêteté, sincérité et probité ».

Et Sadok Belaïd  de poursuivre : « En vérité, dans le champ politique, on est dans le désespoir de l’incompétence et de l’incapacité de créer. Honnêtement, j’impute cela au chef de l’Etat en personne. Je pense   que le chef de l’Etat est incapable de produire un modèle de développement de relance équilibrée et cohérente capable de sortir le pays de la crise ».

Sadok Belaïd  ne s’est pas arrêté là. Il a déclaré que « le principe que nous défendons ici est simple. On n’attendait pas de Kaïs Saïed un homme providentiel mais un simple homme d’Etat. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Même la société civile n’a pas été au rendez-vous et n’a pas critiqué le projet Saied ».

Sadok Belaïd  se présente comme une personnalité indépendante et un soldat qui veut servir son pays à un moment d’exception très difficile

Et pour ne rien oublier, Belaïd  a indiqué dans cet entretien : « personnellement, j’imagine que quand il s’agit de Constitution, je me méfie de tout projet de Constitution présenté sous la coupe du chef de l’Etat. A mon avis, nos idées et propositions, on peut les communiquer au chef de l’Etat. S’il n’y adhère pas, nous avons un champ beaucoup plus large, la société civile. C’est clair ».

Quant à Kaïs Saïed, l’Histoire retiendra qu’il a accepté de travailler avec une personnalité controversée qui ne partage pas nécessairement ses idées et convictions. C’est quelque part à son honneur.

Sadok Belaïd veut simplement être utile au pays

En somme, Sadok Belaïd  se présente à travers ses écrits et déclarations non seulement comme une personnalité indépendante mais surtout comme un soldat qui veut servir son pays à un moment d’exception très difficile. Il se démarque des intellectuels fonctionnaires (doyens de faculté) et des syndicalistes lesquels, de par leur rôle de contrepouvoirs et de forces de propositions, s’ingénient à inventer des alibis pour refuser de participer au débat sur la Tunisie de demain. Chacun doit assumer ses responsabilités. C’est de l’Histoire.

Car, d’un point de vue purement politique, l’opposition stérile et systématique à Kaïs Saïed ne peut être érigée en programme politique. De même, tout refus des syndicats et universitaires au dialogue national, même s’il est très mal conçu par le chef de l’Etat, est perçu comme une perche de salut pour l’ennemi structurel numéro 1 du pays, le parti Ennahdha et ses acolytes.

A bon entendeur.

Abou SARRA