Tunis Forum : Le combat du secteur privé libyen pour l’existence!

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Sur fond de guerre entre milices et tribus pour le contrôle des richesses du pays et, partant, du pouvoir, un combat feutré a lieu aujourd’hui en Libye. C’est celui des opérateurs économiques privés, jusqu’ici seulement tolérés, qui veulent être reconnus en tant que tels, qui veulent que les autorités leur enlèvent de nombreuses épines du pied, à défaut d’avoir l’idée d’aider à l’émergence et à la réussite d’un secteur privé digne de ce nom. Une idée qui paraît aujourd’hui saugrenue, tant la culture du Tout-Etat est encore fortement enracinée dans les esprits en Libye.

Il n’était guère étonnant que les quelques chefs d’entreprise libyens, invités à la troisième cession de Tunis Forum de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), lancent un véritable cri du cœur.

«On nous considère comme des monopolisateurs», se plaint Husni Bey, patron de HB Group. Un avis partagé par son confrère Mohamed Raid, PDG d’Al-Naseem Food Industries. Qui rappelle que trente ans plus tôt «le secteur privé est devenu public et l’Etat s’est mis à exercer tous les genres d’activité; d’où un échec lamentable».

«Par le passé, le secteur privé en Libye était encerclé. Après la révolution, il s’est trouvé confronté à d’autres problèmes et notamment à l’absence de conditions propices pour un fonctionnement normal», analyse Marwane Abassi, représentant de la Banque mondial dans ce pays.

Effectivement, le changement qu’on pouvait espérer après la révolution n’est pas venu. «En raison de la situation dans le pays et de la diabolisation du secteur privé, l’Etat a opté pour la solution de la facilité: embaucher dans la fonction publique et servir des salaires», regrette Mohamed Raid.

Aussi, il est grand temps pour «reconnaître que notre système est erroné», plaide le PDG de HB Group. Qui réclame que «nous reconnaissions que notre système est erroné». Et qui ne demande qu’une chose à l’Etat: «qu’il éduque nos enfants et qu’il mette pour cela dix milliards de dinars dans le secteur de l’éducation». Une revendication que soutient Almahdi Abdulati, directeur exécutif du Conseil des chefs d’entreprise libyens, qui souligne la nécessité pour l’Etat de concentrer ses efforts dans la phase à venir sur l’éducation «pour changer les mentalités et notamment la perception qu’on a du secteur privé» auquel on reproche de «vouloir l’argent de l’Etat».

Pour le reste, Husni Bey estime que le secteur privé libyen n’a pas de leçon à recevoir. «Le secteur privé libyen n’a pas besoin qu’on lui montre le chemin à suivre parce qu’il sait saisir les opportunités».

Et pourtant elle tourne. Cette célèbre phrase de Galilée s’applique à merveille au secteur privé libyen. Car malgré toutes les entraves mises sur son chemin, il arrive à fonctionner tant bien que mal. «Le secteur privé est le seul qui fonctionne dans la situation de conflit que connaît le pays», affirme un expert de l’Organisation pour le commerce et le développement économiques (OCDE).