Monsanto veut toujours racheter le rival suisse Syngenta

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ès de Vouvry (Photo : FABRICE COFFRINI)

[24/06/2015 16:36:48] New York (AFP) Econduit deux fois par Syngenta, Monsanto ne jette pas l’éponge: le semencier américain a réaffirmé mercredi sa volonté de racheter son concurrent suisse pour lequel il propose 40,5 milliards d’euros, ce qui en ferait la plus grosse opération du secteur.

“C’est une offre attractive”, a défendu vigoureusement le PDG Hugh Grant devant des analystes, en marge de la présentation de résultats trimestriels contrastés et boudés par les marchés.

Le groupe de Saint Louis (Missouri, centre), qui veut créer un géant mondial des semences et des produits de traitement des récoltes (herbicides, pesticides, fongicides…), souhaite réduire sa dépendance aux OGM.

Il espère ainsi qu’une fusion avec Syngenta donnera un coup de fouet à l’agriculture analytique et la gestion des risques dont il a fait ses axes de croissance. Ceux-ci portent sur le développement de technologies permettant d’obtenir des informations fiables (qualité des terres…) pour aider fermiers et agriculteurs à améliorer leurs récoltes.

Mardi, Syngenta a répété que la proposition de Monsanto le sous-évaluait. Le groupe agrochimique helvète craint surtout que l’opération soit retoquée par les régulateurs pour des problèmes de concurrence.

Monsanto est en effet le numéro un mondial des semences tandis que Syngenta se classe en troisième position. Syngenta occupe également la première place mondiale pour les produits de traitement des récoltes.

– Prime de 12 milliards –

Pour Monsanto, Syngenta “exagère” d’autant que le groupe américain dit avoir perçu un intérêt “extraordinaire” pour les actifs qu’il envisage de céder pour vaincre les craintes des régulateurs. Monsanto veut notamment vendre une partie l’activité de semences de Syngenta.

“Notre proposition de fusionner avec Syngenta est la prochaine étape logique et excitante pour notre activité parce qu’elle offre l’opportunité d’accélérer l’innovation et d’apporter des offres variées à des groupes d’agriculteurs divers à travers le globe”, souligne Hugh Grant.

Se disant “déçu” que Syngenta n’ait toujours pas ouvert les discussions, M. Grant fait valoir que “la fenêtre pour saisir cette opportunité se mesure en mois et non en années”.

“La stratégie est simplement trop importante pour en retarder l’exécution”, met-il en garde.

Le responsable exhorte les actionnaires de Syngenta à convaincre le conseil d’administration et la direction à s’asseoir autour de la table des négociations car cette transaction représente, selon lui, une prime de 12 milliards de dollars de francs suisses pour eux (13 milliards de dollars).

Monsanto a en revanche exclu mercredi de lancer une OPA hostile: “Nous n’allons pas transformer ceci en un affrontement interminable”, a dit M. Grant, ajoutant que le groupe avait d’autres options au cas où ce mariage échouait.

Les marchés parient sur une surenchère du concurrent allemand BASF, qui resté jusqu’à présent sur la touche.

En attendant, Monsanto a réalisé une performance trimestrielle peu convaincante et réaffirmé ses objectifs financiers pour l’ensemble de son exercice fiscal.

Lors du troisième trimestre de l’exercice 2014/15 clos fin mai, le bénéfice net s’est élevé à 1,14 milliard de dollars, en hausse de 33% sur un an, grâce à un gain exceptionnel dû à des royalties concernant une licence du désherbant Roundup.

Ce résultat se traduit par un bénéfice par action ajusté des éléments exceptionnels de 2,39 dollars, contre 2,07 attendus.

Mais le chiffre d’affaires trimestriel de 4,58 milliards (+8%) est, lui, en dessous des 4,61 milliards escomptés par les marchés.

Dans le détail, les ventes de semences transgéniques, sa principale source de revenus, ont augmenté de 5,03% à 3,19 milliards de dollars, portées par le maïs et le soja.

Quant aux engrais et désherbants, leurs revenus ont bondi de 14,55% à 1,38 milliard de dollars.

Pour l’ensemble de l’exercice, Monsanto vise un bénéfice par action compris entre 5,75 et 6,00 dollars principalement grâce à des économies, de 300 à 500 millions de dollars d’ici l’exercice 2017. Les marchés financiers anticipent 5,77 dollars.

A Wall Street, le titre décrochait de 4,35% à 107,87 dollars vers 16H00 GMT.