L’engouement des footballeurs tunisiens pour l’associatif

Jadis livrés à eux-mêmes pendant qu’ils sont actifs puis oubliés et délaissés dès que leur carrière prend fin, les footballeurs sont aujourd’hui pris en charge par des associations dont le nombre ne cesse d’augmenter.

Pendant longtemps, ce fut le règne du chacun pour soi entre les footballeurs tunisiens. Puis -les histoires d’anciens professionnels du ballon rond ayant terminé leurs vies dans la misère après les heures de gloire ont certainement contribué un tant soit peu à changer les mentalités- les footballeurs ont fait leur la célèbre devise : «Un pour tous, tous pour un». Traduit les faits par la création d’associations d’anciens footballeurs.

On en compte aujourd’hui près d’une dizaine, créées par d’anciens footballeurs mais pas exclusivement pour eux. Leur objectif est, avec des différences mineures, de défendre les intérêts des joueurs.

C’est pour cette raison que la première structure à voir le jour, en 2012, est un syndicat des joueurs professionnels, baptisée “Union nationale des footballeurs tunisiens“ (UNFT – à ne pas confondre avec l’autre UNFT – Union nationale de la femme tunisienne).

Lancée à l’initiative de deux joueurs franco-tunisiens ayant fait leur carrière en France, du moins pour l’un d’entre, Ali Boumnijel -qui a entamé sa carrière au SC Bastia et l’a terminé en Tunisie, au Club Africain-, l’autre étant Mohsen Sbouai, ancien joueur du Cercle Dijon Football, l’UNFT, basée à La Marsa, se donne pour mission «l’étude et défense des droits et les intérêts matériels et moraux des footballeurs salariés, étude des questions sociales, économiques et professionnelles qui lui serait soumises et rechercher leurs résolution, la recherche par tous les moyens légaux de l’amélioration des conditions du travail des footballeurs».

Mohsen Sbouai et Ali Boumnijel parviennent à concrétiser ce projet grâce à l’appui de l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP, France) et de Fifpro Europe -le bras européen du syndicat international des joueurs professionnels, et du ministre de la Jeunesse et des Sports, l’ancienne gloire du football tunisien, Tarak Dhiab.

Présidée d’abord par Ali Boumnijel, l’UNFT l’est depuis la tenue d’une assemblée générale élective en janvier 2017 par Sofiane Melliti, secondé par Sabri Jaballah (premier vice-président), Imed Mhedhebi (deuxième vice-président), Mohsen Sbouai -le cofondateur- (secrétaire général et trésorier), Ali Trad (secrétaire général adjoint), Dekhra Gomri (trésorière adjointe), et Fayçal Melliti (membre).

Il a fallu du temps pour que cette idée d’anciens footballeurs se regroupant dans des associations pour servir leur communauté fasse son chemin en Tunisie et soit déclinée dans d’autres initiatives.

Un joueur en particulier a grandement contribué à la propagation du «virus» associatif parmi les footballeurs. C’est Zied Tlemçani. Buteur hors pair comme son père, Abdelmajid Tlemçani -le plus grand de toute l’histoire du football tunisien-, décédé le 8 juillet 2020-, l’ancien attaquant de l’Espérance Sportive de Tunis, puis de Vitoria Guimaraes (Portugal) et de Vissel Kobe (Japon), il a également hérité de son père le désir de se mettre au service des autres.

A cet effet, Zied Tlemçani a créé l’Association des anciens footballeurs internationaux tunisiens -qu’il dirige comme président avec Khaled Hosni (secrétaire général) et Khaled Fadhel (trésorier), dont le comité directeur a été reçu mardi 28 juillet 2020 par Wadii Jari (le président de la Fédération tunisienne de football “FTF“), et l’Association tunisienne des footballeurs vétérans dont l’objectif est d’apporter une assistance sociale aux anciens footballeurs.

Le père, Abdelmajid Tlemçani, avait choisi, lui, un créneau différent : la formation et l’éducation des jeunes footballeurs dans un des quartiers populaires dans la périphérie de Tunis, Zahrouni, à travers le «Club d’Elites Tunisien».

Un autre ancien footballeur, moins connu, Ridha Rajhi (ex-Stade Gabésien), s’est dédié à la même mission par le biais de l’Association tunisienne des anciens footballeurs, mise sur pied avec deux anciennes gloires de l’Etoile Sportive du Sahel (Raouf Ben Aziza) et du Club Africain (Slah Fessi).

Mais dans le paysage associatif footballistique, on trouve également des structures d’anciens des clubs, à l’instar de l’Association des anciens footballeurs de l’Espérance Sportive de Tunis qui, sous la houlette du tandem Abdelkrim Bouchoucha (président) et Bassem Jeridi (secrétaire général), se consacre à organiser au profit de ses adhérents des activités sociales et de loisirs, à établir des relations entre eux et à «les encadrer socialement».

M.M